Comment ne pas associer la carrière de Daniel Senet à celle de son entraîneur Rolf Maier ? Retour en arrière au coeur des années 60. En France, le sport n’est pas très brillant et on se souvient de la débâcle des Jeux de Rome en 1960.
Le Général de Gaulle avait alors poussé une colère si bien qu’avec la création des Régions et des Académies, le sport était gagnant. C’est ainsi que la Picardie se voyait doté de techniciens et surtout d’anciens champions dans de nombreuses disciplines et ce fut le cas de l’haltérophilie. En effet, Rolf Maier est nommé CTR de la Picardie (Aisne, Oise et Somme) et ce champion aura le mérite de dénicher son successeur en l’occurrence Daniel Senet sans oublier aussi Yannick Gricourt et son fils Bruno qui lui succèderont en tant que CTR. Daniel Senet va s’illustrer aux Jeux de Montréal en 1976. C’est même lui qui sera le premier Français à obtenir une médaille. Le jeune Amiénois (24 ans) termine troisième dans la catégorie des légers (-67,5kg). Il totalise 300kg en trois mouvements et améliore son record personnel. « C’est la récompense de sept années d’efforts » avoue Daniel Senet aux nombreux journalistes qui viennent à sa rencontre.
L’Amiénois n’est évidemment pas très connu du public et des journalistes qui cherchent à mieux cerner la personnalité de ce petit bonhomme animé d’une volonté exceptionnelle et considéré comme très tétu. Daniel Senet associe évidemment Rolf Maier à sa médaille qui, un mois plus tard, alors qu’il est en stage à Font Romeu, change de couleur. En effet, le CIO retire sa médaille d’argent au Polonais Kaczmarek qui est convaincu de dopage et Daniel Senet la récupère. C’est l’époque du dopage dans ce sport et les athlètes des pays de l’Est sont les plus suspectés. Pour de nombreux sportifs, la réussite de Daniel Senet est exceptionnelle mais il faut savoir qu’un mois auparavant, en toute discrétion, dans une salle modeste d’Amiens, Daniel Senet avait battu tous les records de France et affirmé alors qu’il allait postuler à une médaille à Montréal..
À Montréal, Daniel Senet rend hommage à Rolf Maier : « Je ne cesse de penser à lui. Je ne suis pas encore à son niveau car lui a disputé trois Jeux ». On le sait, en haltérophilie le poids est l’adversaire invisible mais qu’il faut combattre. Longtemps avant Montréal Daniel Senet pensait qu’il pourrait s’aligner dans la catégorie des plumes. Quelques mois avant Montréal, il faisait son choix : il allait tirer dans la catégorie des poids légers et ainsi il pourrait manger à sa faim et se sentir mieux dans son corps. Daniel Senet avait au départ pratiqué l’aviron mais très vite, l’haltérophilie avait retenu son attention.
À Montréal, Daniel Senet ne fut pas le seul Picard à ramener une médaille. Marc Roguet obtenait l’or en saut d’obstacles par équipes. Les deux hommes ne se connaissaient pas et même à Montréal, ils ne se virent pas. A leur retour à Amiens, nous les avons réunis lors d’une réception au Courrier Picard. A cette époque, le Conseil Général de la Somme était resté silencieux et il faudra attendre 1992 pour qu’enfin, nos sélectionnés fassent connaissance avant les Jeux. Pour mémoire, Daniel Senet a participé aux Jeux de Moscou en 1980 en prenant la 4e place avec le total de 322kg. Mais le sommet de sa carrière reste évidemment son titre mondial de l’arraché en 1981 à Lille. Aujourd’hui Daniel Senet d’interroge : les athlètes qui l’ont précédé à Montréal et à Moscou lui étaient ils vraiment supérieurs ?
Tous étaient surement dopés et Daniel Senet aura eu la malchance de « tomber » dans une époque où le dopage surtout dans les pays de l’Est, faisait des ravages.
Lionel Herbet
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