Ainsi donc, une page importante du football départemental s’est tournée samedi matin au district de la Somme de football.
A Marcel Glavieux qui était en poste depuis 1992 a succédé Pascal Tranquille qui prend une succession d’autant plus difficile, qu’en ce moment, les stades sont désertés et qu’aucune compétition n’a lieu. En effet, la période actuelle que traverse le football et pas seulement en raison du COVID 19 fait que de nombreux clubs privés de ressources vont voir leur trésorerie à l’agonie tandis que le nombre de licenciés surtout au niveau des jeunes, va diminuer.
Pascal Tranquille s’est évidemment préparé et il sait qu’il ne lui sera rien pardonné d’autant que les clubs dans leur ensemble ont voté en majorité pour lui et son équipe (plus de 98%). Mais il n’y avait qu’une liste en présence et cette assemblée générale s’est déroulée de façon exceptionnelle par visio-conférence…
Beaucoup de choses séparent Marcel Glavieux de son successeur
Le premier est resté près de trois décennies en place et il s’est surtout installé dans le sérail, d’abord en tant que dirigeant de club, membre de sous-district et placé de façon idéale lorsque le président André Pouilly qui était malade, l’a choisi pour lui succéder. Quant à Pascal Tranquille, il est plutôt un éducateur et il a fait ses preuves au SC Abbeville. Peu à peu, Pascal Tranquille a appris les rouages du rôle de dirigeant et il a intégré le district de la Somme.
Sitôt élu, Pascal Tranquille a, et cela l’honore, eu une pensée pour Marcel Glavieux : « Je ne peux pas décemment triompher. Mais j’ai aussi une pensée pour Pierre Sueur, l’homme qui m’a initié au football. Ensuite, j’ai évidemment une pensée pour tous nos clubs qui aimeraient tellement être sur les terrains et qui sont privés de pratique depuis de longs mois. Mon objectif est donc de poursuivre cette saison dans les meilleures conditions et si possible, aller au bout. Nous voulons aussi accompagner tous nos clubs dans leur développement, les aider dans la stabilisation de leurs effectifs en foot animation, au niveau féminin, en arbitre, en dirigeant. Je souhaite travailler au plus près des clubs dans nos secteurs et traiter ensemble leurs problématiques. »
Quant à Marcel Glavieux, il a simplement déclaré, non sans éprouver une énorme émotion « qu’une page se tournait. » Maintenant, compte tenu du changement des mentalités, il est évident que Pascal Tranquille restera moins longtemps en place que son prédécesseur. Les présidents s’usent plus vite qu’auparavant et cela nous permet de rappeler d’abord que le district de la Somme va dans quelques années fêter son centenaire et que Pascal Tranquille est seulement le sixième en place. Il entre ainsi dans cette catégorie très restreinte des hommes qui ont fait le district de la Somme.
Un peu d’histoire
Au début, le district de la Somme s’appelait district de Picardie et ce jusqu’en 1967 quand sera officiellement créée la Ligue de Picardie avec trois départements : Oise, Aisne et Somme. Officiellement, le district de Picardie qui n’est pas encore appelé district de la Somme est créé en 1924 et son premier président-fondateur est M. Henri Marle.
Il sera rapidement remplacé par Henri Leclercq qui va rester en poste jusqu’au 15 juin 1980 quand il sera remplacé par Yves Mercher alors adjoint au maire d’Amiens et qui fut directement à l’origine de l’achat du siège actuel rue Jules Lefebvre à Amiens. Yves Mercher fut aussi directement à l’origine de la création de l’ASPTT Amiens mais aussi à l’origine de la création de six gymnases à Amiens dont Coubertin devenu aujourd’hui Coliseum. Henri Leclercq est donc resté 50 ans président et il était familièrement appelé le Napoléon du football. Henri Leclercq fut aussi directement à l’origine de la création des sous districts. Il estimait en effet que les clubs surtout durant la guerre 39-45 devaient avoir plus de proximité avec leurs responsables. Un stade porte le nom d’Henri Leclercq à Amiens (Bd Beauvillé).
Yves Mercher était un homme entier de grande qualité mais ne souffrant pas la critique. Il est resté six ans en place et il a été remplacé par André Pouilly qui dans sa jeunesse, avait porté le maillot de l’Amiens Athlétic Club puis celui de Longueau. On comprend donc facilement qu’André Pouilly a été à l’origine de l’implantation du foot dans le milieu scolaire avec la création de sections sports études mais aussi incité les clubs à se doter des célèbres minitels avec l’implantation de l’informatisation. André Pouilly a exercé le poste de directeur d’école Fg de Hem à Amiens.
Sur le terrain, il était un joueur élégant. Il est devenu successivement président de sous-district puis a succède à Yves Mercher qui venait de démissionner brutalement, le jour de la mort de Coluche en juin 1986. André Pouilly ne souhaitait pas être président mais ses amis l’ont persuadé et ainsi qu’il le répétait à l’époque « il se jette à l’eau ». Comme Yves Mercher, André Pouilly va rester six ans en fonction.
C’est André Pouilly, malade qui devait désigner son successeur ; Marcel Glavieux, d’abord président-adjoint puis qui est élu de façon royale par les clubs en 1992 comme Pascal Tranquille samedi dernier. Dans un premier temps, Marcel Glavieux a voulu être le président de la continuité. Il suit les traces d’André Pouilly à qui il rend hommage exactement comme Pascal Tranquille aujourd’hui.
Preuve que l’histoire du district de la Somme est d’une grande limpidité avec des hommes qui se succèdent et se respectent. Marcel Glavieux ne manque pas d’appétit car il va étendre son influence au delà du monde du ballon rond et il devient un peu plus tard le président du CDOS comité départemental olympique et sportif. Il est directement à l’origine de la création de la Maison des Sports à Amiens.
Marcel Glavieux et c’est sa force est partout. Là où on le demande à l’occasion d’une assemblée générale, d’une cérémonie particulière; Il répond présent et n’omet jamais de se faire photographier. Il souhaite la création du statut de dirigeant et il va développer le foot féminin. Il est aussi directement à l’origine de la création d’une école d’arbitrage dont le parrain n’est autre que Michel Vautrot alors arbitre numéro un en France.
Enfin, Marcel Glavieux a voulu que le football et le sport en général se rapprochent des milieux politiques du département. S’il n’est plus président du district de la Somme, il reste encore à la tête du CDOS et rêve d’êter présent aux J.O. de Paris en 2024.
Lionel Herbet
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