RUGBY (Fédérale 2) – Martin Saleille : « Pour moi, l’institution doit être au-dessus de tout »

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Après la réorganisation, dont il a fait plus ou moins les frais, Martin Saleille s’est exprimé sur la situation. Il raconte comment il a vécu celle-ci et évoque l’avenir, dans ses missions et celui du club.

Comment avez-vous vécu la réorganisation du club ?

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Ce n’est jamais simple comme situation mais sur le fond je l’ai plutôt bien vécu. Pour moi l’institution doit être au-dessus de tout. La croissance du club depuis plusieurs années ne permet plus de faire toutes les tâches en même temps. A avoir trop de missions, on ne les fait pas forcément toutes bien. La réorganisation n’est pas quelque chose de nouveau, qui tombe du ciel. On l’a déjà évoqué à plusieurs reprises car c’est nécessaire pour le club. Ça s’est fait de manière un peu précipitée mais je le vis bien parce qu’à un moment donné quand tu vas chercher des compétences comme celles de Mickael Morainville c’est aussi pour lui donner des responsabilités. Le partage des responsabilités et des compétences permet au club de grandir et de progresser et c’est le plus important. Martin Saleille n’est pas au-dessus du club et l’important c’est l’avenir de l’équipe. Ce qui est important c’est que l’équipe première ait gagné ce week-end, c’est dommage que la réserve n’ait pas gagné. Le projet sportif continue et je vais avoir plus de temps pour m’occuper de mes autres missions et des autres catégories. 

Est-ce que c’est quelque chose qui aurait dû ou pu être clarifié dès le début de saison ? Là, c’est une décision en réaction, est-ce que cela veut dire que si vous n’étiez pas mal classés, la réorganisation n’aurait pas eu lieu ?

Si on n’était pas à cinq défaites, il n’y aurait peut-être pas eu de changements aussi précipités mais c’était dans les tuyaux et nécessaire pour le club. On était plutôt parti sur un duo avec le partage de responsabilité, finalement on décide de changer notre fusil d’épaule. Mais ce n’est pas grave et il n’y a pas de grands changements dans les faits. On aurait peut-être dû faire cela dès le début de saison mais maintenant il faut avancer. 

Je n’étais pas sur le banc dimanche mais j’étais content et l’inverse aurait voulu dire que je n’ai plus rien à faire là.

Martin Saleille, entraineur de l’équipe réserve du RCA

Vous allez continuer d’être au contact du groupe, pour vous et pour les joueurs c’était indispensable de rester proche vu votre passé commun et ce que vous avez vécu ensemble. Cela peut aussi être une aide précieuse pour Mickael ?

Pour les joueurs je ne sais pas il faudra leur demander. Pour moi je suis très content de rester au contact de l’équipe car entrainer, c’est ma passion. Je l’ai toujours fait à fond, avec plus ou moins de réussite. Depuis le début de saison, j’entrainais déjà un peu moins. Je suis là pour aider Mickael à mettre le projet de jeu en place et aider au mieux l’équipe à remplir ses objectifs. Au final ça ne change pas grand-chose, on continue de coacher ensemble en staff, ce qui change c’est que Mickael tranche quand il faut prendre une décision pour le dimanche et la présence sur le banc. On continue de discuter ensemble du projet de jeu. Il n’y a donc pas de changement radical comme on a pu le penser. Ce n’est pas une place sur le banc qui est important, ou alors c’est se tromper sur ce qu’est le métier d’entraîneur. Je continue de dire ce que je vois en match ou à l’entraînement à Mickael pour l’aider à prendre ses décisions. Ça me va bien comme ça et comme je l’ai dit, l’important c’est l’équipe. Je n’étais pas sur le banc dimanche mais j’étais content et l’inverse aurait voulu dire que je n’ai plus rien à faire là. J’ai vécu pleinement le match et j’ai donné mon point de vue extérieur de la tribune. En fait, Martin Saleille ce n’est pas important, ce qui compte c’est l’avenir et la progression du club. On vit actuellement une épreuve que l’on doit passer ensemble pour grandir et apprendre pour la suite. A l’avenir quand on tombera une spirale négative on s’en servira pour s’en sortir plus tôt. 

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On vous a reproché le recrutement, pensez-vous être responsable du recrutement « raté » de cet été ?

En tant que manager et entraîneur de l’équipe première j’ai forcément une part de responsabilité. On est passé à côté de joueurs, on n’a pas été assez rapide. En faisant partie des décideurs du recrutement, je prends mes responsabilités. On a commencé avec Julien (Carlier) à réfléchir à comment faire pour ne pas que ça arrive. On anticipe la suite pour tout faire pour que cela n’arrive plus. Notamment pour ne pas avoir des cas où des joueurs disent oui et ne viennent pas, ou qui ne donnent plus de nouvelles. On a eu cinq cas de ce type cet été et forcément c’est handicapant. On avait un deal avec ces joueurs qui nous ont ensuite dit non ou n’ont plus donné de nouvelles. Finalement, on a des bonnes surprises comme Mel Borek par exemple. 

Parmi les missions qui vous sont confiées, il y a celle de mettre en place un centre de formation. Est-ce quelque chose de primordial pour l’avenir du club ? 

C’est quelque chose d’indispensable si on veut aller en Fédérale 1 dans les années à venir. Je vais avoir du temps pour continuer à travailler dessus. On a déjà bien avancé notamment après la coupe du Monde de rugby quand on a eu un peu moins de travail sur les actions d’animation et de développement. On avance bien et l’objectif est que d’ici janvier, le dossier soit prêt, pour qu’en septembre on ne se pose pas la question de si on y va ou pas. C’est indispensable pour le club, cela va devenir la pierre angulaire du projet de formation. Cela va permettre aux jeunes formés par le club d’être accompagnés jusqu’au bout et d’alimenter l’équipe première. Si on monte en Fédérale 1, ce qui est l’objectif dans les années à venir, on n’aura plus d’équipe réserve mais une équipe espoirs. Si on monte, aujourd’hui on n’est pas prêt pour alimenter de manière régulière et qualitativement cette équipe. Avec le centre on sera prêt et on pourra avoir une équipe compétitive en espoirs. Je vais y mettre énormément d’énergie pour que l’on arrive à notre objectif et que cela voit le jour à la rentrée prochaine. 

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Est-ce dans cette logique que l’on a vu un rajeunissement dans le groupe seniors cet été ?

On a essayé d’anticiper cela et de préparer l’avenir en lançant de plus en plus de jeunes, en réserve notamment. Un joueur de 20 ans aujourd’hui sera à maturité dans 2-3 ans. Cela permet aussi de donner de l’expérience et d’avoir l’habitude de jouer entre “jeunes”. Ce n’est pas péjoratif pour les plus anciens dont on a besoin aujourd’hui. Sans eux on ne pourrait pas y arriver et on ne pourrait pas atteindre nos objectifs. On aura le droit d’avoir quelques joueurs de plus de 23 ans dans cette équipe espoirs. Notre logique de construction de l’effectif est donc tournée vers cela. 

Le centre de formation est vraiment primordial pour le développement de notre structure »

Martin Saleille, entraineur de l’équipe réserve du RCA

Cela peut-il permettre d’éviter la fuite des talents et le départ de jeunes, vers Rouen par exemple, chose que l’on a vu ces dernières années ?

J’ai envie de dire oui et non. Si on a des jeunes qui peuvent aller jouer dans un club de niveau Pro D2 ou plus, on ne doit pas les retenir. Pour eux déjà car on ne peut pas les priver d’une chance, mais aussi pour nous. S’il ne perce pas, il y a des chances qu’il revienne chez nous en étant encore meilleur. S’il perce, on sera fier d’avoir formé un jeune de ce niveau. Si c’est pour jouer dans un club de même niveau, c’est embêtant et le centre va logiquement nous permettre d’éviter cela. On doit leur donner à manger à ces jeunes. On est déjà sur une méthodologie proche d’un centre d’entraînement avec quatre entraînements par semaine. Ce qui nous manque ce sont les entraînements du matin avec l’objectif d’être autour de sept séances par semaine, avec de l’entraînement plus physique et individualisé. On arrive sur des générations qui ont l’habitude de beaucoup s’entraîner et qui sont en demande. On a des jeunes qui vont actuellement dans d’autres structures car on n’a pas de CEL. Si on l’avait eu, ils seraient restés car il n’y a pas de raisons de partir. C’est vraiment primordial pour le développement de notre structure

Comment voyez vous la suite de la saison après cette première victoire qui a fait le plus grand bien ? 

La victoire de dimanche a fait du bien, il y a eu énormément de soulagement pour tout le monde. Que ce soit chez les joueurs, le staff, les dirigeants ou le public. On voit aussi qu’on a encore du travail et des axes d’amélioration. On a pris cinq points c’est bien, mais on doit maintenant enchaîner et faire encore mieux. On verra si l’électrochoc a fait effet ou si c’est un one shot. Mais je pense que les joueurs étaient déjà prêts, ils avaient cette capacité à bien jouer. Il faut faire preuve d’humilité dans ce que l’on a fait ce week-end. On a fait une grande partie mais on va jouer deux concurrents directs sur ce bloc. Ce sont des matchs qui comptent double et qu’il ne faudra pas perdre. On peut mettre des équipes à quatre ou cinq points derrière nous, donc c’est important. On doit aborder les rencontres avec sérieux et surtout pas en se disant que comme ils sont derrière nous ce sera facile. Si on arrive dans cet état d’esprit, c’est foutu, mais ce n’est pas le style des joueurs. On n’est pas encore sorti de la spirale, on doit enchaîner les bonnes performances pour confirmer et avancer dans le classement.

Aurélien Finet
Crédit Photo : Léandre Leber et Théo Bégler – Gazette Sports