L’aviron est un sport pas reconnu à sa juste valeur à Amiens. Le SNA fait pourtant partie des plus anciens clubs du pays et a décroché de multiples titres de champions de France.
Martial Maddaloni, entraîneur au Sport Nautique d’Amiens depuis trois ans, voit d’abord dans l’aviron « un moyen de se déplacer qui n’émet aucune pollution. » La discipline se veut respectueuse de l’environnement, un combat qui a pour but de préserver les lieux de pratique, ce qui n’est pas toujours facile car le club les partage avec différents utilisateurs comme les bateaux de plaisance.
Malgré cela, l’entraîneur jeune quinquagénaire partage sa passion pour le sport et la nature. « On a la chance d’avoir accès à des zones que les gens à pied ne peuvent pas voir… » Ce sentiment étant sans doute renforcé par le fait qu’en saison estivale, la flore et la faune se montrent sous leur meilleur jour. « Même si nous sommes basés en pleine ville (quartier Saint-Leu, ndlr), il nous suffit de parcourir 4 kilomètres pour nous retrouver dans des lieux calmes, à partir de Camon. »
La recherche du calme étant présente comme dans de nombreux sports de nature, on comprend que cela soit l’une des motivations des pratiquants. « De nombreuses randonnées sont organisées également, notamment au Mont-Blanc ou alors en pleine mer, c’est la Fédération qui organise. »
Un licencié sur deux pratique en loisirs
La Fédération française d’Aviron qui essaye de tirer profit des paysages pour mettre en avant la pratique sportive de l’aviron. On a la chance ici d’être proche de lieux verts mais certains autres clubs ne peuvent pas en profiter, observe Martial Maddaloni. De plus, nous n’avons pas le bassin pour faire de la compétition à domicile, donc notre argument à nous, notre carte maîtresse, c’est le paysage et notamment le fait qu’en partant du quartier Saint-Leu, on arrive en quelques minutes dans des paysages de pleine nature comme les Hortillonnages. ». Ces Hortillonnages ne sont pas le seul argument du club puisque les bateaux du SNA ne peuvent pas naviguer sur les nombreux rieux, les petits canaux, sortes de bras de la Somme.
Reste que le concept de loisir permet aujourd’hui d’attirer de nombreux participants : « La demande est de plus en plus importante, comparé à il y a quelques années ou l’aviron était particulièrement axé sur la compétition avec une minorité de loisir. Aujourd’hui, sur nos 135 licenciés, plus de la moitié est orientée sur la randonnée et le loisir. »
Au-delà des idées écologiques défendues par le club, celle de la parité y est aussi importante. « On a encore du mal à avoir une parité parfaite mais on arrive tout de même à faire de mieux en mieux, on espère surtout trouver cette parité au niveau des élus du club. » L’occasion de rappeler que la tête d’affiche du club n’est autre qu’Érika Sauzeau, multi-médaillée en para-aviron et bien partie pour disputer les Jeux de Paris 2024.
Le spectacle qui s’offre aux rameurs est en perpétuelle évolution
Martial Maddaloni, entraîneur du SN Amiens
Les pratiquants sont attirés par un argument qui fait mouche, « le côté sport d’extérieur est important, depuis le Covid, où nous pouvions pratiquer très tôt après les confinements, ce qui a attiré les gens qui voulaient reprendre rapidement alors que certains sport étaient toujours interdits. » Martial Maddaloni ajoute que son club « offre aux gens une possibilité d’évasion avec un point de départ en pleine ville, ce qui le rend très accessible. »
Pour ce qui est des conditions météo, seule la foudre est préoccupante quand on fait de l’aviron, ce qui permet une pratique assez étalée sur l’année. Cependant, les jeunes élèves ne sont en général pas conviés lorsque la température descend en sous la barre du 0°. Par ailleurs, « notre pire ennemi, c’est le vent » comme le dit si bien l’entraîneur du SNA. Les embarcations étant très légères, le vent peut les mener jusqu’à couler dans certains bassins. « Lorsqu’on aime les sports de pleine nature, on sait à quoi s’attendre car ces disciplines sont dépendantes de la météo. »
« Au fil des saisons et des changements de temps, la rivière change et cela nous permet également de voir de nouvelles choses à longueur d’année, les balades sont toujours différentes les unes des autres. Le spectacle qui s’offre aux rameurs est en perpétuelle évolution ». Cependant, comme la plupart des sports de nature, la pratique de l’aviron n’est pas possible de nuit, en tout cas à Amiens, car les bateaux du club ne sont pas équipés pour être utilisés dans l’obscurité.
Pour Delphine Dhenain, chargée de communication du SNA, qui gère notamment les réseaux sociaux du club, l’aspect « sport de nature » a une importance certaine dans la communication : « J’essaye de montrer la nature dans les différentes photos que je prends, afin de mettre en avant le club. Et même lorsque je réalise des enquêtes auprès des différents licenciés, ils affirment que la nature et la beauté de ce qu’elle nous propose les satisfait énormément lors de la pratique. »
Le club essaye également de passer par l’éducation pour faire découvrir l’aviron aux écoliers. « On travaille avec des scolaires, on évite de les faire sortir quand il ne fait pas beau pour leur donner envie de faire de l’aviron et honnêtement, cela fonctionne. On en a eu quelques uns qui sont devenus licenciés au club. » Le club met également en avant sa position dans le quartier historique d’Amiens.
La nature et le cadre sont donc présents à la fois dans la communication et dans la pratique en elle-même, les amoureux de l’aviron sont aux premières loges.
Noah Lagny
Crédit photo : Kevin Devigne – Gazette Sports