EDITO : Non, l’école ne forme pas les champions français 

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Ainsi, Kevin Mayer a sauvé l’honneur de l’athlétisme français, en ramenant la seule médaille des championnats du monde d’athlétisme qui se sont déroulé aux États-Unis. Et qui plus est l’or dans l’épreuve sûrement la plus belle de ce sport : le décathlon.

En quelque sorte et même si les deux exploits sont différents, force est de constater que Kevin Mayer a fait comme Christophe Laporte, seul vainqueur français d’une étape au Tour de France. Il a sauvé l’honneur du sport français. Kevin Mayer est un garçon que nous aimons bien. Nul mieux que lui ne sait repousser les limites de la souffrance. Et on peut même affirmer que plus ce champion souffre et plus il donne de l’espoir. Il avait ainsi très mal débuté ces championnats du monde comme du reste les Jeux Olympiques à Tokyo. Mais il a su puiser dans ses ressources, aller au-delà de ce qu’un être humain peut faire et décrocher l’or.

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Kevin Mayer a ensuite laissé parler son cœur devant les médias. D’abord, il a affirmé qu’il n’était pas seul dans son sport et qu’un athlète français qui avait pris place dans une finale avait autant de mérite que lui car il avait trimé dur pour parvenir à ce niveau. Nous pensons ainsi au sociétaire de l’Amiens UC Thomas Jordier, membre de l’équipe de France du 4x400m et qui a disputé la finale de ces Mondiaux d’athlétisme après avoir décroché auparavant le titre de champion de France individuel sur 400m.

Thomas Jordier a autant de mérite que Kevin Mayer et ses conditions d’entrainement sont sûrement moins favorables. Mais Jordier est un homme méritant qui mérite plus de considération. Kevin Mayer a aussi profité de l’occasion pour rappeler ce que le basketteur membre de l’équipe de France, Evan Fournier avait affirmé à Tokyo et démenti ainsi les propos du Ministre de l’Education Nationale de l’époque. Ce dernier affirmait avec un certain culot que les brillants résultats obtenus à Tokyo étaient dus à la pratique sportive dans nos écoles.

Non les résultats et les médailles que ramènent nos champions ne sont pas dus à l’école.

En dépit des discours tenus depuis des années, l’école n’est pas le seul réservoir de futurs champions. Pour la raison toute simple : le sport n’est pas pratiqué partout dans nos écoles. Exemple : la Journée Olympique qui se déroule chaque année dans le cadre de Samara.

Cette journée est réservée aux scolaires et en ce mercredi du mois de juin, on voit débarquer à Samara quelques centaines de jeunes venus de tout le département de la Somme et qui vont s’initier à la pratique de certains sports. Évidemment que cela est formidable et qu’il faut continuer dans cette voie même si pour Paris en 2024, c’est déjà trop tard.

Mais voilà la pratique du sport à l’école est surtout le fait de l’USEP. Cette association fournit un gros travail mais elle ne peut être partout. Il existe en effet des établissements scolaires dans lesquels l’USEP n’est pas présente et partant de là, le sport est peu pratiqué surtout si certains enseignants n’ont pas la fibre sportive.

Voilà pourquoi Kevin Mayer et auparavant Evan Fournier ont été catégoriques : ce n’est pas l’école qui est à l’origine de la réussite d’un sportif quel qu’il soit. C’est souvent le hasard qui fait qu’un entraîneur rencontre un jour un jeune qui a des qualités. Tous deux font alors un bon bout de chemin ensemble et il arrive que ça marche. 

Lionel Herbet

Crédit Photo : DR (Olympics)

Publié par Lionel Herbet

Journaliste historique du sport Picard et Amiénois. Lionel est la mémoire des plus grands exploits sportifs de la région.