Contrainte et forcée à devoir se… tourner quelque peu les pouces, l’Amiénoise, Camille Martin, livre son ressenti sur cette période bien particulière.
L’efficace dernier rempart de l’Amiens SC a préféré prendre le temps de la réflexion. S’accorder le recul nécessaire avant de s’exprimer sur ce « mauvais œil » qui semble (vouloir) accabler son « club de cœur » depuis maintenant deux saisons. Tout aussi habile dans les buts que… pour faire la part des choses, celle qui concède bien volontiers que « cette inattendue et imprévisible crise sanitaire demeure bien plus importante que certains enjeux à vocation sportive » s’exprime sans détour. Se permet également de placer certains jalons, affichant au passage une réelle impatience à pouvoir se (re)mettre en évidence. A s’illustrer, être déterminante lors de nouvelles échéances, « Dès le Covid 19 le permettra cependant ».
Gazettesports : Quel est votre ressenti au regard de la décision de mettre fin à l’exercice 2020 / 2021 ?
Camille Martin : « Pour être franche, nous nous y étions préparées… Nous avions scruté l’ensemble des mesures déjà entérinées ou sur le point de l’être. Oser affirmer que cela nous a surpris se révèlerait alors hypocrite. Si le coup est dur, nous le pressentions. L’attente de cette officialisation n’a par conséquent bouleversé notre quotidien, encore moins tempéré notre dynamisme. Seul le sentiment d’être de nouveau lésé a juste été attisé… »
Gazettesports : En dépit d’une frustration légitime, vos propos sont maîtrisés…
Camille Martin : « Comment et pourquoi d’ailleurs devrait-il en être autrement ? Nous n’allons pas nous lamenter éternellement sur notre sort. D’ailleurs à quoi bon ? Cette prise de décision est effective et ne sera modifiée. Néanmoins, il est exact que la pilule demeure douloureuse, surtout que nous venions à peine de réussir à avaler la précédente ! »
Gazettesports : Cette situation, aussi cruelle soit-elle sur le plan sportif, a-t-elle affecté votre enthousiasme ainsi que celui de l’effectif de l’ASC ?
Je suis convaincue être une demoiselle sur lequel il est possible de compter et je donnerai mon maximum envers celles et ceux qui m’accorderont leur confiance. C’est dans mon ADN
Camille Martin : « Le mien pas spécialement, celui de mes coéquipières je ne le pense pas non plus … mais je ne peux, ne souhaite m’exprimer à la place de chacune (sourire). Surtout que les personnalités sont bien différentes. Une chose est cependant certaine, la passion du ballon rond nous fédère encore et toujours ! Pour preuve, la séance d’entraînement dominicale, maintenue d’ailleurs en dépit de ses annonces, est appréciée.
Cela dénote, à mon sens, d’une belle osmose, force de caractère. Témoigne également d’une volonté, d’un désir à préserver le groupe en l’état. L’effectif réuni autour d’Hicham (Andasmas) est investi. Je ne suis pas la seule à l’être (rire). Cela offre aussi l’opportunité de préserver les regards vers le club, entretient également ce lien social si important en cette période bien tumultueuse. »
Gazettesports : A vous écouter, la vie suivrait son cours…
Camille Martin : « Pas exactement puisque l’adrénaline de la compétition fait défaut ! Faute d’objectif, la notion de « plaisir » prend donc tout son sens. J’avoue toutefois que l’atmosphère devient pesante, attisée par le fait de ne pouvoir en découdre avec d’autres… Mais l’habitude semble nous gagner (rire). Il convient d’admettre que pouvoir nous retrouver, partager ce moment même unique la semaine se définit tel un privilège. Je n’irais pas à affirmer qu’il nous maintient à flot mais presque… »
Gazettesports : À titre personnel, serait-ce indiscret de savoir sur quel pied vous danser actuellement ?
Camille Martin : « Ma motivation est identique aux exercices écoulés même si, comme murmuré précédemment, cette aventure en Division 2 achevée dans la confusion et précipitamment me laisse toujours un goût d’inachevé. Cette saison, au regard du peu de matchs joués, méritait bien d’être considéré « blanche ». Je reste et me présente toujours en éternelle compétitrice… J’adore les challenges !
Cela fait maintenant quatre ans que j’ai poussé les portes de ce club. Je m’y sens vraiment très bien. Cette ambiance familiale me tient à cœur. J’ai connu des joies et des déceptions sous ce maillot, et je m’y sens attachée. »
Gazettesports : Donc tout laisse à supposer que vous resterez encore l’un des maillons forts de cette formation à la rentrée ?
Camille Martin : « La question se révèle être particulièrement pertinente (rire). A ce jour, j’oserais répondre par l’affirmative mais nul ne sait jamais de quoi demain sera fait ! Pour l’heure, je n’ai eu de véritables sollicitations mais est-ce actuellement la réelle préoccupation des clubs ? La mienne est de continuer à progresser, à élever mon niveau de jeu, me remettre sans cesse en question. Mon quotidien est amiénois, mon cœur l’est toujours et pourrait bien le demeurer. Je suis convaincue être une demoiselle sur lequel il est possible de compter et je donnerais mon maximum envers celles et ceux qui m’accorderont leur confiance. C’est dans mon ADN (rire) »
Propos recueillis par Fabrice Biniek
Crédit photos : Reynald Valleron – Gazettesports