Inauguré le 12 mai 1895, le Vélodrome Châteaudun à Amiens a coïncidé avec les grands moments du sport cycliste (et pas que) durant un quart de siècle.
Hubert Dessaint nous a fait revivre dans une salle de la Bibliothèque Aragon à Amiens, ces moments forts qui ont vu une popularité sans égale du sport cycliste à Amiens qui, à cette époque, pouvait s’énorgueillir d’être un des premiers vélodromes de France. L’orateur nous a aussi rappelé que voici plus d’un siècle, le cyclisme et l’aviation ont souvent fait bon ménage.
Revenons d’abord à l’année 1874 qui voit apparaitre dans Amiens les premières affiches annonçant le déroulement d’épreuves de vélocipèdes. Le 3 août 1879 est même organisée une course qui va relier Amiens à Picquigny et le vainqueur sera un certain Hippolyte Robart. Le club organisateur au début n’est autre que le Sport Nautique d’Amiens dont on sait qu’il est le premier club sportif à Amiens. A cette époque, chaque coureur avait son propre équipement puisque les clubs n’étaient pas encore créés. Hubert Dessaint en profite pour rappeler que le Vélo est une invention française et que l’actuel existait déjà à cette époque (1865). C’est l’époque aussi des tricycles afin de permettre aux femmes de participer également aux épreuves.
Dans les années 1890, le cyclisme se pratiquait souvent à la Hotoie, mais étaient aussi organisées des courses de brouettes, des cerceaux d’enfants de dix ans au plus. En 1893, il est décidé qu’un terrain sera acheté pour construire un vélodrome qui est implanté. Le propriétaire était M. Boëttcher. Ce vélodrome est officiellement inauguré le 12 mai 1895 et il se situait rue Frédéric Petit et, de l’avis de tous, avec sa piste en béton de 333 m, il était vu comme le plus beau de France. À noter que l’année précédente, un vélodrome avait été inauguré à Ault. Dès lors, les manifestations devaient se multiplier et devaient dépasser le cadre du sport cycliste. On y organisait des bals populaires, des feux d’artifice, des retraites flambeaux etc. L’hiver, il était possible de pratiquer le patinage. En cette année 1895, il y avait en France 60 Vélodromes dont un à Amiens, avec six associations vélocipédiques.
Le président-propriétaire n’avait qu’un objectif : faire de l’argent, et c’est ainsi que le Vélodrome allait servir de cadre en 1903 pour les entrainements des joueurs de football de l’Amiens AC qui venait de se créer. On y voyait même des combats de boxe, des courses d’autruches. Il fallait que l’argent rentre dans les caisses. Cette période coïncidait avec le passage des coureurs de Paris-Roubaix qui venait d’être créé en 1896 : les coureurs s’arrêtaient alors place Saint-Roch pour un contrôle.
Le propriétaire toujours aussi intéressé par les bénéfices eut alors le tort de s’attaquer aux coureurs qui n’étaient pas professionnels mais étaient intéressés financièrement. A un certain moment, ils ne vinrent plus courir à Amiens et le Vélodrome Châteaudun fut dès lors mis en vente. Il était racheté par M. Leroy. A partir de 1904, le Vélodrome servait de cadre à des compétitions d’athlétisme, en 1905 c’était la Fête du Sport à Amiens mais en 1913 avant la première guerre mondiale c’était la fin de ce Vélodrome qui avait attiré des milliers de spectateurs. Le 29 septembre 1912 eut lieu la dernière compétition sportive dans ce lieu.
Hubert Dessaint voulait surtout parler de ce Vélodrome d’Amiens et brièvement il rappela celui de Saint Acheul (1926- 1938) et les efforts de certains élus comme Michel Devaux et Jean Letellier qui crurent à un certain qu’il était possible qu’il y ait un nouveau Vélodrome à Amiens. Des efforts qui hélas n’ont jamais abouti. Monsieur Dessaint a aussi évoqué les relations entre le monde du cyclisme et celui de l’aviation et il a donné les noms de ces illustres personnages qui avant de devenir pilotes d’avion avaient été coureurs cyclistes: les frères Farman, Adolphe Clément, Jules Vedrines, Edouard Deniéport, Louis Breguet, Max Lebaudy, Roland Garos, Alexander Anzani, Clément Ader, Charles Strock, Jacques Offenbach, les frères Caudron etc.
Aux côtés de notre côté, était présent Philippe Ermenault, champion olympique à Atlanta en 1896. Il était venu avec ses médailles qui ont bien sûr intéressé l’auditoire. Merci encore à Hubert Dessaint qui reviendra en juin pour poursuivre son exposé sur le cyclisme du temps jadis et regrettons que le monde du cyclisme, notamment les élus, aient été absents, ce qui, hélas, n’est pas une première.
Lionel Herbet
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