C’est, sans surprise, un entraîneur des Portugais d’Amiens pleinement satisfait que l’on retrouvait à l’issue de la victoire sur Ailly-sur-Somme, en R2.
Quelle analyse fais-tu de cette victoire ?
On a eu une première mi-temps de très bonne facture. Tout au moins les 38 premières minutes où l’on a vraiment été bons. Parce qu’en fin de première mi-temps, peut-être du fait des efforts qu’on avait faits, on a senti qu’on avait un peu plus de mal à garder le ballon. Mais ça ne nous a pas porté préjudice, on n’a pas pris de but.
En deuxième mi-temps, c’est l’inverse, on a eu un peu de mal à rentrer dans cette deuxième mi-temps, pendant quelques minutes, même un petit quart d’heure. On n’est pas forcément mis en danger mais Ailly joue son va-tout, met deux attaquants. C’est normal aussi qu’ils poussent mais sans qu’on soit inquiété puisque Demba (Gningue, ndlr) n’a pas eu d’arrêt à faire. Et après, durant la dernière demi-heure, d’autant plus une fois qu’ils ont pris le carton rouge, ça a été très compliqué pour eux.
Donc j’ai vu une grosse maîtrise collective. Au niveau des consignes, toute la semaine, on a travaillé sur des choses bien précises, et une fois encore, je les ai pas mal retrouvées, c’était intéressant. Les joueurs ont su très bien s’adapter au défi physique qu’Ailly-sur-Somme a essayé de mettre en place. La victoire est méritée, les joueurs ont mis tous les ingrédients qu’il fallait du début à la fin pour qu’on puisse remporter ce match. 4-0, c’est encore un gros score, mais ce n’est pas ce que je vais retenir. Ce que je vais retenir, c’est la manière dont on a remporté ce match.
4-0, c’est encore un gros score, mais ce n’est pas ce que je vais retenir. Ce que je vais retenir, c’est la manière dont on a remporté ce match.
Avant la supériorité numérique, il n’y a pas tant que ça d’occasions franches mais il y a cette capacité à faire mal dès qu’il y en a…
Exactement. On a beaucoup de situations mais pas énormément d’occasions franches et la plupart ont été concrétisées. C’est pour ça qu’on a ramené certains joueurs. En l’occurrence Micka (Despois, ndlr) qui marque un doublé, mais aussi Jonathan (Isambart) ou Ryan (Da Veiga). S’ils sont là, c’est pour qu’on puisse être plus efficaces, parce que les saisons précédentes, on avait ce cruel manque d’efficacité qui faisait que des matchs comme ça, on pouvait ne pas les gagner, voire les perdre parce qu’on ne concrétisait pas.
Donc, oui, on a été efficaces, aussi bien offensivement que défensivement, et je tiens à le noter parce que ça fait encore un match sans prendre de but. Tout le monde travaille défensivement. On voit ceux qui n’ont pas forcément le réflexe de défendre qui se font violence. Tout le monde met la main à la pâte pour aider l’équipe. C’est plaisant à voir. Et pas que quand ils ont le ballon. J’ai vraiment beaucoup de plaisir à regarder mon équipe jouer, même quand elle n’a pas le ballon, ce qui faisait un peu défaut les saisons précédentes.
Tu sembles de plus en plus positif sur ce que tu vois. C’est plutôt bon signe après un début déjà bon comptablement, même si cela reste à confirmer ?
Sur les deux derniers matchs, 8-0, 4-0, si je n’étais pas positif, je ne vois pas quand je le serais ! Oui, il y a encore des choses à travailler, bien évidemment, mais j’ai vraiment envie de mettre l’accent sur ce qui est positif. Parce que les joueurs font de gros efforts, je sens une vraie montée en puissance au fur et à mesure des matchs.
Alors, oui, on va certainement, comme c’est arrivé à Chevrières, se prendre les pieds dans le tapis. Il faudra très vite rebondir et faire en sorte que ça arrive le plus tard possible. Mais il y a vraiment beaucoup de positif à tirer de ce que je vois. Je pense que les joueurs prennent du plaisir et c’est la priorité. Parce que si c’est le cas, naturellement, ça va suivre, vu l’effectif qu’on a.
Maintenant, on ne se prend pas pour qui l’on n’est pas. Je sais qu’une saison, c’est long et semé d’embûches, des blessures, des suspensions, des méformes, ça peut très vite tourner en notre défaveur. Je reste mesuré, mais pour l’instant, on fait le travail et on le fait bien. On a eu un accroc qu’on a su rectifier très rapidement. Je demande à voir la suite, je suis enthousiaste.
Tu parles d’une équipe qui prend du plaisir à défendre, c’est ce qui peut faire la différence dans ce championnat ?
Exactement, c’est ce qui nous faisait un peu défaut. On se reposait trop sur des joueurs à vocation dite défensive, qui faisaient le travail mais ne pouvaient tout faire. L’effort se fait depuis le joueur le plus haut et en bloc. Cela facilite le travail de la défense. Et d’une manière générale, en défendant tous ensemble, on puise moins dans les ressources de certains joueurs et, de ce fait, on est moins fatigués, plus lucides. Et ça donne ce qu’on voit sur les derniers matchs où l’on ne prend pas de but et où je n’ai pas vu d’occasion où j’ai frissonné.
C’est aussi intéressant de voir Camille Poidevin se mettre au diapason de l’efficacité offensive de l’effectif ?
Il marque et il est aussi passeur décisif. On échange beaucoup, il avait cette petite problématique d’efficacité qui lui faisait défaut. Pourtant, c’est quelqu’un qui travaille beaucoup devant le but pour essayer d’être le plus efficace possible. À côté de ça, il fait des efforts énormes, des appels tranchants, il est hyper important sur l’aspect défensif. Je savais que ça viendrait. Là, il se met au niveau, les autres l’emmènent, il est de plus en plus efficace. C’est de bon augure pour toute l’équipe. Je l’encourage à continuer sur cette voie parce qu’aujourd’hui, c’est une pièce indispensable de notre puzzle.
À l'issue de la rencontre nous avons également recueilli la réaction de Jean-Charles Suiveng, coach d'Ailly-sur-Somme : "Le score est sévère. Mais j'ai envie d'en retirer le positif, mes joueurs n'ont rien lâché. J'aurais voulu qu'ils soient récompensés au moins par un but. Après, on savait que les Portugais, ça jouait au football, avec des joueurs qui pour la plupart ont joué en N3, donc ça va très vite, techniquement, c'est propre et forcément, on a souffert. Malgré tout, je tire le chapeau à mon équipe. Les Portugais ont une capacité à faire mal, c'est tranchant, ça percute, les joueurs se trouvent parce qu'ils sont habitués à jouer ensemble. Nous, on sait qu'on a des carences sur le plan offensif, on essaie de progresser à ce niveau-là pour peser un peu plus, pour faire mal à l'adversaire. On s'est battu avec nos armes, mais il y a deux classes d'écart."
Propos recueillis par Morgan Chaumier
Crédit photo : Kevin Devigne – Gazette Sports