Juste avant le confinement, Alain Gest Président d’Amiens-Métropole était venu dans la salle de la Veillère et rendu enfin hommage à celui qui, dans le monde pugilistique, a laissé une trace indélébile. Désormais, le nom de Jacques Bataille est présent dans cette belle salle dans laquelle règne Jérôme Fouache. Cela nous permet de revenir à un moment où la boxe à Amiens a connu ses heures de gloire.
Le nom de Jacques Bataille est associé à un boxeur qui a été une incontestable vedette dans les années 70: Jean-Claude Lafarge. Ce dernier a disputé une quarantaine de combats professionnels dont près de la moitié à Amiens. Il travaillait dans la même usine que son mentor, chez Dunlop à la Zone Industrielle. Soyons clair: Jean Claude Lafarge aurait dû être mieux considéré. Il a toujours voulu rester fidèle à Jacques Bataille mais sur la fin, ce dernier étant malade, Lafarge dut trouver un autre professeur qui était plutôt un manager puisqu’il s’agissait de M. Traxel. Jean Claude Lafarge a boxé chez les pros durant sept saisons de 1970 à 1977.
Il boxa pour la dernière fois à Amiens, le 24 avril 1976 face à un pugiliste d’envergure Jean Pierre Younsi. Le combat était prévu sur la distance des dix reprises car il était considéré comme une demi-finale du championnat de France; Lafarge fut battu de peu aux points et alors la motivation disparut un peu. Lafarge voulut dès lors gagner un peu d’argent car jusqu’à présent, il n’avait pas fait fortune. Ses cinq derniers combats furent livrés à l’extérieur, à Milan, Gand, Forbach, Vandoeuvre et surtout à Créteil le 26 mars 1977 face à .. Alain Marion qui allait devenir quelques mois plus tard champion d’Europe des welters. Lafarge fut battu par ko au 4e round. Il disputa son dernier combat le 3 décembre 1977 à Gand et fut battu par ko au 5e round par un certain Van Torre.
D’autres grands boxeurs ont marqué leurs passages à Amiens
Sensiblement à la même époque, (1968-1975) Robert Bavent a été un pugiliste valeureux. Sur un ring, il se battait avec un énorme courage. Il n’avait pas tout à fait les mêmes qualités que Lafarge mais il avait du cœur. Bavent a boxé une douzaine de fois à Amiens mais aussi à Villers Bretonneux, Doullens. Il eut même pour professeur M. Clerc qui était également celui d’Alain Marion et qui est décédé d’une crise cardiaque quelques années plus tard. Robert Bavent était capable de s’arrêter de boxer plusieurs mois avant de reprendre ensuite la compétition. Il disputa son dernier combat pro en novembre 1975 face à Zito à Lyon. A notre humble avis, nous pensons que Robert Bavent est passé à côté d’une meilleure carrière. A qui la faute? Lui seul le sait.
Dans ces années, comment ne pas rappeler le nom de Jean Ramon qui se signala chez les amateurs en donnant du fil à retordre à celui qui n’était pas encore devenu le grand champion qu’était Jean Claude Bouttier. Jean Ramon qui alternait travail (il faisait les marchés) et boxe disposait d’un punch redoutable. Mais à l’inverse, il était plutôt fragile. D’où une carrière en dents de scie? Elle dura de 1965 à 1971 et son dernier combat se solda par une défaite (ko au 2e round) face à Philippe Jacques.
Un peu plus loin dans le temps, citons le poids moyen Jean Kowal (1961 à 1966) avec peu de combats livrés à Amiens. Avec Kowal, le public était assuré que le combat irait au bout. Jean Kowal a effectué ses débuts à Amiens le 14 octobre 1961 et ensuite ses apparitions en Picardie furent très rares. Il fut un jour l’adversaire d’un certain Tom Bogs au Danemark et qui sera un futur grand de la catégorie. Par la suite, Jean Kowal a vécu juste en face du Coliseum. A cette époque, nous avons connu les frères William et Johnny Collet, Merouane Achour, Jean Belval le poids lourd qui venait d’Auxi le Château , sans oublier Mérouane Achour et plus loin encore le lourd Gilbert Grare.
Dans ces années 70, le club d’Amiens se dote d’un nouveau président: M. Pierre Rohaut . Au plan technique, il est de plus en plus fréquent qu’un éducateur de Paris, Bernard Dambrosio vienne régulièrement mettre les gants avec les Amiénois. Mais en ces années, le mal dont souffre le plus est le manque d’argent. Un problème qui reste d’actualité.
Notre photo: Jean cirque d’Amiens.Claude Lafarge et son adversaire Jean Pierre Younsi avec l’arbitre, le regretté André Ducrocq. C’était le 24 avril 1976 sur le ring du cirque d’Amiens.
Lionel Herbet
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