On pensait qu’avec le temps, Nacer Bouhanni s’était calmé et qu’il était devenu moins agressif. Malheureusement, les vieux démons ont fait leur réapparition et pas plus tard que dimanche dernier, à l’arrivée de la course comptant pour la Coupe de France : Cholet-Pays de Loire.
Dans les derniers mètres, Bouhanni a bloqué un adversaire en l’occurrence Jake Stewart qui s’est retrouvé quasiment bloqué contre les balustrades. Heureusement, Stewart n’est pas tombé et le sprint s’est déroulé sans accident grave. La course est revenue à Viviani et dans un premier temps, Bouhanni qui avait terminé 3e a été déclassés. Une décision tout à fait logique de la part des commissaires car les images sont accablantes pour Bouhanni. Ce dernier est dans le collimateur de l’UCI qui a demandé à sa commission de discipline de prendre une sanction.
Bouhanni pourrait donc être absent durant une longue période. Dans la vie, Bouhanni est un type attachant et d’un commerce agréable. Mais quand il est sur son vélo, à l’approche de l’arrivée et qu’il est en mesure de gagner, il se produit chez lui une sorte de métamorphose. Le coureur agréable et gentil se transforme en tueur. Mais oui, ce mot qu’a employé récemment Cyrille Guimard et qui colle parfaitement à Bouhanni. Voici quelques années, Bouhanni qui défendait les couleurs de Cofidis avait participé au Grand Prix de la Somme. Nous l’avions interrogé avant le départ en lui parlant, non pas de cyclisme mais de… boxe. En effet, Bouhanni est un adepte du noble art et l’hiver, il fréquente les salles d’entrainement.
Ce jour-là, Bouhanni nous avait parlé de son admiration pour Mike Tyson dont la photo se trouvait du reste sur son casque. Alors, on comprend mieux le caractère bien trempé de ce coureur qui incarne à merveille ce qu’est aujourd’hui le sprinter prêt à tour, y compris à provoquer la chute d’un adversaire. C’est une denrée très rare aujourd’hui et c’est peut-être ce qui fait que depuis le début de saison, Arnaud Demare n’a pas encore gagné, battu régulièrement dans les sprints. A notre avis, le Beauvaisien demeure évidemment un grand sprinter mais il n’est pas du genre à dépasser certaines limites pour s’imposer. Ce pas, Bouhanni l’a franchi mais le danger est immense à la fois pour lui mais pour ses adversaires.
Lionel Herbet
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