Intégré au staff de l’Amiens Hockey Elite récemment, le nouveau coach des U20 et directeur du centre de formation, Guillaume Mennessier partage ses ambitions.
Pouvez-vous me décrire comment s’est fait votre retour à l’AHE ?
Ça s’est fait tout simplement, Elie Marcos m’a contacté au mois d’avril pour me dire qu’il souhaitait structurer le centre de formation et créer un poste de directeur. Il m’a simplement demandé si c’était un poste qui pouvait m’intéresser. Moi, j’ai toujours été dans le hockey depuis que j’ai 6 ans, Amiens c’est mon club, j’ai grandi dans ce club, j’ai joué pour ce club et j’ai entrainé pour ce club. J’ai fait une petite pause parce que j’avais besoin de me prouver que j’étais aussi capable de faire autre chose, notamment avec le service public de la capacité énergétique qui m’a permis d’acquérir des compétences administratives et logistiques. Certainement que sans cette expérience, peut-être que le club ne m’aurait jamais proposé d’être directeur du centre de formation.
Pouvez-vous nous dire en quoi va consister ce rôle de directeur ?
Ça va déjà consister à veiller au respect du cahier des charges imposé par la fédération. Il faut rappeler qu’il n’y a que quatre centres de formation en France : Grenoble, Rouen, Angers et Amiens. Bien évidemment, s’il n’y en a que quatre, c’est que les exigences ne peuvent être à la portée de tous les clubs. Il y a tout le suivi médical, scolaire et sportif des joueurs, les relations avec les établissements solaires, qu’il faut non seulement entretenir mais surtout développer l’offre qu’on est en capacité d’offrir aux joueurs. Parce qu’à long terme, le but est qu’un joueur puisse suivre n’importe quelle formation. Que ça soit de la formation professionnelle, générale ou enseignement supérieurs. Dans les missions du directeur de centre de formation il y a également le fait de gérer le bon équilibre entre les charges de travails et scolaires.
Votre expérience à la commission jeune de la FFHG vous a-t-elle donné des clés pour subvenir à votre nouveau rôle ?
Pas vraiment car le rôle de cette commission jeune était de réfléchir à l’organisation des championnats sur toutes les catégories élite. Nous voulions gérer cette problématique des longs déplacements car les patinoires sont éloignées en France. On sait qu’à ces niveaux les équipes doivent traverser toute la France pour jouer des matchs et donc ça fait beaucoup de temps de trajet, beaucoup d’argent en jeu pour les clubs. Il y a actuellement une réflexion au sein de la fédération pour trouver le meilleur compromis possible entre l’intérêt sportif du championnat et de ne pas mettre les clubs en difficulté financièrement.
Pour en revenir sur la partie coaching des U20, y a-t-il une stratégie de jeu que vous voudriez mettre en place ?
La première chose que j’ai faite c’est de m’entretenir avec Anthony Mortas et Éric Medeiros puisque je leur ai dit que ça me paraissait évident que je me mette à leur service. Le but c’est de développer des joueurs qui, s’il faut, seront capables de s’adapter rapidement au système de jeu mis en place par l’équipe en Ligue Magnus.
Pour ce qui est de stratégie pure dans le jeu, je n’ai jamais entrainé les joueurs que je vais récupérer mais en tout cas je les connais tous pour avoir assisté à plusieurs matchs ces dernières années. Ce qui veut dire que je les ai vus évoluer, mais entre les voir dans les gradins et les avoir au quotidien à l’entrainement et en match, je ne sais pas encore trop où se situe mon groupe. Là il va falloir que je travaille avec eux sur la glace pour me rendre compte des forces et faiblesses en présence. Je pense malgré tout axer, sur les premiers mois, sur un système défensif. Je suis plutôt partisan d’avoir une bonne assise défensive et de laisser un peu plus de liberté et de créativité sur l’aspect offensif du jeu.
On souhaite faire d’eux, non seulement des bons sportifs mais de bonnes personnes dans leur vie future.
Dans un aspect un peu plus hors glace, quelles valeurs voulez-vous transmettre?
Une des choses que l’on souhaite faire, c’est de leur inculquer qu’être un joueur professionnel, ce n’est pas juste bien savoir jouer au hockey. Etre un athlète de haut niveau ça comprend d’autres dimensions que juste le hockey sur glace. Il faut être un athlète physiquement, on sait que l’on va être très exigeant et je suis ravi que le club ait recruté Mathieu Pingeot. Puis ensuite évidemment tout ce qui va être l’hygiène de vie, le goût de l’effort, les attitudes d’un professionnel. On souhaite faire d’eux, non seulement des bons sportifs mais de bonnes personnes dans leur vie future.
Avez-vous des ambitions à court terme avec cette équipe U20 ?
L’objectif prioritaire va être de se maintenir dans la poule B. Il n’y a que quatre centres de formation en France, il n’y a que neuf pôles espoir donc Amiens fait partie des clubs qui ont les deux, alors on ne peut pas envisager qu’Amiens ne fasse pas partie des huit meilleures équipes du championnat. Depuis ce système de championnat à poules, Amiens a toujours fait partie, soit de la poule A, soit de la poule B. L’intérêt, continuer de pouvoir jouer des matchs contre les équipes plus compétitives de la poule A, ce qui ne se ferait plus en cas de descente. Même si pour moi, une des qualités d’un sportif de haut niveau, c’est l’humilité et peu importe qui est l’adversaire en face. Il n’y a pas cinquante mille façons de jouer au hockey, il n’y en a qu’une, se donner à fond chaque seconde passée sur la glace.
Ilies Djemel est le seul amiénois convoqué en équipe de France U20 cette année, est-ce quelque chose que vous voulez améliorer ?
Bien évidemment ! C’est un des points dont on parle beaucoup lors des réunions parce que, ce n’est pas normal qu’un centre de formation professionnelle n’alimente pas l’équipe nationale. Aujourd’hui on se rend compte que les joueurs ne réalisent pas les exigences demandées par la fédération. Normalement on doit avoir un certain pourcentage de joueurs dans l’équipe nationale, ou identifié comme ayant un potentiel pour jouer en équipe nationale. On sait très bien qu’à haut niveau les places sont chères et parfois ce n’est pas un choix sur un niveau sportif mais sur le comportement hors glace, l’entente et la cohésion de groupe.
L’équipe réserve va connaître sa première saison en D2, en quoi ça va vous aider ?
L’objectif d’avoir une équipe en deuxième division c’est avant tout pour doubler le volume de matchs pour nos joueurs U20. C’est quasiment 100% de l’équipe U20 qui joue pour la D2 de Rouen, Angers et Grenoble (avec Vaujany). Aujourd’hui on a appelé quelques anciens joueurs pour avoir un pôle de joueurs identifié D2 qui sera systématiquement complété par 10 ou 12 joueurs U20 à chaque match. C’est la situation sportive du club qui nous impose de faire ça, mais à long terme, c’est une équipe entièrement constituée de U20 qui jouera en D2. La problématique du championnat U20 est que nous n’avons qu’une vingtaine de matchs alors qu’ailleurs en Europe, les jeunes jouent entre 40 et 60 matchs et donc une fois sur la scène internationale, on réalise vite l’écart de niveau.
Propos recueillis par Kevin Devigne
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