Gérard Vervoort incarne ou du moins a incarné les vraies valeurs du sport soit le courage, le sens de la discipline, être un parfait équipier quitte à l’arrivée à se faire avoir. Il fut le bon Samaritain de l’athlétisme de cette époque.
Il est surtout resté fidèle à notre région puisqu’il est né à Champien dans la Somme (ses parents tenaient un hôtel à Roye) et qui avait épousé une fille de Rosières. Agé de 86 ans, il vit depuis des années dans l’Oise.
Cet athlète aurait pu être boxeur (on l’appelait Bouboule) mais c’est l’athlétisme, et au début le cross, qui firent pencher la balance. Gérard Vervoort a appartenu à une génération prestigieuse incarnée par Michel Jazy avec également Michel Bernard. Pas facile de se frayer un chemin aux côtés de ces deux vedettes mais le 15 juin 1965, sur la piste de Saint Maur, Gérard Vervoort entrait dans l’histoire puisqu’il battait le record du monde du 4x1500m. Les quatre Français Jazy, Wadoux, Vervoort et Nicolas amélioraient le record détenu par les Allemands de l’Est et il allait tenir douze ans.
Pour sa part, Vervoort réalisait le 2e meilleur temps en 3’41″8, un temps de classe mondiale évidemment. Aussi brillant qu’il ait été, ce record du monde ne fera jamais oublier au moustachu, Gérard Vervoort, ses deux non participations aux Jeux Olympiques à Rome en 1960 et à Tokyo en 1964.
Incontestablement, il méritait d’être sélectionné au moins une fois mais voilà, il fut un peu la victime de sa gentillesse. Il avait joué à merveille le rôle de lièvre quand il le fallait pour Jazy mais ce dernier ne renvoyait pas l’ascenseur. Résultat, Gérard Vervoort est resté deux fois à la maison et longtemps après, quand nous étions venus l’interroger, il en éprouvait une réelle déception ce qui ne l’empêcha pas de courir jusqu’à l’âge de 39 ans, de s’adonner au cross ou dans les courses sur route.
Dans sa carrière, Gérard Vervoort s’est entrainé normalement mais jamais il n’a utilisé de produits dopants. Il a « marché à la limonade » disait-il ce qui n’était pas le cas de tous ses adversaires. Il suivait la méthode Maigrot, son entraineur qui lui imposait des séances de 50 fois 100m, ce qu’il ingurgitait d’autant que son coeur était parfait avec seulement 35 pulsations par minute.
Gérard Vervoort a aussi marqué les esprits lors d’un célèbre match France – URSS en 1963. Il avait disputé le 3000m steeple mais durant la course au passage d’un saut de rivière, il chutait et terminait dernier. Le lendemain, le Général de Gaulle recevait les athlètes français à l’Institut National des Sports et s’il salua Jazy et Bernard, il s’adressa en particulier à Gérard Vervoort. Le Général avait en effet regardé ce match à la télé et avait évidemment remarqué la chute de Gérard Vervoort qui n’a jamais oublié cette anecdote.
Pour conclure, durant sa carrière d’athlète Gérard Vervoort n’a jamais été licencié dans un club picard. S’il le fut un jour, c’était à l’Union Sportive Royenne de … football.
Lionel Herbet
Crédit photo : DR