Durant plus d’une heure, Bernard Joannin, président de l’Amiens SC, a répondu aux questions des supporters, hier, sur les réseaux sociaux du club. En commençant par faire le bilan de ces derniers mois éprouvants.
Sur la question financière :
Cette année nous a profondément troublés, d’abord par notre rétrogradation administrative qui nous a tous choqués, par notre début de saison chaotique où il a fallu gérer le besoin de finances supplémentaires à la fois du fait du problème Mediapro et de la diminution forte des droits télés et à la fois du fait du manque de public au stade. Nous avons dû faire face à ce manque de ressources.
La situation a été compliquée parce que quand vous êtes en L1, vous bénéficiez de 30M€ de droits télé. Vous ajoutez à ces recettes 15M€ de recettes VIP, c’est-à-dire à la fois la recette des abonnés, à la fois les recettes des loges, de la Bodega, etc. Ces recettes ont disparu parce que vous descendez et que vous passez de 30M€ à 6M€ de droits TV, et malheureusement, à cause du Covid, vous n’avez pas les recettes espérées en termes de VIP, d’abonnées… Donc il a fallu que je me batte pour équilibrer les finances du club, c’était ma priorité. Tant que je serai là, le club paiera chaque joueur et chaque collaborateur en temps et en heure, c’est important pour moi.
Tout l’argent des transferts est resté dans le club.
Sur le mercato et le volet sportif :
Une fois à la fin de ce mercato plus que long, nous avons commencé à construire le groupe et le rendre performant. Mais vous savez, le temps perdu ne se rattrape jamais. Nous avons couru après ce temps perdu en termes de formation de notre équipe, d’esprit de groupe.
Une fois cette chose faite (la mise à l’équilibre des finances, ndlr), grâce aux transferts qui ont été faits – c’est vrai que ces transferts ont affaibli l’équipe, mais ces joueurs, qui sont des joueurs de L1 ne voulaient pas jouer en L2 – il a fallu constituer un autre groupe, intégrer nos jeunes du centre de formation. Toute la préparation a été faite avec nos jeunes du centre de formation. Donc on est arrivé au mois d’août avec un groupe qui venait juste de reprendre. C’était compliqué d’avoir une ambition sportive cette année avec tous les problèmes que l’on a vécus.
Ce sont 3 mois désastreux où se croisaient les joueurs qui arrivaient, que l’on essayait d’intégrer dans le club pour constituer un véritable groupe, et les joueurs qui voulaient partir. C’est très compliqué à gérer. On a réussi à la gérer sans trop de désastre, mais c’était très compliqué. Et on commence à avoir une véritable équipe et un état d’esprit d’équipe.
Sur la « revanche à prendre » :
Je trouvais que le thème était intéressant parce que nous étions descendus de façon injuste. Quand le club parlait de revanche, on voulait prendre notre revanche sur ce destin qui avait été contre nous. Mais une montée en L1, une victoire, ne se décrète pas, cela se construit pas à pas. Donc, j’ai voulu remettre à flot le club d’abord financièrement de façon à pouvoir rebondir l’année 2021-22 pour commencer un cycle d’ambition sportive.
Nous avons tous usé nos forces dans ce combat, je pensais vraiment le gagner. C’est vrai que j’y ai perdu beaucoup d’énergie. Tout le monde a fait des erreurs, j’en ai fait une d’accepter ce terme.
Sur le nouveau cycle sportif qui va s’enclencher :
Nous allons rentrer dans un cycle de 3 ans avec, pour la première fois, une équipe qui sera constituée, dès la reprise de l’entraînement, à 75%. Nous allons pouvoir rentrer dans un cycle de conquête et d’ambition sportive. Je ne suis pas en train de vous dire que nous allons retrouver rapidement la L1, nous allons constituer une équipe de valeur pour nous donner la chance d’y arriver.
L’équipe actuelle, hormis quelques joueurs en prêt qui partiront, va rester et être bonifiée de 4 ou 5 joueurs à des postes stratégiques de la colonne vertébrale.
Je vous confirme le projet d’ambition sportive avec l’objectif de top 5.
Sur John Williams et le bilan du recrutement :
Comme tout le monde, John a fait des erreurs. Et s’il a fait des erreurs, je les ai validées donc le seul responsable, c’est moi. Nous avons toujours eu du retard à l’allumage sur la constitution complète des équipes. Et bien souvent c’était des prêts de dernière minute. Qui ont par moments été de qualité !
Récemment, il y a l’exemple de Diakhaby. Qu’il accepte de venir dans un club de L2, c’est exceptionnel. Il y a Lusamba aussi que John a décidé à faire revenir en L2 alors que c’est un joueur de L1. Donc il y a des réussites. A contrario, Kurzawa, ça a été une catastrophe industrielle, nous avions mis beaucoup d’espoirs en Lahne, qui est actuellement en prêt en D1 suédoise. On espère que ce prêt va lui faire du bien et qu’il va nous revenir en pleine forme. Il y a eu des erreurs. Akolo faisait une belle doublette avec Konaté en Suisse, en Allemagne il fait une première saison intéressante et chez nous ça ne l’a pas fait. Le recrutement, c’est quelque chose de très compliqué, mais nous devons faire mieux et plus tôt dans la saison.
Je suis un défenseur de John parce que si l’on prend le positif et le négatif, il a apporté beaucoup, il y a deux hommes qui ont compté, c’est Christophe Pélissier et John Williams.
La Rédaction
Crédit photo : Léandre Leber – Gazettesports