Premier événement sportif international organisé à Amiens en 2021, le tournoi de tennis ITF féminin s’est déroulé sans public et sans couac. Le lourd protocole anti-Covid semble avoir porté ses fruits.
Le rituel quotidien a eu le temps de se roder, durant les huit jours du tournoi ITF féminin de l’AAC : des premiers bénévoles arrivant sur place chaque matin avant 8h, jusqu’aux joueuses déboulant parfois avec leurs coachs quelques dizaines de minutes seulement avant leur match, en passant par les salariés du club préparant les repas et entretenant les terrains ou encore par les ramasseurs de balles mobilisés samedi et dimanche derniers, tout le monde était logé à la même enseigne, masque évidemment sur le nez. Prise de température quotidienne en arrivant et test PCR datant de moins de 72h à présenter.
Tests PCR ou antigéniques sur place
Pour le dépistage Covid, l’Amiens AC a mis le paquet, avec la permanence d’un laboratoire tous les jours sur place. Elle permettait de passer gratuitement un test PCR avec résultat le lendemain ou bien un test antigénique pour les plus pressés, avec un résultat dans la demi-heure. Preuve que l’initiative était novatrice, des joueuses ont été agréablement surprises. La Française Audrey Albié, demi-finaliste du tournoi, en a profité pour se faire re-tester vendredi, en vue du tournoi de Gonesse auquel elle participe cette semaine. « J’avais pris rendez-vous au CHU d’Amiens. J’ai annulé, c’est tellement plus pratique ici ».
Le ménage deux fois par jour
Un seul accès possible au site, l’accueil comme point de passage obligé où chacun se voyait remettre un document de l’ITF (la Fédération internationale de Tennis) attestant de l’absence de symptômes, à remplir avec un stylo à déposer aussitôt dans un bac pour désinfection. Des badges autour du cou indispensables pour circuler dans le club. Un nettoyage des parties communes du club et des sanitaires deux fois par jour. La salle des joueuses et la partie médicale du tournoi (kiné pour les joueuses et infirmière pour les tests PCR) accessibles seulement aux personnes autorisées.
Un test aussi pour l’hôtel des joueuses
Autre particularité, depuis l’an dernier : le tournoi propose un hébergement pris en charge pour les trente-deux joueuses du tableau principal qui le souhaitent, à raison d’une nuit d’hôtel, de la veille du premier match au soir du dernier. D’où l’appellation « + H » sur la liste des tournois ITF, qui attire davantage de joueuses. L’hôtel, en l’occurrence Ibis Budget Amiens Centre Gare, a rouvert pour l’occasion. Une quarantaine de ses 88 chambres ont été occupées. L’établissement en a profité pour tester son dispositif de nettoyage et de désinfection systématique.
Priorité : l’école de tennis et ses 350 enfants
Que de contraintes et de changements aussi pour un tournoi où l’entrée est gratuite en temps normal et était donc libre jusque là pour les spectateurs… Le public croisait les joueuses au restaurant ou bien en se rendant au bord des courts, dans une proximité qui faisait aussi le charme de l’événement. Des spectateurs qui étaient, surtout les premiers jours du tournoi, les adhérents du club. « Ils sont compréhensifs, car souvent privés de la pratique du tennis en ce moment, observe Fabien Martin, membre du comité directeur de l’AAC et futur vice-président. Nous réfléchissons aux compensations à leur proposer » car en plus, exceptés ceux qui ont oeuvré comme bénévoles, ils ont été tenus à l’écart du tournoi cette année. Autre priorité au club : la reprise de l’école de tennis pour les 350 enfants qui la fréquentent. Elle s’effectue cette semaine, mais en extérieur, donc la météo est scrutée. Fabien Martin espère « une reprise possible bientôt sur les courts couverts, en attendant que les courts extérieurs en terre battue soient remis en état« , ce qui est le cas d’habitude fin avril, au plus tôt.
« Le défi de la bulle sanitaire a été relevé ». G. Duflot, vice-président d’Amiens Métropole
« Créer cette année une bulle sanitaire, c’était le prix à payer pour que le tournoi puisse avoir lieu, rappelle Guillaume Duflot, vice-président aux Sports d’Amiens Métropole. Et le club a brillamment relevé le défi. Ce protocole contraignant mais indispensable devra être maintenu voire renforcé pour les manifestations à venir » prévient l’élu de l’agglomération, venu dimanche assister à la finale du simple.
« Important que le sport professionnel maintienne son activité »
Comme les téléspectateurs de FFT TV, la chaîne lancée sur Internet au bon moment par la Fédération française de Tennis, qui a diffusé en direct les demi-finales et la finale du simple, Guillaume Duflot a noté qu’il fallait remonter à 2007 pour retrouver une joueuse non européenne titrée à l’Amiens AC. « Le fait qu’une Australienne remporte le tournoi, contre une joueuse argentine, c’est le reflet du sport d’aujourd’hui et cela prouve que l’on peut encore voyager, malgré les contraintes. C’est important que le sport professionnel puisse maintenir son activité ».
D’une guerre à l’autre…
Une Australienne – Seone Mendez N°2 au classement ITF et 288ème joueuse WTA – qui gagne à Amiens, cela a fait tilt par ailleurs, chez l’élu amiénois : « Personne ici n’a oublié le sacrifice australien d’il y a un peu plus d’un siècle, lors de la Grande Guerre, alors c’est un clin d’oeil de l’Histoire« souligne Guillaume Duflot, un an tout juste après le début d’une autre « guerre », celle contre le coronavirus, pour reprendre le mot d’Emmanuel Macron. Seule une des deux a été gagnée…
Vincent Delorme
Photos Reynald Valleron, Leandre Leber Gazettesports.fr