Soulagée à l’idée d’avoir touché au but, « à savoir le maintien », Camille Merle dresse dès lors et sans concessions le bilan de l’exercice 2021/2022. Un ressenti où s’entremêlent satisfactions, voire légères amertumes…
La saison se termine avec un objectif défini préalablement atteint…
Effectivement, l’essentiel est acquis ! L’Amiens SC évoluera dans l’antichambre du championnat national à la rentrée. C’était la préoccupation du club, tout autant que la mienne d’ailleurs.
Vous semblez appréhender ce dénouement avec une certaine retenue…
Peut-être, certainement même. Cet exercice s’est révélé particulièrement éprouvant tant sur le plan physique que psychologique. Ascenseurs émotionnels, engendrés par les résultats notamment, qu’il a fallu gérer. J’admets avoir « donné de ma personne » afin d’y parvenir. Un aveu que j’assume et qui ne laisse entrevoir aucun regret.
J’admets avoir « donné de ma personne » afin d’y parvenir.
Vous tenez des propos contrastés…
C’est exact. A l’euphorie de pouvoir relever ce que je considère toujours comme un « beau challenge » est venu se greffer un bilan que j’ose définir en demi-teinte. Et je ne m’attendais pas véritablement à devoir jongler en permanence afin d’éviter de froisser les susceptibilités et les égaux dans le but de préserver l’unité d’un groupe qui a dû faire face à de nombreux contretemps. Des péripéties qui n’ont pas épargné un groupe au demeurant un peu juste.
Un constat, qui traduit le parcours de l’Amiens SC ?
Je n’ai jamais eu l’habitude ou le souhait de me dissimuler derrière mon petit doigt mais il est vrai que les ambitions, chuchotées durant l’intersaison, ont été rapidement revues à la baisse. Cependant, il convient de saluer l’abnégation d’une troupe qui a su se serrer les coudes et sauvegarder son équilibre. Evitant ainsi de basculer dans des eaux troubles qui, parfois, nous ont hanté l’esprit je l’avoue…
Vous dressez un bilan sans langue de bois…
Pourquoi oserais-je le faire ? Soyons lucide, l’Amiens SC était attendu, je l’étais également. Par conséquent, je dois avoir aussi ma part de responsabilité. Toutefois, il est difficile, périlleux voire impossible de métamorphoser quelque chose… L’ASC a su s’appuyer sur certains cadres, lesquels affichent aujourd’hui l’envie de souffler. Preuve que cet exercice n’a pas été de tout repos.
Serait-ce une page qui se tourne ?
La réponse à cette question ne me revient pas… Cependant, j’ai mon point de vue sur celle-ci. Me concernant, l’aventure « senior » se termine. A la rentrée, je retrouve une atmosphère enfantine qui me convient bien. Je cède la place à Francis Thorrignac (1) afin de me consacrer à la pré-formation, dans un rôle de coordinatrice. Accompagner les premiers pas de ces demoiselles en culotte courte est un nouveau pari qui me plait bien (rire).
Accompagner les premières pas de ces demoiselles en culotte courte est un nouveau pari qui me plait bien
Quoique délicate, cette saison suscite quelques satisfactions néanmoins ?
Assurément, mais elle a aussi mise en exergue la difficulté à passer d’un statut de coéquipière à celui de coach. Et certaines prises de position engendrent parfois, souvent, des grincements de dent. Toutefois, j’ai le sentiment de passer le flambeau, animée d’un devoir accompli. L’ASC demeure toujours au niveau où l’on me l’a confié et la Coupe Départementale reste dans sa vitrine. J’en profite également pour remercier les filles, le staff, et toutes ces personnes qui m’ont toujours accordé leur confiance. Bien que tout n’a peut-être pas été parfait, je pense pouvoir « rendre mon trousseau de clefs » la tête haute.
Et la farouche volonté de rebondir ?
Oui mais, comme évoqué précédemment, au sein d’une pépinière qui constitue l’avenir local »
(1) Annoncé pour diriger une entente Amiens SC / Amiens Porto qui n’aura eu d’existence que sur … papier, Francis Thorrignac s’installera bel et bien sur le banc de l’équipe fanion du premier cité. Soucieux de (re)construire un groupe où plusieurs départs sont à prévoir.
Propos recueillis par Fabrice Biniek
Crédit photos : Illustration Gazettesports