FOOTBALL – Vincent Barbazan : « On aurait préféré l’obtenir sur le terrain mais on la prend sans soucis »

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Alors que la saison a pris fin brutalement à cause du Covid-19, nous avons échangé avec Vincent Barbazan, entraîneur, joueur et l’un des membres fondateur du Boves SC

En quelques mots pouvez-vous nous présenter le club ?

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Il n’y avait plus de foot suite à la liquidation judiciaire de l’ancien club. Étant résident de Boves, ne plus voir de club me faisait un peu de peine. Avec quatre amis, on a décidé de créer un nouveau club à l’été 2016, en repartant de zéro. On a créé au début une seule équipe senior avec une vingtaine de licenciés, puis l’année suivante une équipe réserve à vu le jour, puis l’année d’après une équipe vétéran pour environ 70 licenciés. L’année prochaine suite à notre accession en D4, on se doit d’avoir une équipe féminine ou une équipe de jeune. On va donc créer une équipe U10-U11 à la rentrée. 

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Les 5 membres fondateurs du club avec au centre le président, M. Joao Paulo Morais. Valentin Chemin, Sylvain Bettioui à gauche, Jérôme Baderot et Vincent Barbazan à droite

Vous montez une troisième fois en quatre ans, c’était l’objectif au départ ? 

L’objectif fixé était d’atteindre la D4 en cinq ans, finalement nous sommes en avance puisque nous l’avons fait en quatre ans. Après l’équipe réserve est montée la saison dernière en D6. Après l’ambition au départ n’était pas forcément de créer beaucoup d’équipes seniors mais le bouche à oreille a bien fonctionné et l’on a dû créer une équipe réserve. Pour les vétérans cela me tenait à cœur car j’arrive à un âge où je voulais continuer avec mes amis. On a fait une fusion au départ avec une ancienne équipe corpo’ suite à l’arrêt de leur championnat ce qui nous a permis d’avoir tout de suite assez de joueurs. L’objectif était ensuite de pérenniser le club à un niveau correct et d’être “autosuffisant” financièrement en apprenant les leçons de l’ancien club. On a tout de suite souhaité que chacun est un rôle bien défini et aujourd’hui on peut un peu plus délégué car nous avons plus de bénévoles. L’équipe jeune n’a pas été une priorité dès le début mais un souhait à la création et nous sommes heureux de pouvoir y arriver. C’est un village où il y a quand même pas mal de jeunes et c’était dommage de les voir partir vers les clubs voisins comme Cagny ou Longueau par exemple. Faire vivre le village était aussi quelque chose d’important pour nous. 

L’objectif fixé était d’atteindre la D4 en cinq ans, finalement nous sommes en avance puisque nous l’avons fait en quatre ans

Le développement des jeunes est primordial pour le développement du club ? 

Oui, si l’on veut que le club progresse ça devient primordial, comme la formation d’arbitre. On a quelqu’un qui s’est engagé l’année dernière et qui a même commencé à arbitrer un peu. Après les jeunes ça nous tenait à cœur, d’autant que je suis enseignant. Il y avait peu d’associations sportives à notre création il y a quatre ans. Maintenant il y a un club de basket qui brasse beaucoup de jeunes et c’est une très bonne chose, on veut travailler en collaboration pour faire vivre et rendre plus dynamique le village. Pour pérenniser le club, car c’est notre philosophie, les jeunes sont primordiaux. Avoir des jeunes c’est aussi avoir de la relève pour l’équipe senior dans les années à venir, car on devra passer le relais un moment donné. 

Comment avez-vous vécu cette saison et cette montée si particulière ? 

La saison a été particulière mais dans notre région nous sommes habitué à de longues trêves. Entre novembre et mars, il y a très souvent peu de rencontres et une multitude d’arrêtés. Nous à Boves, où c’est assez marécageux, on ne peut même pas s’entraîner pendant cette période ; donc il faut alors trouver des solutions annexe. L’année dernière on avait réussi à avoir un terrain synthétique mais ce n’était pas le cas cette année, après on a réussi à avoir un peu un gymnase. Sinon on a fait des jorkyball, mais cela implique des frais à chaque fois aux joueurs et ce n’est pas possible. C’est déjà un problème habituel, et cette année au moment on l’on espérait revenir, les conditions sanitaires sont venues tout stopper. La montée on l’a vécue de manière particulière. Quand il y a eu l’arrêt on était premier, donc quand il y a eu cette période d’incertitude on était assez serein malgré tout, car en cas de montée on était certain d’en faire partie. Finalement de nombreuses équipes vont monter cette saison ce qui rend la chose encore plus particulière. On aurait préféré l’obtenir sur le terrain mais on la prend sans soucis. 

Le championnat s’est finalement arrêté au bon moment pour vous car le groupe était très serré ? 

Oui finalement cela s’est joué de peu avec un dernier match avant la trêve que l’on parvient à jouer et où l’on fait match nul contre Daour dernier. Ce point qui nous a déçu sur le moment – même si nous étions allés là-bas avec un effectif très réduit (10 joueurs) – est finalement très important. Le championnat était très relevé avec une énorme densité; mais on le savait car ce sont des équipes que l’on connaît et que l’on rencontre souvent. Le regret que l’on peut avoir c’est de ne pas avoir joué contre toutes les équipes mais c’est le cas de tout le monde. On a eu aucun match facile avec des victoires de un ou deux buts en général. D’ailleurs si l’on regarde l’ensemble des résultats, il y a eu énormément de matchs serré.

Quel est l’objectif du club la saison prochaine ? 

L’objectif sera de maintenir l’équipe première en D4 en étant conscient que le niveau va encore augmenter, après si l’on peut aller chercher mieux on ne s’en privera pas. On cherche pour cela à recruter surtout en attaque car c’est notre talon d’achille, on manque de “tueur” devant le but. Ensuite, pour la réserve qui a connu une saison compliquée avec un groupe costaud et de nombreuses absences, l’objectif est de monter pour réduire l’écart entre les deux équipes. Pour les vétérans ce sera de continuer à prendre du plaisir car c’est l’objectif de ce championnat qui est une compétition de foot plaisir on va dire. Ensuite pour notre équipe de jeunes, de faire des matchs et des plateaux et de faire revenir les jeunes de Boves au football. Dans l’avenir on espère avoir plusieurs équipes jeunes et que les équipes seniors continuent de monter dans les différentes divisions de district. 

La crise actuelle a-t-elle eu un impact sur le club ? 

Le club vit grâce à la buvette, la licence et sponsoring qui sont les revenus principaux du club. On essaye via les employeurs des joueurs et nos connaissances, de trouver des sponsors, en proposant des réductions sur les licences quand un joueur ramène un partenaire. Ensuite on a les aides de la ligue et de la métropole, la mairie nous offre une aide qui est plutôt matériel. Financièrement c’est compliqué surtout que l’on attendait un geste de la ligue qui ne viendra pas. Leurs arguments qui sont que l’on a fait des économies en termes de frais d’arbitrage et de déplacements sont assez fallacieux. En effet, les arbitre ne nous coûtent presque rien à ce niveau car les frais sont partagés avec l’adversaire et les déplacements ne coûtent rien au club car ce sont les voitures personnelles des joueurs. Ensuite nous n’avons pas pu organiser de tournois ou des événements qui permettent de faire rentrer de l’argent. C’est plus un manque à gagner car les comptes du club ne sont pas dans le rouge, donc on va repartir à zéro mais nous n’aurons pas de réserve que l’on aurait pu avoir avec ses événements.

Que pensez-vous de la réforme du district et de la longue trêve annoncée ? 

Je pense que c’est quelque chose d’inévitable dans notre région, car on ne peut quasiment pas jouer pendant cette période. Après je pense que le problème est surtout au niveau des infrastructures avec un gros retard par rapport à nos voisins du Nord-pas-de-Calais par exemple. Pour éviter une aussi longue trêve il faudrait plus de terrain synthétique pour avoir de meilleure conditions d’entraînement et de jeu. L’année dernière on avait réussi à avoir un créneau sur le synthétique de Soufflot mais ce n’est pas forcément un créneau qui correspond à tout le monde et quand il faut partager le terrain avec un autre club ce n’est pas toujours facile. On aimerait plus que les infrastructures soient développées, plutôt qu’une longue trêve imposée ; car ne pas jouer pendant quatre mois c’est dommageable. Heureusement on arrive à garder un lien social, comme cela a été le cas pendant la période de confinement. On a mis en place des quizz quotidien et des interviews de joueurs du club pour mieux les connaître. Pour moi l’une des solutions aurait été de ne pas jouer de l’année 2020 pour laisser passer la pandémie et repartir sur un championnat de mars à novembre avec une trêve au mois d’août. Jouer sur une année civile peut-être une solution pour notre région car entre novembre et mars on ne peut quasiment jamais jouer. Cela oblige à jouer en fin de saison les jours fériés ou plusieurs fois dans la semaine, ce qui n’est pas compatible avec le sport amateur. Après cela impliquerait de gros changements et je ne suis pas certain que le district soit prêt à cela. Il faut en tout cas réfléchir à une “révolution” pour le bien du foot dans la région.



Aurélien Finet

Crédit Photo : Boves SC