Lionel Herbet nous parle de la pression croissante qui s’exerce sur les entraîneurs. Et peut avoir des conséquences sur leur santé.
Elle est loin cette époque où, par exemple, dans le football, un seul entraîneur était à la tête d’une équipe de haut niveau. Ainsi à l’Amiens SC, dans les années 70, André Grillon n’avait pas d’adjoint. Tout au plus, à ses côtés, il pouvait compter sur un médecin, un kiné et, en tant que dirigeant, Pierre Lesueur, un homme ou plutôt un serviteur qu’on ne rencontre plus aujourd’hui. Idem au SC Abbeville où les François Wicart, Pierre Garcia et même Patrick Gonfalone étaient seuls aux commandes.
Tout a changé depuis une vingtaine d’années avec l’arrivée des nouvelles techniques, la vidéo, les méthodes modernes informatiques soit tout un arsenal qu’on pourrait qualifier de travail de l’ombre car il n’est pas visible du grand public. Peu à peu, le cercle s’est agrandi auprès de l’entraîneur mais il reste quand même celui qui décide en dernier et qui trinquera en cas de mauvais résultats.
Du coup, la pression devient de plus en plus grande au-dessus de la tête de l’entraîneur. Le stress peut alors tourner à l‘angoisse ou l’anxiété. Évidemment, et ce n’est heureusement pas toujours le cas, il arrive que l’entraîneur soit trahi par un des siens mais convenons que cela se produit plus rarement de nos jours. Au-dessus de la tête de l’entraîneur que ce soit avant, pendant et après les matches, il y a une sorte d’épée de Damoclès.
Des conséquences sur la santé
Mais au-delà de cette pression, de ce stress, est en jeu la santé de l’entraîneur qui a un cœur comme tout le monde et un cœur qui peut flancher à n’importe quel moment. On a vu ces dernières années apparaître le mot burn-out de l’entraîneur. « On voit de plus en plus d’entraîneurs, toutes disciplines confondues, qui viennent avouer chez un spécialiste leur mal-être ou leur malaise ». Cette déclaration émane d’Annaëlle Malherbe, chargée de mission en psychologie de sport au sein du pôle performance de l’INSEP.
Ainsi, ce terme de burn-out n’est pas utilisé que pour le commun des mortels. Le sportif est aussi concerné. On a donc vu des entraîneurs de renom avoir besoin de souffler car ils étaient épuisés à la fois physiquement mais surtout mentalement. Et c’est là que cela devient dangereux. Le seul remède est clair : le repos.
Un sujet pris au sérieux par l’INSEP
La revue de l’INSEP (juillet-août 2022) a évoqué le sujet sur le stress de l’entraîneur qui va bien au-delà du football. Aujourd’hui, l’entraîneur doit savoir gérer ce problème et s’il y parvient, ce sera une performance. Il n’aura pas gagné un match mais un combat contre ce fléau de plus en plus en plus répandu. Le Mag de l’INSEP a même repris une phrase du regretté Gérard Houllier qui est décédé voici quelques années et avait été victime d’accidents cardiaques dus bien sûr au stress. « Des activités, il y en avait trop. Je voulais faire trop de choses et il m’a fallu un certain temps, peut-être un accident grave, pour découvrir qu’il faut aussi s’occuper de soi ». Gérard Houllier que nous avons bien connu avait parfaitement raison.
Aujourd’hui, l’entraîneur dans n’importe quelle discipline, multiplie les casquettes et les missions. En véritable manager de la performance, il doit aujourd’hui faire face à une accumulation de tâches. Soit un engagement de tous les instants dans un temps contraint qui ne permet pas toujours d’avoir des moments de respiration afin de se ressourcer et d’être créatif.
Aujourd’hui, la charge de travail et le stress sont pour un entraîneur, les deux principaux adversaires.
Lionel Herbet
Crédit photo : Kevin Devigne – Gazette Sports