C’est jour de course aujourd’hui pour Lilou Wadoux ! La première saison de la jeune pilote amiénoise en Alpine Elf Europa Cup débute sur le circuit de Nogaro (Gers), au sein de sa nouvelle équipe Autosport GP. Nous avons rencontré Julien Neveu, l’ingénieur de course qui travaille à ses côtés.
Si 2020 ne ressemble à aucune autre année, en sport auto comme ailleurs, pour Julien Neveu, c’est 2019 qui a marqué un tournant. L’année de ses trente ans, le pilote haut-savoyard a fait un choix : celui d’arrêter de piloter pour se consacrer à son métier d’ingénieur de course. Diplômé en 2013, après une formation généraliste, il a quand-même effectué tous ses stages dans l’univers du sport auto. Un milieu dans lequel il est tombé dès l’âge de 4 ans (!) en découvrant le kart. « J’en ai fait jusqu’à mes 19 ans, puis j’ai continué à piloter mais je n’étais pas suffisamment fort pour en vivre ». Le jeune Julien n’aime pas seulement tenir le volant, il se passionne pour la mise au point de son engin. « Que ce soit avec mon père ou avec le mécano, j’ai toujours beaucoup aimé ça ! C’est à partir de là que j’ai voulu devenir ingénieur de course » explique-t-il. « Mon boulot aujourd’hui, c’est de faire en sorte que la voiture aille le plus vite possible et le pilote aussi !« . Ce qui passe par les réglages et l’analyse du pilotage « pour aider le pilote à gérer les pneus, le trafic, la pression des freins etc. »
Ingénieur et pilote Alpine pendant deux ans
« Chez Autosport GP, j’ai commencé en faisant une course en Clio. Puis j’ai fait un stage à Dubaï, en LMP2 » (endurance et antichambre officieuse des 24 Heures du Mans). Mais une fois son diplôme en poche, Julien Neveu reste fidèle à l’équipe de ses débuts. « J’ai travaillé avec Gilles (Zaffini, le patron d’Autosport GP NDLR) de 2013 à 2016. Depuis 2017, je suis free-lance, mais je travaille avec Autosport GP tous les week-ends de courses, pour les séances d’entraînement et à l’atelier au quotidien ». La passion est dévorante ! Qui plus est quand est lancée l’Alpine Elf Europa Cup, en 2018. Ingénieur et pilote, Julien Neveu va porter les deux casquettes pendant deux ans. « Avec Alpine, il y a une part d’affect. Petit, avec mon père, on allait dans les clubs Alpine. Il avait son A310. Alors je suis fier d’avoir piloté deux saisons en Alpine et d’être monté plusieurs fois sur le podium comme c’est la marque qui faisait rêver mon père… »
« Fallait freiner plus tard ! »
Il a les yeux qui brillent mais Julien Neveu garde les pieds sur terre. L’hiver dernier, il a donc pris sa retraite de pilote sans amertume. « Pilote et ingé, je ne pouvais pas bien faire les deux. Maintenant, bien connaître les deux côtés est un vrai avantage, mon point fort sûrement. Les pilotes me le disent plus que je le ressens moi-même. Dans les termes que j’utilise, dans la façon dont j’explique les choses ou dont j’analyse ce qu’ils disent, on se comprend ! Mon vécu de pilote va me rendre plus légitime si je dis par exemple : fallait freiner plus tard ! Et ça marche aussi parce que je sais leur dire que je serais incapable de faire ce que je leur demande… A l’inverse, je suis peut-être un peu moins technicien et moins performant que d’autres ingénieurs » reconnaît celui qui s’occupe de l’A110 de Lilou Wadoux.
« La confiance, c’est agréable »
« Ce qui m’a motivé à l’idée de bosser avec elle ? C’est qu’elle a du potentiel ! » . Et là, Julien Neveu tient à mettre aussitôt les choses au point au sujet de la jeune Picarde : « c’est facile de dire qu’elle va super vite si on la regarde comme une femme. Mais son but, ce n’est pas d’être la meilleure féminine (elles sont deux femmes sur les 18 engagés ce week-end à Nogaro NDLR), c’est de battre les garçons à armes égales ! ». Net et précis ! Des propos qui rejoignent parfaitement la position de Lilou Wadoux quand elle déclare que « l’explication a lieu en course ». Et que pense l’ingénieur de la pilote néophyte en Alpine ? « J’apprécie bien son côté travailleuse et calme. Je ne sais pas si elle est calme avec tout le monde, mais avec moi, elle écoute bien, elle applique ce que je lui dis. Elle a une sensibilité un peu différente, dans ses mots, son ressenti, ça va être plus fin qu’avec d’autres pilotes, très précis sur ce qu’elle ressent dans la voiture : la position des fesses dans le baquet, au niveau des pédales, du volant. On est dans un système de confiance et c’est agréable » souligne Julien Neveu.
« Lilou fait des choses que les autres ne font pas… »
De là à savoir si ce climat va permettre à l’Amiénoise de faire des étincelles dès ce week-end, dans la chaleur du Sud-Ouest, impossible de le prédire. Après les premières qualifications ce matin, suivies cet après-midi de la première des trois courses du meeting de Nogaro (lire ci-dessous), la journée va déjà être riche d’enseignements. En attendant, l’ingénieur de course a conscience des points que Lilou Wadoux doit améliorer –« son approche des virages lents, issue de ses saisons en traction »– et de ses points forts : « les virages rapides, où elle fait des choses que les autres ne font pas. Une fois que tout sera aligné, ça sera bon » pronostique Julien Neveu, Et là, on se demande si le tout jeune retraité du pilotage n’est pas en train de transmettre avec délicatesse le relais à Lilou Wadoux…
Léandre Leber (avec Vincent Delorme)
Photos – Léandre Leber – Gazettesports
Dernière minute : Lilou partira en 10ème position sur la course 1
LE PROGRAMME DU WEEK-END :
Samedi 22 août
8:35 – 8:55 : qualifications 1
13:51 – 14:21 : COURSE 1
Dimanche 23 août
8:00 – 8:20 : qualifications 2
13:33 – 14:03 : COURSE 2
18:31 – 19:01 : COURSE 3