OMNISPORTS : Les échecs, le long chemin d’un sport vers sa reconnaissance

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Longtemps considérés comme un simple loisir, les échecs ont récemment connu un coup de projecteur grâce à la série Le Jeu de la Dame. L’occasion pour nous de faire le point sur un sport en quête de reconnaissance.

Si les échecs peinent à ressortir du lot dans le paysage sportif français, c’est qu’ils ont mis du temps à être considéré comme un sport dans l’hexagone. Pourtant, comme le rappelle Michel Gratton, « l’Échiquier Amiénois est un club qui existe depuis la Libération ». Mais la France a tardé à classer les échecs comme un sport. Il a ainsi fallu attendre une « décision de la Ministre des Sports, Mme Buffet, en janvier 2000. »

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Si cette classification a mis du temps à venir en France, les échecs sont toutefois considérés comme un sport depuis bien plus longtemps, sous l’impulsion d’autres nations. « Ce n’est pas nouveau dans le domaine des échecs, nous explique ainsi le président du club amiénois. C’était déjà très connu à l’époque de l’Union Soviétique, c’était valable aux États-Unis, en Allemagne et en Grande-Bretagne. C’est relativement nouveau en France mais pour d’autres Fédérations, cela faisait très longtemps qu’elles étaient classées sport. »

Or, cette reconnaissance est importante dans le développement de la discipline. Notamment sur le plan financier. C’est ce que nous précise Michel Gratton : « Il s’avère qu’il y a des moyens financiers dans le sport, il y a des financements derrière. C’est acquis pour nous puisque au niveau départemental, par exemple, on dépend du sport, c’est reconnu. »

Les échecs, un vrai sport !

Mais si « actuellement, au niveau mondial, il y a 153 pays qui classent les échecs comme un sport » comme le souligne Michel Gratton, ce n’est pas seulement pour faire plaisir aux joueurs mais parce que les échecs répondent à certains critères de la pratique sportive. Ainsi, la pratique compétitive a des implications similaires à celles d’autres sports : « Aux échecs, il y a de la stratégie, de la tactique mais aussi de la psychologie. C’est-à-dire qu’il y a des joueurs qui en affrontent un autre et qui le surévaluent et, psychologiquement, se sentent moins bons. C’est quelque chose de commun avec les autres sports, montrer à l’adversaire qu’on est meilleur, qu’on est plus fort. »

Mais surtout, alors que cela ne saute pas aux yeux du profane ou n’affectera que peu le joueur du dimanche, la pratique des échecs a également une dimension physique, nécessitant un réel entraînement. En ce sens, Michel Gratton se remémore Garry Kasparov, champion du monde de 1985 à 2000 et considéré parmi les plus grands joueurs de l’histoire : « Pour son entraînement, il s’y prenait 4 mois avant et c’était course, footing, musculation, natation. C’est-à-dire que pour affronter quelqu’un dans des parties qui durent 5h, 6h, parfois, il faut être physiquement en forme, il faut tenir le coup nerveusement, psychiquement et physiquement. Si cela a été classé comme sport, c’est parce que cela nécessite un effort physique important. » Et le joueur amiénois de confirmer par son expérience personnelle : « Par exemple, moi, je sais que je m’entraîne peu, et bien au bout de 2h de partie, je peut être fatigué. »

Et maintenant, la reconnaissance ?

Pour autant, si une progression dans la reconnaissance des échecs existe, Michel Gratton reconnaît qu’il est difficile de faire évoluer les mentalités. En ce sens, la candidature aux Jeux Olympiques 2024 était un premier pas. Mais qui n’aura toujours pas été suivi d’effets puisque les échecs n’ont pas été retenus. Le président de l’Échiquier Amiénois y voit « un travail qui se poursuit » dans la quête de légitimité de son sport dans la lignée des tentatives précédentes : « A l’époque de Garry Kasparov, il avait déjà été à l’offensive pour que cela devienne un sport olympique. Il y avait d’ailleurs eu une démonstration et puis ça n’a pas été accepté » Si cela met du temps à venir, pas de quoi entamer son optimisme, il suffit de s’armer de patience : « C’est une question d’évolution, il faut du temps. »

En ce sens, une série comme Le Jeu de la Dame peut avoir son rôle à jouer. Sortie récemment sur Netflix, elle a rapidement pris de l’ampleur et été sur le devant de l’actualité. « Cela m’a intrigué » confesse Michel Gratton qui nous explique au passage le titre : « Le jeu de la dame, c’est une traduction française d’une ouverture qui consiste à donner, dès le début, un pion pour avoir un avantage. » Et non seulement cette série a attiré l’attention sur les échecs, mais selon lui, elle l’a fait de manière réussie : « On a tous les modes de fonctionnement qu’on retrouve chez les joueurs d’échecs donc c’est bien fait. » Ce qui l’amène à conclure sur l’impact de cette séquence médiatique sur son sport : « Oui, c’est une bonne chose. »


Morgan Chaumier