Trois semaines après l’annonce de l’arrêt des championnats amateurs, Nicolas Cauvin revient avec nous sur cette décision sans surprise, fait le point sur la situation dans son club du RC Amiens maintenant que l’objectif compétition est abandonné pour cette année et espère un retour rapide à des jours meilleurs.
Bonjour, quelle avait été votre réaction à l’annonce de l’arrêt des championnats et de la saison blanche ?
On l’attendait depuis un petit moment, ça paraît totalement logique. On avait un petit espoir quand on a repris au mois de décembre en se disant qu’on allait pouvoir reprendre au mois de janvier et puis, vue la situation qu’il y a eu, on n’a plus trop eu espoir que ça reprenne.
Cette décision vous a-t-elle poussé à modifier votre fonctionnement ?
Non, on a gardé les séances, on n’a jamais coupé depuis qu’on a repris le 3 décembre. Sachant qu’il n’y a pas de contact, pas de match, le but, c’était surtout de garder les joueurs sous la main, qu’ils puissent venir s’entraîner. Avec les joueurs, on en avait discuté, en voyant la situation, on savait qu’on n’allait pas reprendre le championnat donc on n’a pas changé la méthode. À part le fait qu’on ne s’entraîne plus sur nos créneaux habituels du fait du couvre-feu. Maintenant, on s’entraîne le week-end, le samedi et le dimanche. On a gardé nos deux séances par semaine.
Au-delà des entraînements, qu’est-ce qui est en cours au sein du club, notamment en vue de la saison prochaine ?
Ça laisse un peu de temps comme l’année dernière. Là, on est mi-avril, honnêtement, je n’ai pas besoin de trois mois pour travailler sur la saison prochaine. On va y penser petit à petit. On n’a pas non plus rencontré le président. Les choses vont se mettre en place, s’accélérer dans les jours à venir. Il n’y a pas d’urgence. Je pense que début mai on en saura un peu plus sur ma situation et sur la situation du club.
On avait fait un meilleur début de saison que l’année dernière mais c’est difficile à juger
Est-ce possible de faire un bilan de cette saison ?
Ah, le bilan, il est compliqué. Notre dernier match joué était le 28 octobre, on a joué 4 matchs de championnats. On avait mieux commencé que la saison dernière, le groupe avait été renforcé en quantité et en qualité, on avait bon espoir de bien figurer. On a fait deux victoires, un nul et une défaite mais c’est anecdotique. Difficile de se jauger par rapport aux autres équipes. En Coupe de France, on avait passé 4 tours. On avait fait un meilleur début de saison que l’année dernière mais c’est difficile à juger même si on était plus solides.
Il y avait au moins des prémices de choses positives sur lesquelles vous pourrez vous appuyer pour la suite ?
Exactement. Et puis, ce sont des garçons avec lesquels on travaille toujours même si on ne les voit pas en compétition. Les garçons qu’on a recruté, ce sont des garçons qui jouaient en Ligue. On avait une belle ossature. Dès qu’on en saura un peu plus sur la saison prochaine, on sondera les joueurs en essayant de garder cette ossature et de la renforcer encore un peu pour mettre un peu plus de concurrence, ce qui est toujours intéressant. Il y a un bon petit noyau, un mix de jeunes et d’anciens.
Le manque de visibilité sur la suite, sur un potentiel retour à la normale, est-ce que ça a un impact négatif sur l’équipe, sur le groupe, sur l’investissement ?
On essaie de proposer deux séances, justement pour permettre aux joueurs de venir, pour les garder intéressés. Il ne faut pas qu’ils lâchent donc on essaie de les faire venir un maximum, pour qu’ils soient toujours investis pour le club et pour l’équipe. On essaie de garder ce lien-là pour la saison prochaine.
Vous avez espoir que vous puissiez reprendre avant ce qui aurait dû être la fin de cette saison, ne serait-ce que pour des amicaux ?
On aimerait bien. Il y a des projets, notamment avec le District qui sonde les clubs en demandant si, au cas où cela irait mieux au mois de mai et que l’on puisse reprendre avec contacts, on serait ok pour faire des matchs. On a bon espoir de pouvoir reprendre, même si ce ne sont que des matchs amicaux. Cela redonnerait un peu de sourires aux joueurs, un peu de compétition, c’est ce qu’ils veulent. Donc, oui, ce serait intéressant qu’on puisse reprendre, on croise les doigts. Ça permettrait aussi de mettre des joueurs à l’essai.
Après, pour la saison prochaine, on espère pouvoir reprendre au mois d’août et sans restrictions, c’est surtout ça qui nous a bloqué toute la saison.
C’est vraiment ça le plus important, reprendre le plus normalement possible la saison prochaine ?
Oui, cette année, on le sentait venir. Sur le dernier match, c’est ce que j’avais dit aux joueurs : « à mon avis, ce sera le dernier match qu’on va jouer ». Donc on prenait match par match. C’était difficile de se projeter de week-end en week-end. Donc on prenait semaine par semaine, « on peut s’entraîner, ok on s’entraîne », « tiens, on a le droit de jouer ». Dans la vision, c’était compliqué. Donc, là, on espère reprendre, qu’il n’y ait plus tous ces soucis et repartir sur une saison normale avec des objectifs.
Plus globalement, quel bilan faites-vous de cette année et même un peu plus d’expectative ? Cela n’a pas dû être facile à gérer ?
Ce n’est pas évident de garder le groupe sous la main. Le premier confinement, du jour au lendemain, on a été interdits de tout, on n’a revu les joueurs qu’à l’été. On était vraiment tous confinés. Lors du deuxième confinement, on a quand même eu le droit de s’entraîner, mais depuis un an et demi, on n’a même pas dû faire 20 matchs. C’est un an et demi de perdu. Tous ceux qui ont un objectif, ça tombe à l’eau, on perd un an et demi sur les projets. Et je pense tout particulièrement à la formation des gamins qui ont perdu pratiquement deux ans de football, pour eux, ça va être compliqué à récupérer.
Ça ne lâche pas pour le moment, même maintenant qu’on sait qu’il n’y aura plus de compétition du tout.
Vous avez ressenti un relâchement de l’intérêt pour le football suite à cela ?
Chez nous, non. Après, comme dans chaque club, il y a une minorité qui lâche un peu, ça arrive même dans des saisons classiques. Mais non, les garçons sont là, il y en a qui viennent les deux séances du week-end, il y en a qui viennent une fois par semaine. Ça ne lâche pas pour le moment, même maintenant qu’on sait qu’il n’y aura plus de compétition du tout. Ils sont encore là, à nous de faire le maximum pour les garder.
C’est rassurant d’avoir des joueurs aussi investis malgré le peu de compétition ?
Oui, c’est un privilège d’être entre 15 et 25 en séance. On a en plus les structures pour s’entraîner correctement. Clairement, on ne se plaint pas là-dessus.
Quel bilan faites-vous des réactions des instances par rapport à la situation ? Avez-vous senti une évolution positive au cours de la crise ?
Ils sont tributaires de l’épidémie. Là, ça a été acté par la Fédé, on a vu que la Ligue a fait le maximum. Il y a eu beaucoup de questions qui sont remontées, c’est peut-être ce qu’on pourrait reprocher mais c’est beaucoup plus haut, ce n’est pas la Ligue ou le District, c’est au niveau de la Fédé et du Ministère. Un jour on pouvait s’entraîner, un autre non, on a été un peu transballés (sic) partout et ce n’était pas clair avec les tableaux, les décrets qui sortent, les choses qui sont dites, pas dites, ça, c’était un peu compliqué. On l’a encore vu il y a 15 jours quand il y a eu les nouveaux textes, on ne savait pas si on avait le droit de s’entraîner ou pas. Mais au niveau de la Ligue, qu’est-ce qu’on peut leur reprocher, ce ne sont pas eux qui décident.
Morgan Chaumier
Crédit photo : Kevin Devigne – Gazettesports