Alors que le RCA connaît son pire début de saison depuis très longtemps, Joël Nayet, aujourd’hui vice-président, a tenu à prendre la parole sur la situation actuelle de l’équipe séniors masculine.
En retrait à cause de problèmes de santé, Joël Nayet, l’un des grands artisans du succès amiénois sur les dernières années n’a pas laissé tomber le club. S’il a laissé sa place de président, il reste investi et reste également le partenaire principal. Il a tenu à s’exprimer pour défendre les joueurs et expliquer les raisons du mauvais début de saison. Surtout il a tenu à alerter sur la catastrophe économique pour le club en cas de descente et demande des changements forts et rapides pour repartir de l’avant.
Une responsabilité partagée
“J’ai tenu à m’exprimer aujourd’hui car si je ne suis plus président je reste membre du bureau et proche du club. Aujourd’hui on met essentiellement la faute sur les joueurs mais pour moi ce ne sont pas les principaux responsables. Aujourd’hui le RCA n’est plus un club amateur, en cinq ans on est passé de un à dix salariés. Ce qui nous a permis de structurer le groupe seniors mais aussi d’avoir un responsable par catégorie jeune et cinq joueurs semi-professionnels. Le RCA est aujourd’hui une TPE qui a un bon budget de Fédérale 2. Si cette organisation paie en ce début de saison chez les jeunes, ce n’est pas le cas pour le groupe seniors qui est notre vitrine et notre locomotive. On a fixé en début de saison comme mission au groupe de progresser et de viser le milieu de tableau. Mais la constitution du groupe ne s’est pas passée comme on le voulait. J’ai malheureusement dû quitter mes fonctions début mai et je n’ai pas pu participer pleinement à la période de recrutement.
Je trouve que l’on met trop la faute sur les joueurs et pas assez sur la partie management sportif
Joël Nayet, vice-président du Rugby Club Amiénois
La première mission était de garder au maximum l’effectif. On savait que l’on avait des arrêts mais on a surtout dû faire face à des envies de départs qu’on a appris très tard. On a perdu Frion et Martin dont le bureau a appris le départ mi-août. Il était alors trop tard pour les remplacer car ces départs n’ont pas été anticipés. On avait confié la mission du recrutement au management et aujourd’hui il est raté. On a un groupe qui travaille énormément mais nos joueurs locaux n’ont jamais connu ce niveau, on a besoin d’aller chercher de l’expérience ailleurs. On avait très tôt validé les arrivées de Bauer et Pellet mais derrière on n’a pas su se renforcer à des postes clés où on avait besoin de renfort et d’expérience. Le sportif se devait de faire des propositions au bureau ce qui n’a pas été fait. Aujourd’hui on a une équipe qui n’a pas été renforcée et qui s’est même amoindrie, en tout cas sur le plan de l’expérience. J’avais déjà alerté l’année dernière sur le fait que l’on manquait d’expérience. On le paie en ce début de saison et je trouve que l’on met trop la faute sur les joueurs et pas assez sur la partie management sportif. Cela nous met dans une position de reléguable en Fédérale 3 après deux blocs, ce qui n’était pas prévu. Je ne me suis pas autant investi depuis cinq ans pour revenir en Fédérale 3. Je souhaite qu’il y ait une reprise en main du sportif avec une réorganisation que j’ai soumise au bureau pour rebondir et se maintenir.
Une descente serait elle vraiment une catastrophe pour le club ?
Repartir en Fédérale 3 serait une catastrophe financière pour le club mais aussi humainement avec des licenciements. On repartirait de zéro, ce qui ferait très mal au club. Après la bonne saison dernière je ne m’y attendais pas du tout. On va vivre une saison compliquée mais si on rebondit vite, on peut encore se maintenir. Aujourd’hui, le jeu repose sur les Amiénois de souche et quelques joueurs d’expérience et professionnels qui sont, je pense, trop peu. Il y a donc une responsabilité dans le sportif et la composition de l’effectif, ce qui est de l’ordre du manager général. Pour se maintenir il faut environ 25 points, cela passe par des victoires à domicile ce qu’on n’a pas su faire jusque là. Face à Anthony ou encore Le Rheu on aurait pu gagner mais il nous a peut-être manqué un facteur X. On a des manques à des postes clés qui obligent à faire du bricolage. Je souhaite continuer à aider le club et son président et c’est pour cela que j’ai proposé cette réorganisation au bureau. Si on descend on perd notre statut de club professionnel et de nombreuses subventions divisant par deux le budget. Il faut se rendre compte que l’on joue très gros sur cette saison, c’est l’avenir du projet mis en place depuis cinq ans qui est en danger. »
Vous parlez des départs tardifs, est-ce-que c’est vraiment la faute du staff ? Il y a aussi eu des joueurs qui ont fait faux bon au dernier moment…
Un manager sportif est là pour entraîner, manager et développer le club, le recrutement fait partie de ces prérogatives. Martin est responsable même s’il n’est pas le seul, mais il est au centre des responsabilités. Je ne sais pas quand il a appris ces départs mais il connaît la procédure et on n’aurait pas dû se contenter d’accord verbaux par exemple sur les deux joueurs qui nous ont fait faux bon. C’est pareil pour les départs je pense qu’on aurait pu les connaître plus tôt. Je sais que l’on est un club semi-professionnel et qu’il faut trouver des solutions quand on propose quelque chose à un joueur. Aujourd’hui on propose à certains un travail, à d’autre seulement des indemnités mais on aurait du faire mieux. Je ne pensais que mon départ allait impacter la partie recrutement malheureusement ça a été le cas.
Le partenariat avec Rouen aurait pu être une solution pour renforcer l’équipe ?
Oui, on a réussi à faire deux joueurs en double licence mais malheureusement pas au poste de pilier ou d’arrière où l’on voulait se renforcer et surtout combler les départs. On a réussi à faire venir un joueur en double licence avec Le Havre. Ce sont des partenaires qui se mettent en place petit à petit.
On a failli dans le recrutement
Joël Nayet, vice-président du Rugby Club Amiénois
Qu’avez vous proposé au bureau ?
On a aujourd’hui un staff structuré pour aller en Fédérale 1 avec des kinés, des entraîneurs sur chaque poste, des responsables dans chaque catégorie mais on n’a pas su mettre en place les choses pour avoir un effectif à la hauteur de nos attentes. On a failli dans le recrutement. C’est impossible aujourd’hui de combler ces manques, la seule solution c’est de modifier l’organisation. J’ai proposé que l’on fasse un groupe de fédérale 2 d’une trentaine de joueurs avec à sa tête un manager et un groupe de réserve avec à sa tête un autre manager. Selon moi, cela va permettre de travailler encore mieux avec des séances plus personnalisées. On doit trouver des solutions pour éviter une catastrophe. Ce qui se passe actuellement ne me convient pas et j’espère aussi que ce changement d’organisation va faire prendre conscience aux joueurs de la situation. Je ne les condamnes pas car ce ne sont pas des professionnels, ils travaillent à côté. On met des choses en place, on a mis en place des primes de matchs par exemple ou des indemnités kilométriques mais ils restent amateurs et c’est aussi en ça qu’on ne peut pas leur incomber toutes la responsabilité.
Concrètement, vous avez proposé de mettre fin au duo Saleille – Morainville ?
Oui, aujourd’hui dans la proposition, l’idée est que chacun prenne en charge une équipe. Ils ont eu en charge l’équipe depuis le début de saison et sont tous les deux responsables des résultats mais Mickael est arrivé en août et n’a pas eu d’impact dans le recrutement car c’était déjà tard. L’idée serait de lui confier l’équipe première et que Martin gère la réserve, qui pour moi, est la future équipe espoir, la Fédérale 2 est le minimum pour Amiens. Si on ne se maintient pas c’est un retour à zéro dans le projet mis en place. Le bureau est en droit de demander des comptes quand ça ne va pas. Il a failli dans sa mission sur le plan sportif pour moi et il doit assumer ses responsabilités. J’ai le sens des responsabilités car j’ai emmené avec moi des entreprises qui m’ont fait confiance et on ne peut pas les décevoir. Il y a urgence et je pense qu’il faut du changement. Je suis pour un changement rapide et c’est pour cela que j’ai proposé ce changement au bureau. On ne va pas faire de révolution mais une réorganisation sportive. Le bureau a écouté ma proposition et on verra dans les prochains jours ce qui a été décidé.
Je tiens à apporter mon soutien aux joueurs car ce sont des joueurs amateurs à qui ont doit, pour la plupart, la montée en Fédérale 2 et ils n’ont pas l’expérience de ce niveau. C’était par le recrutement qu’on devait l’apporter mais ça n’a pas été assez le cas. Il faut se serrer les coudes et avancer tous ensemble pour maintenir le club et le projet Amiens mérite d’avoir une équipe au minimum en Fédérale 2, on doit se battre pour qu’elle y reste.
Aurélien Finet
Crédit photo : Léandre Leber – Gazette Sports