En France, le catch a aujourd’hui quasiment disparu mais sur le petit écran et notamment la chaîne l’Equipe, on peut voir des combats messieurs et dames qui sont spectaculaires mais qui sont essentiellement disputés aux Etats-Unis.
Soyons clair: aujourd’hui, le catch a disparu dans notre pays. Pourtant ce sport, car c’en était un, a connu ses heures de gloire à Amiens et plus particulièrement au cirque Jules Verne dans les années 60-70. C’est bien simple: Amiens se trouvant près de Paris, il était fréquent que les vedettes de l’Elysée Montmartre, Wagram, le Central à Paris venaient se produire au cirque d’Amiens en général deux mardis par mois. Au départ, l’organisateur fut un imprimeur de la rue Saint Roch, M. Moulet puis il y eut un journaliste Jean Rénaux et Paul Fernet qui avait arrêté sa carrière de lutteur et était pharmacien.
Des réunions au cirque d’Amiens, nous en avons connues de superbes et ce que nous avons retenu, c’est que le plus souvent le Cirque était comblé, plein à craquer. Un public issu de toutes les couches sociales. Il faut aussi se souvenir qu’à chaque combat, il y avait une confrontation entre un gentil et un méchant. On devine dès lors que les spectateurs ne restaient pas neutres et qu’ils manifestaient souvent de façon explosive leur enthousiasme. Ainsi était-il fréquent que depuis le « poulailler » un spectateur balance sur le ring un objet ce qui était évidemment dangereux. Il était même fréquent que des spectateurs participent au combat surtout lorsqu’un des catcheurs avait été propulsé hors du ring par son adversaire. Certes, il y avait beaucoup de folklore mais avec le recul, nous sommes persuadés que ces catcheurs possédaient de réelles qualités physiques. Ils étaient pour la plupart ancien lutteurs. Comme par exemple l’acteur Lino Ventura qui avant de faire carrière dans le cinéma avait été catcheur et nous pensons même qu’il est venu à Amiens. C’est du moins ce que m’avaient rapporté les regrettés Léo Scombart et Paul Fernet qui ont fait un bon parcours dans le catch.
Des combats masqués à succès, représentés par des « méchants » et « gentils »
Durant cette période des années 60-début 70, nous avons connu des catcheurs qui étaient masqués (rien à voir avec le coronavirus). Des hommes masqués qui étaient classés dans la catégorie des méchants (le Bourreau de Béthune, l’Homme Masqué) soit des gentils comme l’Ange Blanc. Ce dernier était considéré comme un véritable héros. Partout où il se produisait, il déclenchait une véritable explosion d’enthousiasme. C’était presque de la dévotion. Nous avons vu des personnes venir s’agenouiller devant l’Ange Blanc au moment où il allait monter sur le ring. Alors, vous imaginez le jour où au cirque d’Amiens, on assista au choc Ange Blanc- L’Homme Masqué. Cette période des catcheurs masqués fut un véritable filon et c’est ainsi qu’on eut le même soir, en France, plusieurs combats avec en vedette l’Homme Masqué ou l’Ange Blanc. Qu’importe l’arnaque, pourvu que le public soit content.
Près d’Amiens, un lutteur prit le nom d’Homme Masqué et cela a marché un moment car on a quand même constaté que cet Homme Masqué bis ne valait pas l’original. Le catch était donc florissant avec les Bollet, Delaporte, Leduc, le Géant Ferré, Delasartesse, Duranto, etc. Certains ont même été appelé pour participer à des films (Leduc). A Amiens, les organisateurs ont fait en sorte qu’à chaque réunion, il y ait un gars du cru comme au départ Paul Fernet et Léo Scombart puis Segre Thorrignac, Gérald Malpart, Annie Vignal, etc
Ces organisateurs n’étaient jamais à court d’idées car ils programmaient des combats à quatre, des combats à six, des combats mixtes et même un contre deux. On se souvient de Hercule Cortez qui pesait 160kg et qui fut un jour opposé au duo Bollet-Delaporte. Peu à peu, les réunions se sont espacées au cirque d’autres disciplines Amiens. On a assisté un jour à une réunion sur .. l’eau dans le cadre de la piscine Coubertin et puis le catch a progressivement disparu. D’autres disciplines de combat sont apparues. Mais le catch est-il vraiment mort? Nous n’en sommes pas tout à fait certains.
Lionel Herbet
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