AMIENS SC – Philippe Hinschberger : « On a joué en tongs »

football ligue 2 bkt amiens sc le havre gazettesports kevin devigne 30
Ⓒ Gazette Sports
Publicité des articles du site GazetteSports

Ce n’est pas peu dire que Philippe Hinschberger était passablement en colère après la prestation indigente de ses joueurs qui leur a valu une défaite 0-2 contre Le Havre.

Tu n’es pas satisfait de cette rencontre ?

publicite cit dessaint 2 gazette sports

Pas satisfait, c’est un doux euphémisme. On avait tout pour faire un bon match, un très bon terrain, du beau temps, un bel adversaire. On a fait une première mi-temps où j’ai l’impression qu’il suffisait d’appuyer sur l’accélérateur pour trouver une faille. Mais comme on n’avait pas envie de jouer les uns pour les autres, de jouer juste… On a un nombre de pertes de balle incalculable en première mi-temps. De toute façon, cette première mi-temps, on a cherché à attaquer, perte de balle, contre-attaque. C’est le résumé. En deuxième mi-temps, on a plutôt bien fini, on a joué 10 minutes dans le match, de la 80′ à la 90′, avec un peu de jeu vertical, quelques situations, des joueurs un peu lancés. On a vu que les gens n’attendaient que ça et malheureusement on n’a même pas été capables de leur servir ça.

Ce soir, j’en veux aux joueurs parce qu’ils ont eu un état d’esprit défaillant. On a joué en tongs, on a fait un match entre copains. Si on veut faire un match entre copains, il ne faut pas venir au Stade de la Licorne. Je suis très très déçu par l’état d’esprit.

On a fait un match entre copains. Si on veut faire un match entre copains, il ne faut pas venir au Stade de la Licorne. Je suis très très déçu par l’état d’esprit.

Le deuxième but…

Je m’en fous, on peut en prendre deux, trois, quatre, je m’en fous.

Ça a été quand même statique ?

Les défenseurs, je ne vais pas leur taper dessus. Parce que si je suis défenseur aujourd’hui, je les défonce, mes attaquants. Et quand je dis je les défonce, les mecs ne rentrent même pas à la mi-temps dans le vestiaire. Franchement ! Perte de ballon, je m’arrête et démerdez-vous derrière, pendant une heure et demi on a vu ça. C’est pas sérieux ! C’est ne pas respecter le foot, ne pas respecter ses partenaires, ne pas respecter notre travail, ne pas respecter le club.

Si je suis défenseur aujourd’hui, je les défonce, mes attaquants.

On n’a pas fait souvent des matchs comme ça mais ce n’est pas parce que c’est un match de fin de saison… Même au contraire, on a tout à gagner d’un match comme ça : se faire plaisir, faire plaisir aux gens. Et à côté de ça, on passe complètement à côté de notre sujet, pas avec nos pieds mais avec nos têtes.

On t’a rarement vu en colère comme ça…

Parce que je ne comprends pas. J’ai été footballeur assez longtemps, j’en ai fait des matchs pour rien, j’ai envie de me faire plaisir, justement, quand il n’y a pas de pression. Là, on a fait l’inverse, donc oui, je suis extrêmement déçu de l’état d’esprit.

Et ce n’est pas comme ça qu’on va finir la saison, je vous le dis tout de suite. On va à Dunkerque dans trois jours, celui qui n’est pas dans le match, au bout de 20 minutes, il sort. Ce n’est pas une question de perdre des ballons, vous l’avez senti cette atmosphère, où c’est crispant, énervant parce qu’on n’a qu’à faire bien. On aura montré que 4-5 situations à la mi-temps de ce qu’il faut faire, des choses simples : fixer dans l’axe, trouver les côtés. Ça semblait tellement facile… En félicitant Le Havre pour leur victoire. Ils ont déroulé leur football. En première mi-temps, ils n’ont pas non plus été très dangereux parce qu’ils n’ont pas été adroits dans les 30 derniers mètres, on a pu s’en sortir assez facilement. Mais on finit le match avec un tir cadré, franchement, c’est du foutage de gueule !

On finit le match avec un tir cadré, franchement, c’est du foutage de gueule !

Est-ce vraiment une surprise ?

On a été faire un match à Caen il y a trois jours dans un état d’esprit excellent, c’était le même groupe. J’ai du mal à m’expliquer que l’on puisse déjouer comme ça. Parce qu’on a déjoué, on a joué à l’envers.

Tu as bien senti que c’est ce qu’on craignait de certains joueurs ?

Eh bien j’en trouverai d’autres, je vous rassure. Je jouerai avec des gens qui ont envie de jouer au foot et qui ont envie de faire leur match. On va à Dunkerque, on va faire quoi ? On va aller faire un match comme ça pour aller perdre 3-0 à Dunkerque ? Après, on va à Grenoble qui n’est pas encore sauvé et après on joue les gens qui vont jouer la montée. On va recevoir le Paris FC et faire une prestation comme ça ? Ah, il pourra me téléphoner Jean-Marc Furlan (entraîneur d’Auxerre, à la lutte avec Paris pour la montée, ndlr), il aura raison. À un moment donné, il faut respecter les gens. Je suis très en colère.

C’est la catastrophe.

Tu parlais de vivre ensemble, jouer ensemble, on a vu tout le contraire ?

Oh, oui, c’est la catastrophe.

On a l’impression – je parle de la première mi-temps, après, je ne sais plus, je ne pourrais même pas analyser la deuxième – qu’il y a des choses simples à faire et qu’on ne veut pas les réaliser. Faisons les choses simples, faisons les bien et ça ira. On a vu d’ailleurs sur la fin de match que quand on commençait à jouer un peu dans le sens du terrain, un peu à une ou deux touches, en remise, avec des gens qui courent, ça va tout de suite mieux.

Tu as été tenté de faire des changements à la mi-temps ?

Tu attends toujours que, pfff… Je leur ai dit ce que je pensais de leur mi-temps à la mi-temps. Je leur ai demandé un autre comportement à la mi-temps, il était temps, le but a précipité les choses.

football ligue 2 bkt amiens sc le havre gazettesports kevin devigne 25
Kader Bamba a quitté le terrain après s’être emporté sur Sangante puis Gibaud

On a pourtant l’impression qu’elle était à votre portée, cette équipe du Havre ?

Si on appuie nos actions offensives en première mi-temps, parce qu’on a récupéré beaucoup de ballons, en plus, si on se déplace bien, si on veut faire le dernier geste, franchement ! C’est pour ça que je suis énervé. Parce qu’après, tu les laisses s’organiser, ils ont une occasion et ils ne la mettent pas à côté. Ce soir, il n’y a pas grand-chose à en retirer.

Kader Bamba qui a un peu pété les plombs…

C’est à l’image de son match, il n’était pas dans son match, lui comme les autres. C’est déjà bien qu’on finisse à 11, si je ne le sors pas, il se prend un rouge.

On est énervé par notre médiocrité.

Il était énervé…

Oui, on est énervé, c’est normal ! On est énervé par notre médiocrité. Moi aussi, je suis énervé, je suis entraîneur d’Amiens, je suis énervé de sa médiocrité. C’est normal et les joueurs sur le terrain, c’est pareil, mais pour ne pas être énervé, il faut faire ce qu’il faut. Quand on ne fait pas ce qu’il faut, on perd.

On s’est fait chier pendant quatre mois pour s’extirper de la zone dangereuse pour faire des prestations comme ça, j’attends autre chose. J’attends simplement ce que je connais de mon équipe.

Est-ce que certains avaient conscience de ça après le match ? Certains on pris la parole ?

Oh, on ne va pas leur demander de prendre la parole. D’ailleurs, il y a des moments, il vaut mieux qu’ils ne prennent pas la parole. Et il y a des moments où il vaudrait mieux qu’ils la prennent. Par exemple quand ils sont sur le terrain pour remettre un peu d’ordre dans la maison, ce serait bien. Mais après, il valait mieux qu’ils ne parlent pas.

Si on avait autant de professionnalisme pour faire des matchs que pour arriver en retard, on serait en Ligue des Champions.

Il est temps que la saison se termine ?

Plus que temps ! Et qu’on reparte sur une autre saison du bon pied.

Si on avait autant de professionnalisme pour faire des matchs que pour arriver en retard, on serait en Ligue des Champions.


Propos recueillis par Morgan Chaumier
Crédit photo : Kevin Devigne – Gazette Sports