En cet été finissant de 1972, les Jeux Olympiques de Munich viennent d’entamer leur deuxième et dernière semaine de compétition, théâtre d’une journée terrible dans l’histoire du sport.
La natation s’achève avec la razzia de l’Américain Mark Spitz qui remporte à la fois 7 médailles d’or sur 7 courses disputées et autant de records du monde. La natation française a fait naufrage et le journaliste du Parisien affirme même qu’à Montréal en 1976, ce sera pire. En athlétisme, le Soviétique Valeri Borzov réussit le doublé 100 et 200m tandis que l’Africain Keino survole le 3000m steeple et que Guy Drut affiche ses ambitions en accédant à la finale du 110m haies. Dans quatre ans, il sera champion olympique.
Nous sommes le mardi 5 septembre 1972 et entre 4 et 5 heures du matin, c’est le drame. Des terroristes palestiniens de Septembre Noir parviennent à pénétrer dans le village olympique et ils accèdent directement au pavillon 31, là où se trouve la délégation israélienne. Tout est prévu. Ces terroristes palestiniens (c’est le terme employé dans les journaux le lendemain), ont surtout visé les athlètes et dirigeants israéliens. Certains athlètes ont pu s’échapper mais un entraîneur et un dirigeant ont été tués tandis que les Palestiniens gardent neuf otages. Vient alors le moment des discussions entre d’une part Bonn, Tel Aviv, Munich, le CIO et le gouvernement égyptien. Dans un premier temps, Avery Brundage, toujours président du CIO déclare que les Jeux doivent continuer. Mais les compétitions sont quand même suspendues avant de reprendre un peu plus tard, après que les athlètes du monde entier aient été consultés. On imagine l’ambiance qui devait alors régner au sein du village olympique avec des informations plus ou moins erronées.
Dans un article précédent, nous avons indiqué que le hockeyeur amiénois Marc Chapon avait vécu de près les évènements. L’attente fut longue. Le Français Maurice Herzog souhaitait une réunion d’urgence du CIO mais il ne fut pas suivi car M. Brundage avait pris les choses en main. Fait rarissime : les athlètes égyptiens décidaient en signe de protestation de se retirer des Jeux qui allaient quand même reprendre.
Les terroristes palestiniens avaient bafoué l’idéal olympique.
Toute la presse relatait bien sûr ces faits tragiques. L’Equipe titrait sur 8 colonnes: « L’odieuse agression de Munich compromet la suite des Jeux« . C’est que depuis l’Antiquité, une trêve était toujours respectée au moment des Jeux. Les mots horrible, lâcheté, ignoble agression, indignation revenaient le plus souvent dans les journaux. Edouard Seidler dans le journal L’Equipe affirmait « la paix olympique peut être plus forte que la violence« . Le village olympique qui était un lieu de joie et de fraternité est devenu subitement silencieux. Evènement plutôt sympathique en ces heures dramatiques : la championne olympique du 400m à Mexico Colette Besson annonce à Munich qu’elle aime l’athlète anglais Dave Bedford et qu’elle va même l’épouser. De leur côté, les athlètes du monde entier manifestent leur courroux auprès du CIO à qui il demande d’assouplir sa position vis à vis de l’amateurisme. Les Jeux devaient reprendre rapidement mais ces évènements avaient laissé des traces au sein même du CIO puisque M. Brundage pourtant sur le départ avait tout décidé seul et sans aucune consultation avec ses collègues du CIO. Dans le journal Nord Eclair, Gérard Delattre écrit « c’est peut-être aussi l’idéal olympique qui est frappé à mort« . Non, les Jeux Olympiques sont plus forts que tout et ils reprendront leur marche en avant.
Lionel Herbet
Crédit Photo : DR – Racine47 – Henning Schlotmann