Conclue en apothéose, la saison de l’Amiens Sport Tennis de Table n’aura pas été un long fleuve tranquille. Une année aux allures de montagnes russes sur laquelle revient l’entraîneur de l’équipe première, Arnaud Sellier, qui se projette également sur le futur du club après le départ du président Denis Chatelain.
Quel bilan global faites-vous de la saison ?
C’était une saison un peu étrange. Dans l’organisation c’était bizarre, parce qu’il y a des moments où on jouait beaucoup et après on ne jouait plus. On a des réunions à venir avec la Fédération car c’est le même son de cloche dans tous les clubs. La formule était difficilement compréhensible et puis ça s’est terminé en eau de boudin pour plusieurs clubs avec des rencontres qui ne se sont pas jouées. Concernant notre saison, elle a été faite de hauts et de bas avec plutôt un bon début, après un passage plus difficile et une fin de saison régulière complètement loupée avec les deux défaites 3-0 qui nous ont emmenés en play-downs. Puis finalement il y a ce grand moment, un des meilleurs moments du club avec ces deux matchs décisifs contre Saint-Pierre-lès-Elbeuf. On a réussi à mobiliser du monde et il y avait de l’ambiance. La saison se termine bien parce qu’on retient la fin et les bons moments qu’on a passés.
Cette saison, l’équipe a dû passer par les play-downs pour se maintenir, est-ce que vous voyez ça comme un petit échec ?
Non, ce n’est pas un échec parce que finalement ça a mis du piment à la fin de saison. On aurait peut-être fini notre saison début février, là on l’a prolongé jusque fin mars. Ça nous a permis de jouer des matchs à enjeu, les joueurs aiment bien et le public aussi. Dans tous les cas, l’objectif c’est de se maintenir en Pro B. Pour l’instant on a cette ambition, donc l’objectif de la saison est atteint.
Est-ce qu’avec le recul, ce n’était pas un mal pour un bien au vu de ce que cela a engrangé ?
Oui quasiment. On parle comme ça parce que ça s’est bien fini. On aurait perdu contre Saint-Pierre, on ressasserait les points qu’on n’a pas mis contre Fouras et Saint-Denis. Ça reste un bon souvenir. On espère réussir à surfer sur cette mobilisation pour reprendre la prochaine saison avec cette même ambiance.
D’où est venue cette idée d’affréter un bus pour aller soutenir l’équipe à Saint-Pierre-lès-Elbeuf ?
On a toujours essayé de faire ça à des échelles un peu moindre, on aime bien avoir un peu de soutien même à l’extérieur. Même quand on avait joué les play-offs de montée de N1 en Pro B, on avait des minibus et dès qu’il y a un match pendant les vacances scolaires on essaye d’emmener quelques supporters. Là, la proximité a fait que c’était assez facilement réalisable. C’était un coût accessible pour le club donc on a lancé l’idée. Ça a pris assez vite et puis à l’arrivée on était entre 40 et 50.
Par rapport à tous les moments marquants que vous avez connus jusqu’ici à l’ASTT, où est-ce que vous classerez cette escapade à Saint-Pierre-lès-Elbeuf ?
Dans le top 3. Dans les souvenirs que je garde, il y a deux matchs de montée qu’on avait joués contre Thorigné-Fouillard et Tours à domicile. On avait réuni beaucoup de monde dans la salle. Je crois qu’on avait perdu les deux matchs mais on était passé à chaque fois très près de la victoire. Là, ce qui est beau c’est d’avoir joué à l’extérieur et de s’être senti chez nous. À vivre c’était vraiment très agréable. Je le place dans le top 3 parce que l’enjeu sportif était un peu moindre car ce n’était pas un match de montée mais en termes d’ambiance c’était top.
À quel point une relégation en N1 aurait impacté le club ?
Ça aurait eu des impacts financiers et ça aurait fait partir les quatre joueurs de l’équipe. Il aurait fallu reconstituer une équipe en N1. En plus on arrive à une période où on change de président, donc pour le nouveau ça n’aurait pas été évident de repartir de N1. Ça aurait eu beaucoup de conséquences négatives mais on y a échappé donc tant mieux.
Vous avez débuté la saison avec trois nouveaux joueurs, la prochaine vous allez encore en remplacer deux, est-ce qu’autant changer n’est pas un inconvénient pour l’équipe et la cohésion ?
On a souvent changé les joueurs, il n’y a qu’une année où on a réussi à conserver l’intégralité de l’effectif. Ça peut être un inconvénient mais là, on va avoir les deux joueurs sud-américains qui se connaissent déjà parce qu’ils se croisent régulièrement sur les compétitions internationales et en Amérique du Sud. Benjamin Fruchart, c’est un Français qui connaît aussi Denis (Dorcescu, ndlr). On a souvent fonctionné comme ça, avec au moins deux binômes. Il faudra que la mayonnaise prenne, on ne sait jamais à l’avance. Ce n’est pas une science exacte, c’est aussi lié au résultat. On verra, ça peut être un inconvénient comme un avantage.
On peut avoir de bons espoirs.
Arnaud Sellier
On connaît désormais les quatre joueurs qui évolueront à Amiens l’année prochaine, le plus vieux si l’on puit dire n’a que 22 ans, c’était un choix d’autant miser sur la jeunesse ?
Oui, c’est un peu des paris. Ce sont des joueurs qui sont jeunes et qui sont encore en progression. C’est bien d’avoir des joueurs qui ont envie de progresser et qui sont encore à fond dans l’entraînement. On espère les garder si possible plusieurs saisons mais aussi les accompagner dans leur progression. On avait un précédent joueur argentin, Horacio Cifuentes, ça fait trois ans maintenant qu’il joue en Pro A. Grégoire Jean qui est passé par Amiens joue en Pro A, à Montpellier. Là, on a appris que Lakatos (Tamas, ndlr) partait aussi en Pro A, à Morez. On est aussi fier que des joueurs passés par Amiens, continuent à évoluer dans des divisions supérieures. On a un peu cette double ambition. Évidemment, si nous on arrivait à les emmener jusqu’à la Pro A, ça serait encore mieux.
Comment décrirais-tu les deux nouveaux joueurs ?
Benjamin, c’est un jeune qui est vraiment très discret et calme. Il va plutôt s’exprimer au bout de la table avec sa raquette. C’est pas un joueur très expansif. Nicolas Burgos, à part l’avoir vu en vidéo, malheureusement je ne le connais pas. On a l’expérience des joueurs sud-américains qui pour le coup sont plus dynamiques et expressifs. On espère qu’il va aussi nous mettre l’ambiance comme Santiago (Lorenzo, ndlr) arrive à le faire.
Est-ce que vous estimez le nouveau quatuor amiénois meilleur que celui de cette année ou non ?
C’est une équipe qui va ressembler à la dernière. Ça va se jouer à la forme du moment. On commence à découvrir les compositions des différentes équipes et on sait que c’est un championnat très homogène. Il faudra bien commencer pour éviter de se faire peur. Je ne dirais pas que l’équipe est beaucoup plus forte que cette année sur le papier. Maintenant on peut espérer qu’elle progresse parce que Denis sera sans doute meilleur l’année prochaine puisqu’il aura un peu plus d’expérience. Benjamin Fruchart a déjà fait des grosses performances contre des joueurs du niveau de la Pro B. Nicolas Burgos arrive avec un classement mondial très élevé (n°51, ndlr). Il va falloir qu’il s’habitue à ce championnat et qu’il prenne rapidement ses marques. On peut avoir de bons espoirs.
Cette année était la dernière de Denis Chatelain après plus d’une décennie de présidence, est-ce que c’est le début d’une nouvelle ère à l’ASTT ?
On va continuer à faire tout ce qu’on fait déjà de bien puisqu’on est quand même plutôt bien organisé. Après évidemment, avec quelqu’un de nouveau qui arrive, ça fait de nouvelles idées qui vont être mises en place. Il y a des choses qui vont changer et évoluer, on espère dans le bon sens. On va essayer de ne pas changer l’identité du club, les valeurs, notre manière de communiquer et rester dans cette lignée.
Est-ce qu’il y a déjà des projets en discussion pour le club ?
Oui évidemment, Vincent Buignet, le nouveau président (pas encore officialisé, ndlr), arrive avec des idées. On est à notre sixième année de Pro B, on a forcément dans un petit coin de la tête un jour l’idée d’aller côtoyer la Pro A. C’est un objectif qui est élevé mais pourquoi pas. Après on veut également se servir de cette équipe pro pour continuer de développer le club avec plus de joueurs dans la salle et développer de nouvelles actions.
Quels sont les axes de développement du club ?
Développer le volet sport entreprise, pour l’instant on fait deux, trois expériences. C’est un volet sur lequel on a encore un peu de mal. Ce qu’on voudrait, c’est réussir à organiser des journées pour les entreprises au club avec une partie organisation d’un tournoi ludique. Ce volet sport entreprise se développe dans certaines disciplines, nous avons encore un peu de mal à le faire. Ce seraient de nouvelles rentrées financières pour le club. On a aussi tout le volet sport santé où on est quand même déjà pas mal investi. On collabore avec une association sur Parkinson, une association sur Alzheimer et on coopère avec une association qui accueille des gens qui ont le cancer et qui viennent reprendre une activité physique. Tout ce volet sport santé, on est plutôt au point mais on peut encore le développer. On a également tout le volet formation des jeunes. On a plusieurs jeunes qui sont en train de progresser et on espère les accompagner du mieux possible. Le top serait, un jour, avoir un joueur formé au club qui intègre notre équipe première. On a réussi à le faire par le passé mais jusqu’à la N1.
Propos recueillis par Alexis Vaury
Crédit photo : Théo Bégler / Louis Auvin – Gazette Sports (archives)