ROUTE DU RHUM : Hissez haut les bénévoles !

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Ils et elles étaient trois fois plus nombreux à Saint-Malo que les 138 skippers de la Route du Rhum : les bénévoles qui ont aidé aux préparatifs du départ de la reine des transats. Parmi ces passionnés de voile, une figure bien connue à Amiens et dans la région, François Joliveau.

Président du Comité Somme de voile et ancien président du club Amiens Voile, vice-président du Comité départemental olympique et sportif : ces casquettes attestent déjà du goût de l’engagement que possède François Joliveau. Mais comme l’appétit vient en mangeant, il n’a pas hésité quand, « au printemps dernier, une campagne de recrutement de bénévoles a été lancée pour la Route du Rhum. Coup de chance, j’étais sur place, en vacances avec mon petit bateau, un Laser, en train de faire quelques bords dans la baie de Saint-Malo. J’ai rempli un CV et début mai, j’ai reçu un mail me précisant que j’étais validé comme bénévole » raconte le Samarien au pied marin.

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Sa démarche « peut être reproduite par toutes celles et ceux, pratiquant la voile, qui voudraient participer à l’organisation du départ de la Route du Rhum, à une échelle très modeste. Il suffit de prendre quelques jours ou d’avoir une sous-pente de 15 m² à Saint-Malo (sourire) et de s’intéresser à ce qu’il se passe dans le milieu de la voile. Ici, on se trouve juste derrière la Société nautique de la baie de Saint-Malo, la SNBSM, qui est le club porteur de la Route du Rhum, avec de nombreux relais commerciaux, administratifs, de communication très forts qui viennent l’épauler. Pour un événement de cette ampleur, il faut vraiment du monde et c’est là que j’interviens. »

Poser parfois des interdits, avec le sourire

Dans le détail, il y a deux grands types de mission pour les 400 bénévoles « dont 200 actifs sur le terrain » selon François Joliveau – qui œuvrent jusqu’au départ : « une commission maritime pour accompagner le comité de course et le jury en mer, entre Cancale et la Guadeloupe, car il y a des points de passage obligés. Il faut pour cela être très disponible, bien connaître le coin et être reconnu au niveau national. C’est aussi un peu réservé aux Malouins, globalement.
Ou alors on peut être affecté à une commission plus basique, mais importante quand chaque jour des centaines de milliers de personnes se baladent sur les pontons. C’est la commission des quais, des pontons, des paddocks et des parkings, amenée à gérer le flux du grand public. Et ça a du piquant ! On doit accompagner les spectateurs, quelquefois hélas pour interdire de monter sur les pontons déjà bien encombrés par les équipes techniques, par les skippers etc. pour que ça se passe le mieux possible, sans accident. Et aussi entretenir la convivialité, pour renseigner et guider les gens qui ne connaissent pas les bateaux, qui ne savent pas trop comment ça se passe… »

François Joliveau a pu constater que l’organisation était « rigoureuse, bien faite : elle nous place en binômes, sur les 20 points de contrôle du public. Pas un contrôle de police, attention ! Mais pour faciliter le passage, la circulation. On a une petite carte pour savoir, jour après jour, à quel emplacement on doit se rendre. Certains lieux sont un peu éloignés du public, comme les paddocks, d’autres au contact comme cet après-midi pour moi (entretien réalisé le 3 novembre, ndlr), à la jonction des Imoca et des Ocean Fifty (anciennement Multi 50, ndlr).

Les bénévoles ne risquent pas de sombrer dans la monotonie : « On nous fait tourner : j’ai fait 2 parkings, 3 quais, un ponton, un paddock. Il y a partout du public, plus ou moins, mais toujours. Il faut parfois gérer, par exemple, des passerelles humides un peu glissantes, dans la bonne humeur et la convivialité, ce qui n’est pas toujours facile… » poursuit notre bénévole amiénois qui ne se départit jamais de son sourire.

Les navigateurs sont des athlètes de haut niveau, faut pas se leurrer…

François Joliveau

L’entrée au village-départ est gratuite, ce qui explique aussi l’affluence. D’après le président du Comité Somme de voile, « il y a une vraie volonté politique, sociétale d’amener le public dans le village. C’est très positif, contrairement à des salons ou d’autres manifestations qui sont payantes et parfois très chers, ce qui peut être prohibitif pour les familles. Et sans autant de bénévoles, le coût serait bien supérieur pour l’organisation, car il faudrait embaucher des contrats courts pour la sécurité » analyse-t-il.

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Quand il est à Argoeuves, le président du Comité Somme de Voile n’hésite à montrer l’exemple…

Si, par définition, le bénévole n’est pas payé, il est aux premières loges, ce qui n’a pas de prix : « On a la chance de croiser les navigateurs, même si les derniers jours, forcément, ils rentrent en phase de concentration. Ce sont des athlètes de haut niveau, faut pas se leurrer… Et on voit les équipes techniques. On peut être très proches des bateaux, voir en vrai, concrètement, tous les petits dispositifs dont parlent les journaux et constater la grande technicité de ces Formules 1 que sont les Ultim ! »

Les yeux bleus de François Joliveau se mettent à briller… Il réalise qu’« un homme va se retrouver seul sur un de ces géants de 32 mètres de long et 23 de large, c’est énorme… Mais il faut savoir que ce type d’engins de haute compétition, avec des étraves (la proue du voilier, ndlr) qui font quasiment 2 m de haut et qui sont capables de passer dans des vagues énormes, ont été réfléchis par les architectes pour être en partie presque autonomes. Même si le skipper reste le seul à faire les choix de voiles et à prendre des décisions que le bateau ne prendra pas tout seul. »

Une épreuve physique et psychologique

Pas si esseulés que ça, les solitaires du « Rhum » ? « À bord, il y a des pilotes automatiques, les GPS qui aident le skipper. De gros winchs qui permettent d’enrouler la voile autour. Pour la grand voile, la pression est de l’ordre d’une dizaine de tonnes. Donc le moindre mouvement décuple la force du skipper. Si ça paraît démesuré, le skipper est quand même très entouré par la technologie.
Le problème, c’est quand la technologie prend de la vague ou est défaillante : là, il faut revenir à une navigation plus terre-à-terre j’allais dire, plus physique, même si elle le reste parce qu’un bateau qui va à 25, 30 nœuds voire plus, sur des mers formées, il faut que les skippers et “skippeuses” aussi, elles sont 7 engagées, soient inébranlables. C’est vraiment une épreuve physique et psychologique forte, même s’ils y sont habitués. Ils ont un bagage technique et un vécu qui les autorisent à participer dans de plutôt pas trop mauvaises conditions, on va dire… »
estime en fin connaisseur François Joliveau. Avant de refaire son sac : trois jours plus tard que prévu, le départ a enfin été donné. Pour lui, il est temps de rentrer dans la Somme. 

Vincent Delorme (avec Léandre Leber)
Crédit photo : Léandre Leber et Reynald Valleron – Gazette Sports
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