Dans la liste des athlètes samariens ayant non seulement été sélectionnés pour les Jeux Olympiques, mais aussi ramené au moins une médaille, la nageuse Catherine Plewinski tient une place à part.
Originaire du Nord de la France (elle est née le 12 juillet 1968 à Courrières en plein pays minier), Catherine Plewinski est devenue une championne mais elle a connu l’époque où elle devait se confronter aux nageuses venues de l’Allemagne de l’Est. Quand elle a mis un terme à sa carrière, Catherine a appris l’information suivante : ses adversaires étaient pour la plupart dopées. La natation n’était pas le seul sport touché et on se souvient que récemment, ici même, nous avions évoqué l’haltérophile Daniel Senet qui lui aussi avait dû se coltiner les athlètes des pays de l’Est.
Catherine Plewinski a été deux fois médaillée aux Jeux, elle a d’abord obtenu la médaille de bronze au 100m nage libre en 1988 à Séoul. Quatre ans plus tard à Barcelone, elle a récidivé avec cette fois le 100m papillon sous les couleurs du club d’Abbeville. De 1988 à 1992, Catherine Plewinski a connu une sorte de déprime. Elle voulait tout arrêter mais il est vrai qu’à l’époque les sportifs de haut niveau n’étaient pas aidés comme aujourd’hui. « Ce serait bon pour les nageurs que des partenaires financiers s’intéressent à la natation, confiait-elle avant les Jeux de Seoul. Il faut pourtant qu’on vive. Celui qui veut arrêter les études et continuer la natation ne peut pas le faire. Parce qu’il doit bosser à côté et il ne s’en sort pas. »
Pour mémoire, il faut attendre les Jeux de 1992 pour que la Région de Picardie, dirigée alors par Charles Baur, décide de réunir les présélectionnés et les aide. Quand elle participe aux Jeux de Séoul, Catherine Plewinski est basée à Saint-Gervais en Haute-Savoie. Mais Catherine décide un peu plus tard de rejoindre Claude Fauquet qui entraine le club d’Abbeville. Claude Fauquet a été CTR de natation en Picardie et il amorce alors une carrière prestigieuse puisqu’il sera un peu plus tard nommé à la tête de l’équipe de France, avant d’être le DTN de la natation.
À Abbeville, Catherine Plewinski brille et en 1991, un an avant Barcelone, elle est vice-championne du monde en Australie au 50m et 100m nage libre, médaillée de bronze au 100m papillon mais aussi championne d’Europe au 100m nage libre et au 100m papillon. La raison de sa venue à Abbeville était simple et évidente. Elle devait donc rejoindre Claude Fauquet en raison de ses relations avec son entraineur de l’époque, Marc Begotti, qui s’étaient détériorées. « La philosophie de ce club d’Abbeville me correspondait et ses structures me convenaient. Je n’ai donc pas hésité » devait rappeler Catherine Plewinski.
Toutefois, la grande Catherine ne s’entrainait pas toujours à Abbeville. Ainsi elle prépara seule les JO de Barcelone, refusant de participer au stage de l’équipe de France à Millau, préférant s’isoler chez elle au Fayet et à Megève. Elle était convaincue que son expérience de Séoul allait lui servir. À Barcelone, elle participa à plusieurs épreuves et elle devait obtenir la médaille de bronze au 100m papillon. D’où cette réflexion : « Cette médaille de bronze n’est pas mon plus beau souvenir mais c’est le plus émouvant. J’étais en larmes au moment de monter sur le podium. »
Le lendemain, le 30 juillet 1992, le journal l’Equipe titrait alors sur huit colonnes : « La GRANDE CATHERINE ». Pour gagner cette médaille de bronze, Catherine Plewinski se souvenait de ses entrainements quotidiens et elle avait ainsi parcouru la bagatelle de 1500km dans les bassins, en 42 jours de préparation.
Catherine était heureuse quand elle est revenue à Abbeville où elle fut fêtée comme il se doit. Elle apprenait alors de manière officielle que les filles (une Chinoise et une Allemande de l’Est) qui l’avaient devancée étaient dopées. En cette année 1992, Catherine Plewinski était la numéro un de la natation en France et elle faisait honneur à Abbeville et aussi Claude Fauquet. Elle pouvait alors se retirer en 1993 et rendre une dernière fois hommage à Claude Fauquet « l’homme qui a changé les habitudes de la natation française et grâce à lui, le niveau n’a jamais été aussi élevé. »
Lionel Herbet
Crédit Photo : Kevin Devigne – Gazette Sports (archives)