BASKET-BALL : Avec l’Amiens GRDF Basket-Ball Tour, une vitrine pour le 3×3

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Ce samedi avait lieu le premier tournoi de l’Amiens GRDF Basket-Ball Tour. Une occasion de mettre en lumière le basket 3×3, une discipline en pleine expansion.

Amiens GRDF Basket-Ball Tour, en mettant en avant la pratique du basket 3×3, nous permet un petit retour sur ce qu’est cette discipline. Pour cela, rien de mieux que les explications de Corentin Rodriguez, chargé de développement à la FFBB et ancien président de club de 3×3. Celui-ci nous dresse ainsi le portait d’une « discipline qui existe depuis longtemps, qui est née sur les playgrounds. Quand tu n’avais pas assez de joueurs, tu prenais 3 joueurs d’un côté, 3 joueurs de l’autre et tu jouais sur demi-terrain. »

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Une discipline d’abord un peu hors cadre qui a plusieurs atouts dans sa manche par rapport au 5×5. Corentin Rodriguez cite au moins 3 arguments en faveur du 3×3. D’une part, prenant son exemple personnel, il souligne que « ça permet aussi aux gamins qui n’ont pas l’habitude d’avoir le ballon en club parce que le coach les a un peu délaissé d’avoir plus la balle. » C’est également « une discipline où il n’y a pas de jugement » quant au niveau des différents joueurs. Enfin, il nous explique qu’« il y a un arbitre mais pas d’entraîneur, pour les anarchistes du basket, c’est top. Ça permet d’animer un groupe et de lui donner confiance en lui. » Revenant sur son expérience, il détaille : « Quand je fais des initions 3×3, un gamin que j’ai pris à 8h ou 10h, à 12-13h quand l’animation est terminée, ce n’est plus le gamin, il aura pris la parole, développé de nouvelles facultés. Et imaginez ça sur une saison ou plus. Ça rentre typiquement dans la volonté de la Fédération de créer – certes des sportifs, mais on ne sera pas tous pros – tout simplement des citoyens bien dans leur peau. »

Une discipline enfin reconnue par les instances

Car si le 3×3 a longtemps été hors cadre, du côté la FFBB comme de la FIBA, les mentalités ont récemment évolué à son égard. Chez les seconds celle-ci a été pour le moins fulgurante : « En 2017, la Fédération Internationale s’est dit qu’il y avait un créneau à prendre. Et on a eu la chance de voir cette discipline arriver aux JO. A Tokyo et Paris en 2024, le basket 3×3 va être en exposition. »

On a eu la chance de voir cette discipline arriver aux JO.

Corentin Rodriguez, chargé de développement à la FFBB

En France, les choses ont bougé dans la foulée lorsque la FFBB a décidé d’y mettre « un cadre en lançant en 2018 des championnats 3×3 pour les clubs. Depuis 2018, la Fédé a aussi changé ses statuts, maintenant, tu peux créer un club qui ne soit qu’un club de 3×3. » Une opportunité qu’avait saisi Corentin Rodriguez avant d’être, autre évolution, recruté par la fédération pour permettre un meilleur lien entre les pratiquants et les instances : « Si la remontée d’informations ne se fait pas bien, c’est une catastrophe et c’est là qu’on intervient. On est 6 à avoir été recrutés. On veut prendre ce qui se fait de meilleur pour le faire remonter. »

Enfin, la FFBB ne s’est pas arrêté là laçant une application permettant aux joueurs de « voir les terrains les plus fréquentés, rencontrer d’autres joueurs, savoir où ils jouent, créer une vraie communauté. Ils ont même mis des badges type « joueur à la retraite », « joueur super athlétique », un peu comme un jeu vidéo mais dans la vraie vie », s’enthousiasme Corentin Rodriguez.

Les clubs, premiers facteurs de ces évolutions

Malgré ce volontarisme de la Fédération, il rappelle toutefois que les initiatives qui permettent, en premier lieu, de faire bouger les lignes « ne passent que par les clubs », les fédérations étant généralement plus frileuses « pour des questions d’assurance, de responsabilité, de cadre, parce qu’elles ont besoin d’un cadre, ça les rassure. » « Ce sont des clubs qui répondent aux problématiques de leur territoire, insiste-t-il. Et le but d’une fédé, ce n’est pas de voir des Mbappé ou des Benzema à la télé, c’est de faire vivre des gamins dans les quartiers, de leur faire oublier leur journée difficile de l’école – et de permettre aux parents de souffler (rires). »

C’est complètement dans ce cadre que se situe la MABB, un club « référence parce qu’ils savent faire des événements massifs où ils ramènent des jeunes », que salue le représentant de la FFBB, et cet Amiens GRDF Basket-Ball Tour, permettant de pallier au manque de visibilité persistant de la discipline. Pourtant, « on essaye, assure Corentin Rodriguez, mais avec les algorithmes, les réseaux sociaux sont très dépendants de ce que tu recherches, c’est un cercle vicieux. »

Alors, il existe d’autres moyens. Notamment, puisque le 3×3 est un sport d’extérieur, l’occupation de l’espace public, comme ce fut le cas ce samedi sur l’esplanade bordant la halle des sports d’Etouvie : « Le but, c’est d’ouvrir la chose, avec des terrains gonflables, à Joeuf (commune lorraine où officiait Corentin Rodriguez avant de rejoindre la FFBB, ndlr), on avait installé ça sur la place du village, les gens sont obligés de passer devant, ils voient un food-truck, ils s’arrêtent, se disent que c’est sympa. Au final, ça permet d’apporter le basket là où il n’est pas. Il y a même eu un tournoi sur une base militaire. On a la chance d’avoir un sport vivant et accessible à tous. Ces structures gonflables c’est un super outil. Alors, oui, ce ne sont pas les conditions de pratiques parfaites pour les joueurs d’un certain calibre, mais pour faire de l’animation, c’est juste génial. »

Amiens GRDF Basket-Ball Tour, un exemple d’impulsion par un club

L’Amiens GRDF Basket-Ball Tour n’échappe finalement pas à cette dynamique. Comme nous l’explique Rudy Duffossé, « le projet vient initialement du club, c’est un désir qu’on a depuis longtemps. » Mais, de même que Corentin Rodriguez remarque que « des personnes qui sont très impliquées pour démocratiser la chose, notamment à Poitiers où la mairesse est venue sur un tournoi, elle a inscrit une équipe », il a ensuite été suivi par « des soutiens comme GRDF et Amiens Métropole qui nous ont aidé à préparer cet événement, à financer le matériel. C’est vraiment un travail collectif. » Un travail que saluait Corentin Rodriguez, rappelant que la réussite d’un tel événement demande un engagement total : « Pour que ces gamins viennent, ils ont dû cravacher, ça fait un mois qu’ils le préparent à coup de réseaux sociaux, d’appel aux parents, etc. » Avec pour « objectif, c’est de se rapprocher des jeunes, des moins jeunes, des gens qui ont envie de pratiquer le sport et n’ont pas forcément les moyens de mobilité nécessaire pour le faire. Donc cette idée d’être soit au pied des tours soit au pied de lieux culturels mais en tout cas un peu partout à Amiens nous a semblé intéressante » précise Rudy Dufossé.

Mais l’engagement a payé. Ce sont ainsi 5 équipes de 4 joueurs se relayant qui étaient engagées dans les catégories U12-U15 et U16 +. Avec des profils très différents : « des gens de clubs, des gamins qui ont eu l’information parce que c’est dans leur quartier et des joueurs de streets, qui n’ont pas de licence, qui vont sur tous les tournois, qui viennent juste passer un bon moment. » Mais dans tous les cas, ce dernier élément était primordial, que ce soit pour Rudy Dufossé : « C’était ouvert à tous et on se retrouve avec des joueurs de haut niveau qui sont là pour s’amuser. Les gens ont envie de s’amuser, il n’est pas question de niveau, de club » ou de l’avis de Corentin Rodriguez qui y voit une bonne chance d’attirer vers le 3×3 : « On est tous pareil, on veut s’amuser après une période très compliquée. Cet été, il y a un vrai retour du 3×3 et même une émergence parce qu’il y a des joueurs qui n’ont pas joué de l’année, ça va être un vecteur pour rejouer. »

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S’amuser, certes, mais avec, tout de même des qualifications à la clef pour le tournoi final qui réunira, au Coliseum, les équipes ayant remporté les tournois dans les 4 secteurs d’Amiens. Pour cette première édition, il s’agit d’une équipe sobrement nommée MABB chez les U12-U15 et de la New Squad chez les U16 +. Le deuxième tournoi aura lieu dès ce samedi, Place d’Armes, à la Citadelle d’Amiens. Avec toujours des animations pour les plus jeunes le matin à partir de 10h30, puis le tournoi, l’après-midi, à partir de 14h. Notons que ce ne sera pas la seule activité de l’été pour la MABB qui « sera présente tout l’été sur Etouvie et Amiens Nord pour proposer du basket avec le service animation jeunesse d’Amiens. Il y aura également un tournoi, en principe, au Parc Saint-Pierre. » Bref, du côté de la MABB, après des mois compliqués pour la pratique du sport en général et du basket en particulier, le mot d’ordre est clair : « On va être présent sur Amiens pendant tout l’été, sous n’importe quelle forme. »


Morgan Chaumier

Crédit photo : Eve Gourdain – Gazettesports