La passion pour le cyclisme du jeune Philippe Ermenault est, nous semble-t-il, venue de deux éléments importants.
Dans un premier temps, il faut se souvenir qu’à Picquigny, sur la place de l’hôtel de ville, existait un magasin de cycles qui était la propriété de Daniel Jacotey. Ce dernier n’était pas un marchand de cycles comme un autre. C’était d’abord un ancien coureur de l’Amiens SC, spécialisé dans le cyclo-cross. Dans les années 70, il était le dauphin en Picardie de James Herbain qui était imbattable. À Picquigny, Daniel Jacotey dont le père était dirigeant à l’ASC mais en tennis de table, a donc fait prospérer son magasin mais surtout inspiré des jeunes dont Philippe Ermenault. Ce dernier avait débuté en pratiquant le judo à Picquigny mais un jour, il est entré dans le magasin de Daniel Jacotey et ce fut le coup de foudre.
Le deuxième élément qui a fait basculer le choix de Philippe Ermenault est celui de Jean-Claude Leclercq qui était devenu champion de France sur route en 1985. Leclercq était professionnel en Suisse mais il était bel et bien Français. Ses parents avaient en effet résidé à Picquigny et le père Daniel Leclercq qui était employé à la LUWA à Picquigny et qui jouait au football à l’ASP, fut envoyé en Suisse pour son travail. C’est donc en Suisse que le jeune Jean-Claude a débuté le cyclisme et étant citoyen français, il pouvait donc disputer le championnat de France sur route. Sa victoire en 1985 acquise face à des champions tels Bernard Hinault, Laurent Fignon, les frères Madiot, etc. avait fait sensation. Hinault n’était pas du tout content et il avait exigé de la Fédération française que Leclercq bien que porteur du maillot de champion de France ne soit pas sélectionné pour les championnats du monde.
Et Ermenault prit son envol
En 1985, Philippe Ermenault commence à pratiquer le cyclisme et c’est seulement en 1986 qu’il s’impose dans une compétition officielle : il est champion de Picardie de… cyclo-cross en junior. Les deux hommes n’auront pas souvent l’occasion de se rencontrer car ils n’ont pas les mêmes objectifs. Il faudra attendre quelques années, à l’occasion d’un critérium, le Prix Jean Renaux à Amiens pour qu’ils puissent courir la même épreuve. Nous sommes au cœur des années 90.
Tous deux étaient fiers d’être originaires de Picquigny qui allait avoir son club le Samara UC (avec pour licencié un certain Eddy Seigneur futur champion de France sur route et en contre la montre).
On connait la carrière de Philippe Ermenault et un peu moins celle de Jean-Claude Leclercq qui remportait la Flèche Wallonne en 1987 et devenait ensuite commentateur à la télé suisse. Ermenault et Leclercq ont donc fait honneur à Picquigny dont on parlait à cette époque dans le journal sportif l’Équipe.
Lionel Herbet