L’heure est venue d’établir les bilans pour la saison 2020-2021 de l’Amiens STT. Nous vous proposons donc tout d’abord un entretien en deux parties mené avec le président de la structure Denis Chatelain et l’entraîneur de la Pro B, Arnaud Sellier.
Quel bilan tirez-vous pour le club après une saison si particulière ?
Denis Chatelain : Sportivement, ça a été une saison blanche pour quasiment toutes les divisions, sauf pour les professionnels qui ont pu jouer. Les autres n’ont pu faire qu’environ un mois de compétition et, en particulier les adultes, n’ont pas pu s’entraîner. Les enfants avaient pu reprendre un peu par intermittence, quelques semaines par-ci par-là. Finalement, pour le club et sportivement, ça a été une année difficile, d’autant plus que c’est déjà la deuxième consécutive… Mais ça a aussi permis de développer un certain nombre de choses ! On a sauté sur chaque occasion pour refaire des activités en extérieur dès que l’on en a eu la possibilité avec les jeunes, nos entraîneurs ont été assez dynamiques pour mettre en place des choses diverses et variées. Ça a permis de maintenir un lien et c’était vraiment l’objectif principal vis-à-vis des adhérents. Il y a donc eu des collaborations avec l’athlétisme, avec l’AAC qui nous ont également prêté un court de tennis pour installer nos tables dehors une journée où il a fait beau. Les adhérents ont aussi pu faire un tournoi de pétanque ou même aller jouer sur les tables du parc Saint-Pierre.
Humainement il y a quand même des choses qui se sont passées. Ce n’était pas complètement négatif
Denis Chatelain
Ces activités étaient ouvertes à tout le monde, bien qu’elles aient eu moins de succès avec les adultes. Maintenant on va voir comment les choses vont se dérouler, mais c’est déjà bien de pouvoir reprendre avant septembre. On verra si les gens reviennent ou non, mais ce qui m’inquiète le plus c’est que, l’être humain est comme ça, on prend très vite de nouvelles habitudes et là ça fait déjà deux ans que les gens ne prennent plus l’habitude de venir à la salle. Il va y avoir tout un travail à faire qui risque d’être un peu long afin de les faire revenir, mais c’est aussi notre rôle de communiquer pour les attirer à la salle. L’objectif a vraiment été de maintenir le lien, parce qu’on sait qu’il est fragile et que les gens peuvent ne plus revenir au club.
Sportivement le bilan est assez rapide puisque seule l’équipe 1 a pu jouer, mais humainement il y a quand même des choses qui se sont passées. Ce n’était pas complètement négatif et c’est ce que je retiendrai cette année.
Une saison où seule la Pro B a pu jouer a-t-elle impacté le club médiatiquement ?
Denis C. : Ce qu’il s’est passé c’est que tout le sport était tellement à l’arrêt, notamment sur Amiens avec le hockey qui s’est arrêté tôt, le foot où il y a eu des hauts et des bas etc., que beaucoup de gens se sont intéressés au club parce que, déjà on continuait, mais en plus on avait de bons résultats. Comme on ne s’intéresse toujours qu’aux vainqueurs, on remplissait toutes les cases ! On n’a jamais eu autant de presse : la radio nous a fait des interviews ce qui n’arrivait jamais avant, France 3 est même passé une fois très succinctement ce qui n’était plus arrivé depuis la venue des Japonais… On sentait qu’il fallait que la presse sportive s’occupe et nous en avons bénéficié, ça a été super positif pour nous, on n’a jamais autant parlé de nous, médiatiquement ça a été une année exceptionnelle ! Le bémol c’est que l’on parlait de nous, mais d’un autre côté les gens ne pouvaient pas venir au club.
Qu’en a-t-il été du point de vue des partenariats et sponsorings pour le club ?
Denis C. : Là par contre, et c’est peut-être aussi un peu de ma faute, ça fait deux ans que je n’ose pas aller les voir pour leur demander de payer pour un retour que l’on ne peut pas leur faire. C’est un peu en sommeil et j’espère qu’on va pouvoir retourner les voir en leur disant que l’on repart, que le club revit. Parce que là c’était un peu délicat. On verra si on a des partenariats qui s’arrêtent, mais on peut aussi en avoir de nouveaux parce que justement on a aussi prouvé que l’on continuait à faire des choses, que l’on était dynamiques, que l’on essayait de donner une image positive de notre discipline, du club et de la ville. On montre que l’on est sérieux et c’est important, ça peut être un moyen de faire venir de nouveaux partenaires. Mais l’un des problèmes du club, c’est que l’on n’a pas de personne qui soit réellement chargée de la communication ou du démarchage. Ça sera un axe à travailler et on le sait depuis longtemps, mais il faudrait vraiment qu’un jour on ait quelqu’un qui s’investisse, une personne dont ce serait le métier et qui ait du réseau. Que l’on puisse démarcher des partenaires, développer le sport-entreprise : on avait déjà essayé de lancer ça, mais on s’est pris beaucoup de râteaux parce que l’on n’a pas de réseau, on a des métiers qui font que l’on n’est pas dans le business et quand on n’y est pas, c’est compliqué.
Pour la renommée et le rayonnement du club, et même de la ville d’Amiens, c’est important
Denis Chatelain
En tant que président, comment avez-vous géré un club qui tournait deux fois moins vite ?
Denis C. : Disons qu’on s’est quand même beaucoup occupé parce qu’il y avait toujours l’équipe 1 à gérer avec leurs matchs et leurs déplacements. Là-dessus Arnaud s’est beaucoup investi aussi cette année, il m’a bien aidé parce que jusque là, la charge était de plus en plus lourde, personnellement ça devenait aussi de plus en plus compliqué avec mon métier. Arnaud a pris en charge énormément de choses qui m’ont bien soulagé : tout le côté pratique, la réservation des hôtels ou du minibus par exemple. C’est vrai que je m’occupe toujours beaucoup des joueurs en allant les chercher à l’aéroport et en les hébergeant à la maison, mais on s’est aussi partagé les rôles. Et plus il y a de monde qui vient s’agréger sur le projet pour aider, mieux c’est ! Ça m’a aussi soulagé dans le sens où je m’occupe également de tout ce qui est financier et le fait que le club ralentisse un peu, ça m’a soulagé parce que sinon j’y passe plusieurs heures par jour, à ce niveau-là c’était un peu plus relax.
Selon vous, est-ce que la retransmission permanente des rencontres par tous les clubs du championnat va avoir un impact sur votre sport et son image ?
Denis C. : J’espère en tout cas que ça sera quelque chose qui sera maintenu à l’avenir, que les clubs continueront à faire l’effort. À Amiens on avait déjà commencé à le faire avant le Covid, mais ce qui a été bien c’est que tous les autres clubs s’y sont mis. Avant, beaucoup de clubs ne voulaient pas le faire parce qu’ils trouvaient que ça leur retirait des spectateurs dans la salle et c’est aussi vrai parce que nous-mêmes on en a fait l’expérience : pendant les Facebook live, on voit qu’il y a des gens qui habitent à 500m ou 1km de la salle et qui pourtant n’y viennent pas.
D’un autre côté ça permet aussi de toucher beaucoup plus de monde. Par exemple, grâce aux joueurs étrangers, lorsque l’on fait une transmission elle voyage dans plusieurs pays. Je trouve que pour la renommée et le rayonnement du club, et même de la ville d’Amiens, c’est important. Et c’est pour cette raison que l’on avait commencé à le faire avant la pandémie et qu’on continuera de le faire après ; j’espère aussi que les autres clubs continueront parce que ça ne peut être que bénéfique pour la promotion de la discipline.
On a proposé des choses et on n’a pas fermé la boutique !
Arnaud Sellier
Concernant les activités proposées en extérieur, était-ce une volonté des jeunes de reprendre ou des organisateurs de faire vivre le club ?
Arnaud Sellier : Non, mais c’est vrai que l’on anticipe beaucoup. C’est vrai que la saison a été plus « relaxante » dans le sens où l’on a eu moins de choses à faire, des choses différentes, mais on a toujours essayé d’anticiper donc finalement, c’est toujours nous qui allions à la rencontre des adhérents pour leur proposer quelque chose. On n’a pas eu tellement de gens qui sont venus nous demander “est-ce que l’on pourrait faire ci ou ça ?”, mais on a essayé de réfléchir à ce que l’on pourrait proposer. On espérait toujours la date de reprise, qui est enfin arrivée !
La reprise des mineurs, souvent autorisée par intermittence, a-t-elle eu un effet de lassitude chez certains jeunes ?
Arnaud S. : Je ne sais pas trop, mais sur la période où l’on a pu reprendre entre le 15 décembre et le 15 janvier on a quand même eu du monde à la salle. Sur les séances qui étaient proposées le samedi matin, on est montés à 25-30 participants, sur la séance en extérieur on était également à 35 participants donc c’était aussi des signes encourageants. Sur les séances physiques en extérieur on a eu moins de monde, mais c’est aussi moins ludique. En tout cas on a toujours eu quelques joueurs, on a proposé des choses et on n’a pas fermé la boutique !
Denis C. : C’est toujours la même logique de maintenir le lien, de proposer des choses, montrer que l’on pensait à eux. C’est sûr que l’on ne pouvait pas proposer de ping-pong, mais on essayait de proposer des activités différentes.
Retrouvez la seconde partie de cet entretien ICI.
Propos recueillis par Océane Kronek
Crédits photos : Léandre Leber – Gazettesports.fr / Denis Chatelain – Amiens STT