Après la très belle victoire de son équipe face à Epernay, Martin Saleille est revenu sur cette prestation tout en évoquant la suite de la saison.
Peut-on parler de match référence aujourd’hui ?
Pour reprendre l’Agence tous risques, Hannibal Smith disait, “j’adore quand un plan se déroule sans accros”. Et aujourd’hui c’est un peu ce qui c’est passé. On avait un plan pour les jouer car on savait que c’était une très bonne équipe, solide et qui joue très bien. On avait identifié leurs top-players même s’ils ont beaucoup de bons joueurs et on a su les contenir. Les joueurs ont su mettre le plan en exécution et on a fait le meilleur match de la saison. On enchaîne les bonnes performances face à des concurrents directs et c’est très important. Ce que l’on n’avait pas réussi à faire en début de saison. Je suis très satisfait du groupe avec la réserve qui gagne aussi. On consolide notre place sur le podium pour les deux équipes avec en plus le bonus offensif, c’est une journée parfaite.
J’adore quand un plan se déroule sans accros”
Les conditions n’étaient pas faciles mais vous avez su parfaitement les utiliser aujourd’hui ...
Oui, en première période, le vent était contre nous mais on a su s’en sortir en le manœuvrant bien, tout en évitant de leur rendre le ballon pour leur permettre de s’en servir. En seconde période on a su l’utiliser en tentant des pénalités de loin, mais aussi en réservant une situation sur un coup de pied. On a fait une boulette dans le projet de jeu au début qui nous coûte un essai et que l’on reverra à la vidéo. Après on a changé un peu et l’on a décidé de vraiment utiliser le vent, Xavier Sueur a été très bon dans l’utilisation du jeu au pied. Il avait un peu de difficulté dans le fond du terrain, on a su en profiter comme la nouvelle règle du 50-20.
Vous avez fait beaucoup de fautes, c’est le petit point noir de la partie ?
On a fait pas mal de fautes dont certaines évitables. En première période on fait des fautes car ça va vite et que c’est compliqué de défendre. Après on fait des fautes par manque de concentration ou sur des petits détails. Je pense à Nolan Maze qui est un jeune sur qui on compte beaucoup, qui a été sanctionné rapidement après son entrée. Il fait une faute qui n’est pas grosse mais présente et il paye pour tous les autres au final. C’est aussi ça le rugby, du sacrifice. Il s’en voulait vraiment et était frustré de n’avoir joué qu’une minute au final. Mais je ne lui en veux pas du tout et ça fait aussi partie de l’apprentissage. On doit progresser là-dessus et continuer de travailler pour en faire moins.
Le projet de jeu prend vraiment forme et vous enchaînez les cartons offensifs. Cela compense le fait que vous preniez pas mal de points. Est-ce voulu et assumé ?
On va dire que si je jouais au foot je serais attaquant. Pour gagner il faut mettre plus de points que l’adversaire et c’est notre philosophie. On veut marquer le plus de points possible et le plus rapidement. Ce n’est pas pour rien que nous sommes la meilleure attaque, même si nous ne sommes pas l’une des meilleures défenses. Si l’on veut jouer les phases finales, il va falloir que l’on soit capable de continuer à produire du jeu car c’est notre ADN, tout en réduisant le nombre de points encaissés. Ça va être notre gros axe de progression sur la fin de saison. En tout cas, offensivement le projet de jeu prend vraiment forme et les joueurs sont en confiance.
Ils vous manquait des joueurs cadres aujourd’hui et pourtant cela ne se ressent pas vraiment. Est-ce la preuve d’une véritable force collective ?
On part du principe que le RCA seniors ce n’est qu’un seul groupe. Après le dimanche, il y a deux équipes, mais l’objectif c’est que tout le monde puisse jouer en A et tout le monde s’entraîne de la même manière. On avait des absents de taille comme O’neill ou Van Rensburg qui jouent régulièrement 80 minutes, mais leur remplaçant ont répondu présent avec Carpentier qui a joué 80 minutes et Clément Bamière qui a fait une bonne partie. Pour un club comme nous, on ne doit pas être dépendant de certains joueurs comme nos étrangers. Quand ils sont sur le terrain c’est formidable et ils nous aident à hausser notre niveau de jeu. Mais l’important c’est que le groupe progresse. Ces joueurs-là ne vont pas rester à vie chez nous et il faut que l’on puisse les remplacer. On doit se servir de leur présence pour que les joueurs aient envie de faire la même chose. On a de nombreux Amiénois dans l’équipe qui sortent du club et cela fait plaisir. Aujourd’hui, les joueurs ont su élever leur niveau pour battre une très belle équipe d’Epernay. Sur cette partie, il n’y a pas eu d’histoire de chance on a tout simplement été supérieur.
Notre pire ennemi dans cette poule c’est nous-même
Vous allez finir le bloc par deux matchs face à des équipes du bas de tableau, l’objectif c’est deux victoires ?
On va être favoris sur les deux matchs et l’on va viser les deux victoires, mais rien ne sera simple. On va se déplacer à Lille face à une équipe dont je me méfie beaucoup qui joue bien au rugby. Surtout notre pire ennemi dans cette poule c’est nous-même. Si l’on manque d’humilité on va passer à côté, si on les regarde jouer c’est pareil. Maintenant on arrive à ne plus regarder jouer les costauds, il faudra ne pas manquer d’humilité face à ces équipes. Quand on était en honneur il y avait 4 mots sur le maillot, humble et solidaire, noble et fier qui résonnent dans ma tête. Le premier est donc humble et il faudra l’être pour ne pas laisser de points en route face à ces équipes moins bien classées. Si l’on pense que la semaine prochaine on va prendre le bonus avant de jouer, on est mort. Face à Compiègne on a une revanche surtout face à nous même. Après cette défaite nous a servi de déclic et ce sera un derby donc un match tout sauf simple. Il faut en tout cas bien finir le bloc pour poursuivre sur notre lancée.
Ce bloc peut vous permettre de sceller votre place sur le podium, il est donc très important pour vous ?
Cette fin de bloc est vraiment importante si l’on fait le plein, surtout que certains concurrents vont se rencontrer. On peut faire un grand pas vers notre objectif mais on n’y est pas encore. Être qualifié avant le dernier bloc serait un plus, après on a annoncé vouloir être dans les 4, mais si l’on peut faire troisième pour éviter le barrage ce serait mieux. Et puis aujourd’hui on est deuxième et pourquoi pas y rester jusqu’au bout. Le match d’aujourd’hui était vraiment important dans la course aux phases finales. En début de saison, plusieurs équipes nous ont branché, en disant que l’on avait une trop grande bouche et que l’on parlait trop car on avait annoncé nos ambitions. Le début de saison n’a pas été bon et forcément on a pu paraître prétentieux. Avoir des ambitions ce n’est pas mauvais, mais c’est savoir ce que l’on veut et quoi faire quand ça va mal ou bien. Je leur avais dit en début de saison que 80% du groupe a le niveau pour être un bon équipier en fédérale 2. Pas forcément un top player mais un équipier et il faut des joueurs comme ça. Ils m’ont sûrement pris pour un fou mais aujourd’hui ils se rendent compte que je n’avais pas forcément tort. On prouve qu’on a le niveau pour être dans le top de la fédérale 3. Les joueurs ne font que progresser et sont conscients de notre niveau et de ce dont on est capable.
Vous avez en tout cas votre destin en main aujourd’hui ?
Oui, on a les cartes en main car on est devant et que l’on va rencontrer des équipes du bas de tableau et deux de nos concurrents dont un à domicile. Il faut finir. Une saison c’est comme un match, il faut savoir la finir. Le match de Compiègne c’est un peu notre saison, on démarre mal, derrière on revient fort et l’on avait fini par s’incliner. Là il faudra être capable de finir et de ne pas tout gâcher. C’est peut-être le plus dur de finir. Tant que les adversaires peuvent encore nous rattraper il faut faire attention donc je vais faire attention.
Aurélien Finet
Crédit Photo : Kévin Devigne – Gazettesports