Yves Mercher devait brutalement démissionner de son poste de président du district de la Somme. Une place qu’il a finalement occupée six ans, ce qui n’est rien par rapport à la longévité d’Henri Leclercq.
Mais ce que nous n’avions pas souligné précédemment, c’est que la démission d’Yves Mercher est arrivée le jour même où Coluche se tuait à moto. Le secret fut gardé par l’ensemble des membres du district. Pour tout le monde, Yves Mercher prenait du recul en raison de problèmes de santé, mais la vérité était toute autre. Yves Mercher était de plus en plus contesté par certains sous-districts, surtout celui du Vimeu, et cela avait précipité le départ de cet homme qui a quand même marqué l’histoire de notre district.
Durant plusieurs semaines, il fallut bien penser à l’avenir. Les trois vice-présidents pour diverses raisons ne souhaitaient pas briguer la succession. Yvon Legras assurait bien l’intérim jusqu’à l’Assemblée générale, mais il ne voulait pas devenir président. Lors de l’assemblée générale du 5 juillet 1986, les élus du district proposèrent donc le nom de Marc Acloque, mais ce dernier ne vit pas son nom approuvé par les représentants de clubs, car c’est la règle pour être élu totalement.
Le district allait il aller vers une impasse ? Finalement, après avoir longtemps hésité, André Pouilly décida de se jeter à l’eau pour reprendre son expression. L’homme n’était évidemment pas un inconnu et il avait derrière lui une belle carrière de joueur à l’Amiens Athlétic Club et joua aussi à Longueau. Rayon dirigeant, il entra au sein du sous-district Amiénois dans les années 60 et succéda à M. Flavigny à la présidence. André Pouilly était aussi très proche des techniciens, ce qui n’est pas une surprise compte tenu de ses antécédents sur le terrain. André Pouilly a effectué toute sa carrière professionnelle dans l’Enseignement et il exerça même un mandat en tant que maire de Vers sur Selle.
Dès son élection, André Pouilly a rendu hommage à Yves Mercher à qui on doit l’achat de l’immeuble sis au 46 rue Jules- Lefebvre à Amiens et à l’amélioration des relations entretenues entre le District et les autorités de tutelle comme la Direction de la Jeunesse et les Sports. Comme Yves Mercher, André Pouilly va exercer son mandat durant six ans qu’il devra abréger en raison de problèmes de santé et c’est la stricte vérité. Il transmet le flambeau à Marcel Glavieux qui est son Président-Délégué et qui saura le moment venu se faire élire par l’ensemble des clubs de la Somme avec un score que n’aurait pas renié un Président d’Afrique.
Durant son passage, André Pouilly a fait en sorte que le football pénètre le milieu scolaire et participe avec l’USEP à des épreuves de jeunes. Et alors que nous sommes à la fin des années 80, André Pouilly sera celui qui va permettre l’entrée de l’informatisation et la télématique dans les clubs et font leur apparition les fameux MINITEL. C’est le début de l’Opération OFFIFOOT qui va permettre aux clubs d’entrer en contact avec le serveur du Crédit Agricole. André Pouilly déplore également que le District n’a pas de CTD mais dit-il « Jacques Henot fait en tant que formateur un gros travail et il a des idées ».
Enfin, problème hélas insoluble : la violence n’a pas disparu des terrains, bien au contraire. « Nous ne l’acceptons pas et nous ne la tolérerons jamais », conclut-il lors d’une assemblée générale. Cette violence qui est toujours, hélas, d’actualité. Sur les terrains, cette fin des années 80 marque la dégringolade de l’Amiens SC qui va même déposer son bilan et se trouver à deux doigts d’une liquidation pure et simple et du club de Longpré les Corps Saints qui descend de Division 4 et commence sa lente descente aux enfers.
Lionel Herbet
Crédit photo : Kevin Devigne – Gazettesports.fr (illustration)