A 22 ans, Mounir Boutarfa a décidé de tenter sa chance de l’autre côté de l’Atlantique. Un défi et une aventure qu’il évoque pour Gazettesports.
Natif de Paris et Picard d’adoption après avoir rejoint très jeune Amiens, le jeune Mounir fait rapidement ses premiers pas sur les terrains de football. Il commence à Longueau dès l’âge de 5 ans où il fera ses gammes jusqu’à ses 13 ans. Il rejoint alors l’Amiens SC, objectif de tout jeune footballeur évoluant dans la métropole amiénoise. Une aventure à l’ASC durant laquelle il va rapidement s’imposer, porter le brassard de capitaine et connaître le pôle espoir de Liévin. Il vit une saison en U16 parfaite avec une première place synonyme d’U17 Nationaux la saison suivante. Après une bonne saison en U17 Nationaux, il voit son aventure prendre du plomb dans l’aile. En effet, lors de sa première année en U19 Nationaux, il ne joue pas beaucoup et vit une saison compliquée. Premier “échec” et obligation de faire un choix pour la suite. Ce sera alors direction Chambly, aussi en U19 Nationaux, une destination pour le sportif mais pas seulement. En effet, les études sont quelque chose de très important pour ses parents et le choix de Chambly lui permet de faire STAPS en parallèle. Après une saison, il décide de quitter l‘Oise, le projet ne l’inspirant pas forcément, pour s’engager avec l’ACA. Trois saisons et une Licence de STAPS plus tard, il rejoint donc les Etats-Unis et l’université de Tinffin.
Une aventure américaine qui s’est faite un peu par hasard, au gré d’une rencontre mais qui a été mûrement pensée. Approché une première fois par un agence qui lui parle de de l’agence FFF USA, il ne donne pas suite mais conserve le numéro. Finalement à l’été 2019, après une discussion avec un ancien partenaire de Liévin parti tenter l’aventure Américaine, il décide de se lancer dans le projet.
Un parcours du combattant
C’est alors le début d’une longue aventure loin d’être calme pour réaliser son rêve américain. En effet, si les qualités footballistiques sont présentes et indéniables, il n’y a pas que cela qui compte pour rejoindre le continent américain. En effet, pour intégrer une Université il faut des résultats scolaires convenables et surtout un bon niveau d’anglais. Un problème pour ce dernier qui ne va rien lâcher. Une première détection en région Parisienne au mois de novembre 2019 lui permet de prouver son niveau et de se montrer. Une première étape qui lui permet de signer un contrat avec l’agence FFF USA et donc de franchir une première grande étape. Un peu moins d’un mois après, il participe à une nouvelle détection avec 30 coachs américains et les meilleurs joueurs de l’agence. Il sort une nouvelle fois du lot et attire de nombreuses Universités qui le contactent. Mais le niveau d’anglais requis n’est pas obtenu et cela fait blocage.
Il décide alors de prendre un professeur particulier pour travailler son anglais et pouvoir obtenir le niveau adéquat. Des efforts qui ne lui permettent cependant pas d’obtenir le niveau d’anglais pour intégrer les universités de premier plan qui le veulent. La détection à Clairefontaine du mois de mars 2020 devant 90 coachs américain s’annonce alors capitale dans sa quête d’une bourse universitaire. Mais quelques jours avant, cette dernière est annulée pour cause de Covid-19. Commence alors une période compliquée de flou total sur la suite ou non du projet. Alors qu’il pense partir durant l’été et a déjà annoncé son départ à l’ACA, il se retrouve sans club et sans nouvelle de l’avancement de son rêve américain. Il discute avec plusieurs clubs de R1 et N3 avant de choisir finalement de poursuivre avec l’ACA tout en ayant dans un coin de sa tête son projet.
Finalement en fin d’année 2020, une Université prend contact avec lui et malgré un niveau d’anglais pas suffisant, l’université, qui le désire vraiment, lui accorde une bourse. Après des démarches administratives lourdes dues au Covid, il prend l’avion mi-janvier pour le sol Américain. Il rejoint alors l’université de Tiffin en NCAA2 soit la deuxième division universitaire. S’il avait eu des contacts avec des équipes de NCAA1, son niveau d’anglais a été rédhibitoire.
Un objectif précis
En venant aux Etats-Unis, l’objectif est clair et simple, décrocher un contrat professionnel. Un objectif qui l’anime depuis longtemps et pour lequel il est prêt à tout. “Je suis parti aux USA mais j’aurais pu aller en Chine ou n’importe où pour avoir l’occasion d’obtenir un contrat professionnel. Après l’avantage des USA c’est qu’ici les universités sont faites pour pouvoir suivre un double cursus sportif et scolaire de haut niveau. Les études, ça a toujours été important pour mes parents. C’est aussi l’occasion d’avoir un plan B et d’être certain de ne pas revenir sans rien. Si je suis sérieux, je rentre en étant au minimum bilingue et avec l’équivalent d’un master”, estime Mounir Boutarfa. Avant de poursuivre, “ici je peux continuer mes études et valider l’équivalent d’un master en parallèle du foot, ce qui est compliqué quand on commence à jouer en N3-N2 en France. Le sport en général n’est pas vu de la même façon ici qu’en France.”
Que ce soit en passant par la Draft ou non, l’objectif est donc au bout des deux années universitaires, d’obtenir un contrat professionnel. Une expérience sportive, mais aussi de vie car ici rien n’est pareil. A commencer par la taille des stades ou l’ambiance. “On joue dans de beaux stades, ce n’est pas San Siro (rire) mais ça change effectivement. Les Américains sont très supporters et quand on joue il y a souvent énormément de monde de la fac qui se déplace. En Summer league l’ambiance est encore meilleure et ça fait plaisir.”
Si le niveau universitaire est correct, ce n’est pas la seule, ni même la meilleure occasion de se montrer. En effet, durant tout l’été la Summer League rassemble les meilleurs joueurs universitaires mais aussi des joueurs seniors de bon niveau. Sous les couleurs d’Oakland Country Football Club, il a l’occasion de montrer son niveau et de poursuivre son rêve américain.
Des différences notables
Le football ou soccer comme les Américains l’appelle n’est pas le sport de prédilection là-bas. C’est un sport très développé chez les femmes mais en pleine expansion chez les hommes. Il y a donc une culture très différente et de nombreuses différences dans le jeu comme l’évoque Mounir, “les Américains n’ont pas la même culture du football qu’en France ou en Europe. Il y a des joueurs dans mon équipe qui jouent depuis 3-4 ans seulement. On est beaucoup sur le physique ici et moins sur le côté tactique et l’intelligence de jeu. Il y a un niveau technique un peu moins bon mais la vraie différence c’est la culture tactique et l’intelligence de jeu. Il y a un jeu ici plus direct et vraiment basé sur les qualités physiques car c’est leur force. Il y a aussi cette culture du show qui reste présente malgré la compétition. C’est toujours intéressant de voir autres chose et une autre culture.” A l’image de la MLS, la meilleure division au USA, le football est en plein développement et attire de plus en plus de « stars » en fin de carrière. Une politique qui vise à élever le niveau mais surtout transmettre cette passion pour le football aux Américains. Mais comme le souligne Mounir, ces derniers n’ont pas et n’auront jamais la même culture qu’en Europe.
À 22 ans, Mounir Boutarfa est donc parti à la conquête de l’ouest avec un seul objectif en tête : réaliser son rêve et devenir professionnel. Et si par malheur cela ne fonctionne pas pour lui outre-Atlantique, nul doute qu’il saura utiliser cette expérience pour rebondir et poursuivre son objectif. Car une chose l’anime plus que tout, devenir professionnel et c’est tout ce qu’on lui souhaite.
Aurélien Finet
Crédit Photo : Facebook Mounir Boutarfa