Il faut le reconnaitre ou le déplorer, jamais le département de la Somme n’a été représenté dans le marathon des Jeux Olympiques.
En 1983, l’Amiénoise Chantal Langlacé a défendu les couleurs de l’équipe de France à l’occasion des premiers championnats du monde d’athlétisme qui se déroulaient en Finlande. C’était une spécialiste des épreuves de très longues distances et c’est elle qui a été la première en France à les populariser et les rendre accessibles aux femmes. Aujourd’hui si autant de femmes pratiquent la course à pied, elles le doivent à Chantal Langlacé. Dans les années 70, l’Amiénoise avait droit à des articles dans les plus grands quotidiens parisiens à commencer par l’Equipe. Elle aurait mérité d’aller aux Jeux Olympiques mais en réalité elle a été desservie par son caractère bien trempé. C’est ainsi qu’avant Los Angeles en 1984, elle eut des mots avec le DTN de l’époque et refusa même d’aller à la rencontre du Ministre des Sports Alain Calmat, venu à Amiens à la rencontre des sportifs locaux.
Toutefois en cherchant et en étant renseignés par des chercheurs, nous avons eu connaissance de l’exploit d’un marathonien du nom d’Albert Corey (on écrivait au départ Coray) qui s’était signalé au marathon des JO de Saint-Louis en 1904. A cette époque, on avait noté que la France n’avait aucun sélectionné pour Saint-Louis. Jusqu’au jour où un chercheur Alain Bouille confirmait bien qu’Albert Corey avait décroché la médaille d’argent et qu’il était considéré comme citoyen américain puisqu’il portait le maillot du club Chicago Athlétic Association. Pendant 80 ans, au palmarès des Jeux, Albert Corey était donc citoyen américain. Sauf qu’il était né à … Amiens en 1881 et donc Français.
Dans sa jeunesse, Corey devait participer à de nombreux marathons avec les professionnels en en 1902, il revenait en France et prenait la 7e place de
Paris-Buffalo. Il s’imposait dans une autre course de longue distance (144km) avec départ et arrivée à Rennes. Cette même année 1902, il effectuait son service militaire et c’est à ce moment qu’il disparait des radars. C’est ce que nous avions écrit en 2012 dans le livre que nous avions publié » LA SOMME DES OLYMPIQUES ». Depuis, la situation a évolué.
Une énigme qui conserve encore quelques mystères
Nous avions alors perdu la trace de ce grand voyageur qui aux Etats Unis avait multiplié les emplois et surtout avait été briseur de grèves à Chicago. Dix ans plus tard, au début des années 2020, Clément Genty conseiller municipal à Meursault donnait le résultat de ses recherches. Il s’avère que cette fois, la légende affirmant que ce marathonien avait vu le jour à Amiens disparaissait. Il est vrai aussi que le C I O publiait sur le site le résultat officiel du marathon de 1904 et qu’il était précisé, une fois pour toutes, qu’Albert Corey était Français et non Américain et qu’il était né à Meursault le 16 avril 1878 et décédé le 3 août 1926. Toujours est-il qu’Albert Corey a constitué durant plus de 80 ans une véritable énigme et qu’il a fallu bien des recherches pour rétablir la vérité. D’autant que les services de l’Etat civil d’Amiens ont eux aussi recherché et qu’ils n’ont pas trouvé la trace d’une naissance d’Albert Corey dans notre ville.
Décidément, Amiens fait beaucoup parler. On se souvient de cette rocambolesque histoire du premier champion olympique de pêche à la ligne aux Jeux de 1900 à Paris. Il était affirmé que ce champion était … d’Amiens. Cette histoire a vite débouché sur la vérité : en 1900, les Jeux Olympiques étaient concurrencés par l’Exposition Universelle qui organisait aussi des épreuves sportives. Ce pêcheur à la ligne d’Amiens avait été alors récompensé par le Président de la République mais il n’était pas champion olympique.
Lionel Herbet
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