Les Gothiques d’Amiens ont longtemps buté sur les Diables Rouges de Briançon dans un match d’une rare intensité. Il a fallu attendre le troisième tiers pour voir le club picard faire la différence et l’emporter par trois buts d’écart, conservant ainsi son invincibilité à domicile.
Face aux Diables Rouges de Briançon ce mardi soir, les Gothiques d’Amiens, pas toujours inspirés, sont longtemps tombés sur un os. Entre les échauffourées à répétition du premier et du deuxième tiers, sans oublier la bagarre générale après la sirène, cette rencontre n’a pas montré le hockey sur glace sous son meilleur jour. À n’en pas douter, ce ne sera pas le plus beau match de la saison, puisque dans le jeu les deux équipes n’ont pas offert un spectacle très flamboyant. « Je pense qu’on n’a pas vu un match aussi physique depuis quelques années à Amiens », glissait Mario Richer en conférence de presse.
Au regard d’un début de match décousu, il était difficile de ne pas repenser à la confrontation entre les deux équipes au mois de février, remportée par Briançon. Ce joli cocktail explosif a donné lieu à un match haché dans lequel les Gothiques ont éprouvé des difficultés pour mettre en danger les Briançonnais, qui n’avaient pourtant remporté qu’une seule rencontre en cinq matchs disputés depuis le début de saison. Mais dans une saison qui s’annonce ultra serrée au vu des premiers résultats, parfois surprenants, tout le monde est capable de battre tout le monde. Comme à son habitude, Mario Richer est très méticuleux dans sa manière d’aborder les matchs, et les analyses de ses futurs adversaires sont pointilleuses. « Avec la vidéo, on savait que Briançon était une équipe très intense, qui ne donne pas de temps ni d’espace, explique-t-il avant de préciser : un peu à la Gothique Way (manière des Gothiques, ndlr). […] C’est une équipe très difficile à jouer. »
Une victoire au mental pour Mario Richer
Pour les Briançonnais, cette stratégie a longtemps fonctionné et gêné des Amiénois, aussi mis en difficulté par l’agressivité de leurs adversaires. « Ils travaillent avec acharnement du début à la fin », reconnaissait l’entraîneur des Gothiques. C’est une équipe qui va se retrouver dans les huit premiers et faire les play-offs, grâce à leur intensité et à leur entraîneur (Pierre Bergeron, ndlr) qui leur demande de travailler encore et encore. » Solides et rugueux défensivement, les Diables Rouges, qui ont d’abord buté sur un Fouquerel sur la lancée de son début de saison (91,64 % d’efficacité en 3 matchs, ndlr), ont ensuite réussi à tromper sa vigilance sur une déviation en fin de première période (0-1, 19’28).
Il a fallu travailler très fort pour aller chercher le premier but
Mario Richer, entraîneur des Gothiques d’Amiens
Amiens a dû faire preuve de patience avant de faire vaciller cette défense si compacte des Diables Rouges. Muets pendant plus de quarante minutes, les Gothiques trouvaient enfin la faille dans le troisième tiers grâce à Mathieu Mony (1-1, 43’17), imité par Bastien Maïa moins de cinq minutes plus tard (2-1, 48’02). « Il a fallu travailler très fort pour aller chercher le premier but, le second et le troisième. Il n’y a pas de secret, je le dis depuis que je suis ici : le travail amène le succès. » Le troisième but de Gauthier Gibert (3-1, 55’45) a ruiné les espoirs des Briançonnais, définitivement réduits à néant par la réalisation en cage vide de Janis Svanenbergs (4-1, 59’29). Déjà très loquace sur le sujet il y a une semaine après la victoire contre Cergy-Pontoise, le Québécois a remis le sujet du mental sur la table, estimant cette fois-ci, comme à Nice vendredi, ses joueurs étaient allés chercher les points dans le dernier tiers : « C’est le mental qui permet de travailler encore plus fort, de demander à son corps d’en faire encore plus, même quand on est dans le dur. Les gars ont bien répondu ce soir. »
Tessier logiquement discret
Difficile d’en vouloir à Julien Tessier de ne pas avoir pesé sur la rencontre comme il était capable de le faire la saison dernière avant de subir sa grave blessure au genou le 3 janvier dernier. Le Canadien, qui faisait son retour en Ligue Magnus après neuf mois d’absence, s’est exprimé sur son retour à la compétition : « En temps normal, je ne serai pas très fier de ma performance. Mais dans le contexte, après neuf mois, c’est juste excitant de revenir, jouer un match devant les supporters. Ces émotions-là manquent quand tu es tenu à l’écart pendant une longue période. »
Le numéro 19 amiénois, même s’il n’a pas eu d’influence directe sur la rencontre, comme on pouvait s’y attendre, a eu de bonnes sensations : « Je me sens à 100 %, je me sens solide, mon genou a très bien répondu ce soir. Il me manque juste du rythme, mais c’est normal, jouer un match, c’est différent de l’entraînement. D’ici quelques matchs, je devrais combler ce petit manque. » Mario Richer, son entraîneur, était très heureux de revoir l’un de ses joueurs cadres sur la patinoire du Coliseum : « Cela fait neuf mois qu’il n’avait pas joué. Il va s’améliorer et sera meilleur de match en match, sourit le barbu, ce n’est pas facile pour lui. On va lui laisser du temps, ça va prendre au moins un mois avant de voir le vrai Tessier et celui qu’on a connu la saison passée qui comptait un point par match« , promet-il.
César Willot
Crédit photo : Théo Bégler et Kevin Devigne – Gazettesports.fr