AMIENS SC : On démarre une autre histoire

Ⓒ Crédit photo : Léandre Leber – GazetteSports
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Week-end de première en Ligue 2 pour le trio Descamps-Ielsch-De Percin, mené par le premier nommé, avec la réception de Nîmes, ce samedi.

Au terme d’une semaine agitée, l’Amiens SC reçoit Nîmes Olympique dans un match qui sent la poudre. Mais ce n’est évidemment pas tant la rencontre qui occupe les esprits que le changement d’entraîneur. Et si l’impression peut-être celle de joueurs ayant lâché leur coach, Régis Gurtner semblait dire le contraire en conférence de presse, se disant « triste pour le coach qui est une personne que j’appréciais beaucoup, humainement comme sportivement. »
Le gardien de l’ASC faisant par ailleurs le récit d’un groupe « plutôt surpris quand on est arrivé lundi, Christophe (Duprez, vice président de l’Amiens SC, ndlr) nous a tenu un discours dans le vestiaire nous disant que Philippe se mettait en retrait. Il a fallu digérer tout ça, on a fait une séance légère lundi pour évacuer tout ça. » Un capitaine amiénois assumant, par ailleurs, la responsabilité des joueurs dans cette mise en retrait : « Ce n’est pas le coach qui est sur le terrain, on a notre grande part de responsabilité, on ne peut pas se cacher. »

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« Il a fallu digérer tout ça » explique Régis Gurtner.

Un nouveau coach scruté

Mais voilà, qu’importe les regrets des uns ou des autres, c’est bien un autre organigramme qui est désormais à la tête de l’effectif professionnel, avec à sa tête Patrice Descamps, 49 ans mais novice à ce niveau malgré 5 saisons à encadrer la réserve amiénoise. Un technicien qui, après avoir été directeur du centre du formation et, non « pas directeur général avec une délégation, mais directeur du club, avec deux missions précises, indique-t-il : restructurer les différents pôles après le départ de Louis (Mulazzi, ndlr) et faire un lien entre l’effectif pro et le centre de formation » a donc droit à sa première expérience à la tête d’une équipe pro.

Une opération dans laquelle Patrice Descamps se lance corps et âme, décidant notamment de se « consacrer uniquement à » elle, lâchant ainsi ses autres fonctions. C’est que, malgré une certaine surprise« Il y a 4 jours je ne m’attendais pas à être devant vous » – Patrice Descamps ne veut pas galvauder la confiance qui lui a été donnée : « Je suis au service du club. Il a besoin de nous, on y va ! » Et ce malgré les doutes sur ses capacités à mener un groupe pro, qui ne semblent pas l’ébranler : « C’est légitime de s’interroger, mais il faut avancer et ne pas se questionner, il faut qu’on se retrousse les manches. »

Un trio complémentaire

Outre son cas personnel, le nouveau « pilote » du bolide ASC a énoncé les valeurs qu’il tient comme importantes pour amener le club picard à ne plus se soucier de son futur en Ligue 2 : « Valeurs de travail, de pugnacité, de rage, on représente ces valeurs que l’on doit avoir ou retrouver dans un club comme Amiens. » Et a défini la façon de travailler de son staff : « Ce qui est important, c’est que chacun apporte ce qu’il peut apporter en termes de compétences. On a une belle complémentarité, on se connaît bien, tout le monde a un rôle bien précis à jouer, toutes les séances sont faites collectivement, on détermine par l’échange, c’est ça qui amène de l’énergie. Toutes les séances sont préparées la veille, Francis (de Percin, 53 ans, ndlr) a une mission prononcée sur le suivi des adversaires, Julien (Ielsch) est le coordinateur au niveau des séances et moi, je pilote l’ensemble. »

Ancien partenaire de Régis Gurtner, Julien Ielsch, 40 ans, a intégré le staff de l’Amiens SC, lui qui était jusqu’alors en charge des U17.

Quant à savoir qui tranchera pour effectuer les choix, le nouvel entraîneur, quoi que pas réellement désigné avec ce titre, reconnaît que ce sera de sa prérogative, même s’il compte ne pas trop en user : « Je pilote le staff. Vous voulez quelqu’un qui tranche, mais dans ce que j’ai pu observer depuis 25 ans, ceux qui disent qu’ils prennent seuls leurs décisions sont des menteurs, ce sont toujours des décisions collégiales. S’il y a un désaccord profond, je prendrai la décision, mais nos pensées sont proches. »

Des joueurs au diapason ?

Reste désormais à emmener le groupe avec soi. Mais si le nouvel homme fort de l’ASC reconnaît avoir « senti les garçons affectés par la situation », il a aussi vu « chez eux l’envie d’être acteurs pour que ça s’arrête. » Et pour Patrice Descamps, cela passe par leur plus grande responsabilisation : « On a fait un état des lieux avec l’ensemble des joueurs, on va s’appuyer sur ce qui a été fait avant, sur ce qui a bien tourné à un moment, on travaille à redonner de la confiance, à retravailler sur un projet de jeu en associant au maximum les joueurs, dans notre management. Ce groupe, ce sont des garçons de qualité. En les responsabilisant, ils seront impliqués davantage, parce qu’ils étaient un peu éteints. »

Un « management participatif«  qu’il distingue, très clairement, d’une auto-gestion : « C’est tout sauf ça, on amène une structure, on sait où on veut aller, mais quand tu réussis à impliquer, à ce que ça vienne en partie d’eux, l’énergie qui vient du joueur n’est pas la même, c’est être un guide pour les joueurs. » Tout en gardant toutefois un « cadre de vie » et les règles qui vont avec.

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Francis de Percin, à l’arrière-plan, évoluait jusque là dans l’ombre de Philippe Hinschberger.

Pour avoir l’effectif avec lui, Patrice Descamps peut par ailleurs s’appuyer sur les jeunes issus du centre de formation qu’il a bien connus à l’occasion de ses précédentes fonctions : « C’est indéniablement un avantage d’avoir des joueurs du centre, parce qu’au-delà de ceux qui étaient au centre il y a quelques semaines, il y a des garçons comme Iron (Gomis) qui étaient là quand j’entraînais en équipe réserve, ils connaissent mon état d’esprit, celui dans lequel on veut évoluer, ça sert de relais avec les autres. »

Une préparation cahotique

Mais si la semaine a été agitée, il y a aussi eu un match à préparer. Sans analyste vidéo, Maxime Bouffaut ayant quitté ses fonctions en même temps que Philippe Hinschberger, mais ayant « préparé comme il le faisait avant de partir. » Et qui a été suppléé également par d’autres canaux : « On a quand même regardé les derniers matchs de Nîmes, le réseau a fonctionné aussi pour avoir des informations. » Un adversaire sur lequel nous n’aurons pas d’avis plus détaillé, le coach amiénois clamant qu’« on a présenté l’adversaire, mais ce qui nous intéresse, si on veut retrouver l’intensité, c’est se reconcentrer sur nous, sur ce qu’on doit faire, comment on peut le faire. »

Et justement, sur le terrain, « on a mis les bases de notre nouveau projet de jeu » assure Patrice Descamps, tout en prévenant avec une grande prudence : « On fait du concentré, ce qu’on a mis en place cette semaine, c’est ce qu’on aurait pu mettre en place sur une semaine en pré-saison, donc en effet, ne vous attendez pas à ce que tout change tout d’un coup. On sait que ce sera par tâtonnements, on n’a pas beaucoup de temps, certes, c’est une équation sous contrainte. À nous de pouvoir rapidement mettre en place ce projet de jeu. L’idée, c’est de mettre des repères plus importants pour avoir moins d’incertitudes. »

L’incertitude, en revanche, entoure Antoine Leautey, annoncé touché mais présent dans le groupe, à l’inverse d’Assogba et Ring.


Ligue 2, 30ème journée
Samedi 8 avril, 19h, Stade Crédit Agricole la Licorne : Amiens SC (11ème, 37 pts) – Nîmes Olympique (18ème, 29 pts)

Le groupe : Gurtner, Charruau – Mendy, Opoku, Xantippe, Barry, Nojo Fofana, Ouattara – Gomis, Gene, Doums Fofana, Lachuer, Gélin, Kakuta – Leautey, Cissé, Ilenikhena, Antiste, Bandé, Chibozo


Morgan Chaumier
Crédits photos : Kevin Devigne / Léandre Leber – Gazette Sports