Timothée Da Costa Santos (Amiens AC) a signé des débuts en fanfare aux championnats de France individuels 2ème série de tennis fauteuil. Infligeant un cinglant 6-0 6-0 à son adversaire, N°18 français !
Timothée Da Costa Santos s’est bien acclimaté à la forte chaleur (29°C ce jeudi midi) qui règne sur les courts extérieurs en GreenSet du Grenoble Tennis. C’est là que se déroulent, cette année encore, les championnats de France individuels de tennis fauteuil, qui vont de la 1ère à la 4ème série, en ajoutant la compétition féminine et les quads.
Mais il s’agit des premiers championnats de France individuels du jeune (23 ans) et ambitieux joueur en fauteuil de l’Amiens AC, dont la progression sur le terrain se vérifie au classement national, où il pointe ce mois-ci au 20ème rang. De ce fait, le récent lauréat du Trophée des Hauts-de-France, vainqueur en finale du Nordiste Nicolas Vanlerberghe (N°11), avance de moins en moins masqué, alors qu’il vient aussi d’obtenir la classification de la FFT, qui confirme son handicap l’empêchant de jouer avec les valides sur le circuit français.
À l’entraînement comme en match, je me sens vraiment bien
Timothée Da Costa Santos
« Je n’ai pas pu l’accompagner sur ces championnats car je travaille, indique sa coach à l’AAC, Marine Mas. Mais avant son départ, on a fait deux bonnes séances d’entraînement à Amiens, à l’ASPTT, pour trouver les mêmes terrains qu’à Grenoble. Et Timothée est bien dans son tennis en ce moment » sourit celle qui entraîne des joueurs en fauteuil depuis les grandes heures du TC Rue Le Crotoy, avec Stéphane Houdet, dans les années 2010.
« À l’ASPTT, le vent était très pénible, mais à l’entraînement en ce moment, je me sens vraiment bien, comme en match. Je suis surpris, ça fait plaisir ! Même si j’ai perdu mon revers inversé, avant de le retrouver en partie ici, lors du dernier practice (*) » note le Samarien.
Et il a failli dévisser…
Timothée Da Costa Santos débutait on ne peut mieux, prenant le service de son adversaire dès le premier jeu « grâce à deux bons parpaings au retour, en coup droit. » Les pépins du Vendéen commençaient rapidement. « Mais il m’a quand même embêté un peu, j’ai été lent à démarrer certains jeux. Le début du 2ème set a été plus difficile, il a commencé à lâcher ses coups, j’ai été mené 0-40. Je savais que si je lui laissais un jeu, le match pouvait basculer », le fauteuil de Timothée aussi… « Il me manquait une vis, entre l’assise et la barre de carrossage ! Dans le 2ème set, je me suis rendu compte que je penchais à droite… Du coup, j’ai eu envie de finir vite ! »
L’Amiénois ne traînait effectivement pas, menant 4-0, avec la faculté précieuse de s’adjuger les points importants sans trembler ou de pousser Pierre-Jean Gautron à la faute. À ce petit jeu, celui qui a été, avec David Sueur en avril dernier, le grand artisan de la montée en Nationale 2 de l’AAC, était plus tranchant.
Pour être champion de France, il faut battre tout le monde !
Pourtant, le 5ème jeu du 2ème set était très disputé : sur son service, le Vendéen se procurait plusieurs balles pour marquer enfin un jeu, mais le Samarien les effaçait en breakant pour la 6ème fois en dix occasions. Et il s’offrait l’opportunité de gagner aisément son premier match.
Ce qui ne tardait pas. Sur sa mise en jeu suivante, même si Pierre-Jean Gautron lui donnait du fil à retordre, obtenant plusieurs balles de débreak, l’Amiénois restait solide, réussissant un 5/5 sur les balles de break adverses. « Quand je sers pour le match, à ma première balle de match, il relance et je termine d’un revers long de ligne, si je me souviens bien » se félicite Timothée Da Costa Santos, après avoir réussi la meilleure des entames, impitoyable avec le jeune quadra des Pays de la Loire.
6-0 6-0, un score qui claque ! « J’en ai pris un seul, contre Gaëtan Menguy (actuel N°6 tricolore, ndlr) C’était en début de saison, à Bressuire. Et le dernier que j’ai mis, c’était à Saint-Malô, contre une joueuse de Saint-Sébastien-sur-Loire, en demi-finale des championnats de France par équipes » se souvient le Samarien.
Reste que la route est encore longue et sinueuse dans cette poule de qualifications, dont le vainqueur jouera ensuite la finale, les suivants les matchs de classement. Deux duels l’attendent, face à des joueurs très expérimentés, les Franciliens Serge Mabally (N°21 français) et Abou Konaté (N°25), le premier ayant battu le second ce jeudi, au terme d’un long bras de fer (4-6 7-5 6-4). Lequel le Picard va-t-il affronter en premier ce vendredi ? Le programme du 2ème jour n’est pas encore publié, mais « peu importe, pour être champion de France, il faut battre tout le monde ! » rétorque Timothée Da Costa Santos. L’air chaud des Alpes ne lui coupe pas le souffle !
(*) : practice est le terme anglais pour entraînement
Vincent Delorme
Crédit photo : Léandre Leber – Gazette Sports (archive) et DR