JEUX OLYMPIQUES : Mickaël Joron « On quitte une sorte de bulle olympique où tout est beau »

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Une semaine passée sur le site du VTT et des souvenirs, des émotions pleins la tête. Mickael Joron nous partage son regard sur cette semaine de bénévolat ou il a pu vivre deux médailles pour le VTT Français.

Vous revenez des Jeux de Paris en tant que bénévole, vous étiez sur le VTT ?

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J’étais sur le VTT, j’ai commencé du mardi 20, enfin du mardi avant le début des épreuves jusqu’au lundi 29. Les épreuves se sont déroulées le dimanche 28 et le lundi 29. Le dimanche c’était les filles et le lundi c’était les hommes.

Dans cette discipline, c’est une médaille d’or pour notre française Pauline Ferrand-Prévot et une médaille d’argent chez les hommes pour Victor Koretzky. Et vous, vous avez fait quoi pendant la course ?

On est arrivé le mardi. Le mardi on a eu une formation sur site pour faire découvrir, parce que certaines personnes comme moi avaient déjà été sur le site des concours au mois de septembre dernier pour un Test Event. Le Test Event, c’était une répétition générale de la découverte du circuit, des validations et des modifications qui ont été apportées, plus un test grandeur nature de la billetterie. Il y avait une partie des bénévoles, enfin des volontaires qui étaient déjà présents lors du Test Event et qui ont été repris pour la même mission. Globalement il n’y avait pas de gros changements sur le site en lui-même, le parcours était sensiblement le même. Il y a eu quelques modifications apportées au niveau dureté, surtout des zones techniques rajoutées. Au niveau du site en lui-même, il y a eu forcément des améliorations. Il y avait ce qu’on appelait le centre des volontaires, c’était la base où on avait nos points de rendez-vous, forcément les installations techniques, les installations antidopage, enfin tous les espaces team.

Et votre rôle alors ?

Mon rôle, j’étais très précisément team member adjoint. Le site en lui-même était divisé en plusieurs parties. Moi, j’étais sur la partie FOP, feed of play, c’est-à-dire la partie de jeu, donc le parcours. En fait, le parcours était divisé en 6 zones. Dans les 6 zones, il y avait des volontaires qui étaient présents. J’étais adjoint d’un groupe, on avait 40 bénévoles avec nous. En fait, notre rôle, c’était de coordonner entre les n +1 et les n +2 ce qui se passait et de transmettre comme information le terrain. Par exemple, s’il y avait une pierre qui avait bougé…S’il y avait de la rubalise qui avait été arrachée par les concurrents, s’il y avait des spectateurs qui passaient à certains endroits qui n’étaient pas autorisés, s’il y avait des choses à améliorer ou des choses à réparer sur le circuit en cas de chute d’un coureur ou d’un accident technique, on intervenait sur la piste.

Forcément, on n’intervenait pas au niveau des soins, on remontait tout de suite l’information au niveau des PC sécurité ou autres qui intervenaient via la Croix Rouge. Et nous, c’était aussi de sécuriser les coureurs qui arrivaient derrière en leur signalant qu’il y avait une chute sur le circuit ou autre chose.

Votre partie, elle était où sur le circuit ?

C’est toute la partie qui était sur la colline, vraiment à découvert. Elle n’était pas accessible au public, elle était visible du bas vers le haut, c’est-à-dire que les gens pouvaient voir ce qui se passait, mais ils n’avaient pas accès. Les cyclistes se croisaient à certains endroits, il y avait deux parties en montée et une partie en descente. On avait également la gestion de toute la partie qu’on appelle la « feed tech », c’est-à-dire la partie où toutes les tentes de toutes les nations étaient présentes avec les mécaniciens et le ravitaillement. Ils passaient en double sens sur ce circuit-là donc on avait aussi la gestion de la sécurité et du reste à ce niveau-là.

Et vous plus précisément, vous étiez où ?

Avec mon collègue adjoint et mon chef de secteur, on était en mouvement sur toute la zone.

Votre rôle était aussi de sécuriser les pilotes puisque certains arrivaient pour découvrir le circuit pour la première fois ?

Oui, une toute petite partie, puisque les grosses nations, entre guillemets, ceux qui étaient déjà venus au Test Event connaissaient pour la majeure partie le circuit. Il y avait que les petites nations qui découvraient pour la première fois.

Et donc avant la course, c’était quoi l’ambiance ou c’était quoi la relation avec les pilotes ?

C’était une ambiance tendue, studieuse, parce qu’ils étaient vraiment là pour apprendre les différentes trajectoires à prendre. Ils étaient vraiment dans l’apprentissage et la prise d’information à tous niveaux puisque c’est du terrain extérieur, donc on peut avoir de la pluie, du soleil. On est arrivé le mardi, il a plu toute la journée. On a eu la journée du samedi où on avait un temps de Picard, c’est-à-dire de la bruine du matin au soir, donc forcément le terrain bouge. Ça peut être un mélange de sable et de cailloux, c’est quand même un terrain qui peut être fuyant quand il est mouillé. Ça reste collant quand il sèche et ça devient une patinette parce que c’est du gravier, donc ça part sous les pneus. Ils étaient vraiment dans une ambiance studieuse.

Il n’y avait pas de relation avec nous, déjà on avait un rôle aussi de distance à prendre avec eux. On était là pour les sécuriser, mais on n’était pas là pour discuter avec eux. Il n’y avait pas de relation, on n’a pas fait de photo. On était là vraiment pour sécuriser leur terrain de jeu. Les grosses nations étaient là pour jouer un titre, donc ils étaient focus sur le terrain.

Et les petites nations, qui étaient là pour découvrir, ce n’était pas forcément des gens qui avaient un très haut niveau, donc le circuit, malgré ce qu’on a dit, était quand même assez costaud. Il fallait apprendre les bonnes trajectoires et ne pas se faire peur non plus. Après, entre nous, on était 50% à se connaître, à s’être déjà vus pendant le Test Event.

Les nouveaux ont passé la première journée à faire connaissance et à s’intégrer. Il y avait peut-être 70% des gens qui étaient là qui venaient d’un milieu cycliste ou qui faisaient du VTT, donc savaient déjà plus ou moins les rouages et comment ça allait se passer. Après, les autres, le reste des bénévoles a découvert sa mission, a découvert ce qu’il avait à faire et ça s’est très vite fait.

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Mickael Joron à droite sur la photo, avec un de ses amis.

Vous repartiez sur Amiens chaque soir ?

Ah non, on est resté sur place. On avait trouvé un logement chez des particuliers. Il y avait quasiment 1h40-2h de route, donc c’était un peu compliqué. On est resté sur place et entre volontaires, on se retrouvait quelques soirs ensemble pour partager un moment à côté.

Et les volontaires étaient essentiellement français ou il y avait quelques étrangers ?

Très peu, je ne sais même pas s’il y avait 5% d’étrangers.

Est-ce que vous avez senti la pression avec le dimanche et le lundi, pour les deux jours de compétition ?

Ah oui, alors nous déjà, à partir du samedi, on a senti que ça allait se tendre puisqu’il y a eu les premiers repérages officiels des équipes, on a commencé à avoir vraiment le balai des petites voitures, des mecs avec les casquettes et les tablettes. Et donc, le dimanche, on savait qu’on allait avoir 15 000 spectateurs chaque jour, le dimanche et le lundi. Il a fallu vraiment se mettre en place. Après, on avait des briefings tous les jours et puis c’est vrai que lors des derniers briefings, on sentait bien que les mecs qui nous briefaient étaient de plus en plus stressés.

Le public était facile à gérer ?

Il y a vraiment eu une proportion de spectateurs avertis et de spectateurs néophytes, donc les gens étaient vraiment raisonnables. Les passages de spectateurs se sont très bien passés. Les gens savaient qu’il fallait être patient et se mettre à certains endroits. Les traversées se faisaient assez facilement. On n’a pas eu de mouvement de foule. Le dimanche et le lundi, l’ambiance était assez électrique, avec beaucoup de supporteurs étrangers. Les supporteurs français étaient là, et après malgré quelques polémiques, le public a été fair-play. Après, il y a eu un peu de sifflets pour Tom Pidcock, mais rien de méchant. Ça reste bon enfant.

Et le retour à la réalité, c’est comment ?

Ah c’est dur, c’est dur. On quitte une sorte de bulle olympique où tout est beau, où tout est parfait, et on revient à la réalité. C’est un peu difficile de se remettre dans le bain, mais bon, on garde des souvenirs incroyables.

Et il y a un moment particulier qui vous a marqué ?

Oui, alors le moment où on a entendu la Marseillaise pour la médaille d’or de la Française, c’était très émouvant. Mais ce qui m’a vraiment marqué, c’est de voir Pauline Ferrand-Prévot, très concentrée pendant les entraînements, se transformer après sa victoire, souriante et accessible. C’était un beau moment de partage avec les bénévoles.

Et qu’est-ce que vous ramenez de cette expérience ?

Nous ramenons nos tenues de volontaires, des cadeaux offerts par le comité, comme des montres, des trousses de toilette. Ce sont de beaux souvenirs. J’ai vu que certains les mettent en vente. C’est surprenant, mais chacun en fait ce qu’il veut. Personnellement, j’espère échanger un de mes t-shirts de volontaire contre un t-shirt des officiels de Paris 2024.

Qu’avez-vous fait depuis votre retour ?

Nous sommes retournés à Paris avec nos familles pour voir le Club France et profiter de l’ambiance des Jeux. C’était une belle façon de prolonger l’expérience avant de retourner au travail.

Propos recueillis par Léandre Leber

Crédit photo : Mickael Joron