L’équipe féminine du RCA a vu les phases finales s’envoler avec le confinement, mais a pu effectuer toute la phase de poule et terminer première du groupe. Une saison que Catherine Bourbon (capitaine) et Lucie Jacquet-Malo (vice-capitaine) ont accepté d’aborder pour GazetteSports.
Les deux joueuses interviewées ici se sont exprimées avant les dernières déclarations du gouvernement.
Avant tout, comment avez-vous vécu cette saison en tant que capitaine et vice-capitaine ?
Catherine Bourbon (capitaine) : Je l’ai très bien vécu, dans le sens où le groupe était déjà créé. C’était plus facile d’aborder la saison avec un noyau qui se connaissait déjà et avait déjà des repères. Le staff nous a aussi beaucoup aidé. En tant que joueuses on pouvait se concentrer vraiment sur le jeu et pas sur l’administratif qu’il y a à côté. On a aussi eu des nouvelle joueuses bien intégrées, donc c’était une bonne saison.
Lucie Jacquet-Malo (vice capitaine) : Je l’ai super bien vécu. On avait un groupe qui était prêt à jouer et à s’investir. L’équipe s’est aussi étoffée avec des arrivées et ça s’est passé très naturellement. C’était une très bonne saison avec beaucoup de plaisir.
On voulait être une équipe du début à la fin
Lucie Jacquet-Malo
Vous terminez à la première place, on peut parler de saison réussie malgré cette phase finale qui s’évapore sous vos yeux…
C.B : L’an dernier on avait fini dans les poules basses. Cette année on avait à cœur d’essayer d’être championnes. On s’entraîne plus, on s’investit beaucoup, et on garde la cohésion en voulant toujours nous améliorer. La phase finale c’était accessoire, ce qui comptait c’était l’équipe.
L.J-M : Honnêtement, premières ou dernières ça importait peu au final, on voulait être une équipe du début jusqu’à la fin de saison. J’ai un petite frustration de ne pas avoir joué la demi-finale face à Roubaix car on aurait encore sûrement appris, mais ce n’était pas ce qui comptait pour nous.
Quels ont été les points forts et points faibles du groupe ?
C.B. : En points forts je dirais la cohésion, on l’a vraiment senti cette année. Ensuite l’investissement et l’assiduité, aux entraînements comme aux matchs on voulait toutes être là pour l’équipe. Et enfin la pugnacité, le groupe était très combatif et on l’a vu sur beaucoup de rencontres. En points faibles je pense d’abord au physique, c’est quelque chose qu’il faut qu’on travaille. Et ensuite il y a l’effectif. Certes on est une vingtaine aux entraînements mais ce n’est pas suffisant pour jouer à 15, ça reste notre objectif premier à moyen terme. Mais passé tout cela, je ne vois pas de négatif concernant l’équipe.
L.J-M : Je pense tout d’abord au jeu collectif qu’on a produit. Je suis deuxième ligne, donc au soutien de mes partenaires et je vois tout ce qu’il se passe. J’ai été bluffée de la qualité de jeu qu’on produisait, par exemple sur les passes après contact. On avait une vraie confiance collective et mutuelle. En point faible, je dirais le physique et peut-être aussi le cardio. Je pense aussi au mental parfois. On n’a pas su affronter mentalement certaines équipes. Dans nos défaites je suis certaine qu’en relevant la tête on aurait pu renverser le match, mais on a tendance à s’enfoncer et à ne plus aller vers l’avant.
Vous affichez un bilan de 9 victoires et 3 défaites, comment expliquer cette réussite ?
C.B. : C’est simplement le travail tout au long de la saison. On a l’habitude de jouer ensemble. Ça s’inscrit dans la dynamique des coachs de jouer ensemble, et toutes ensemble. Un point important était d’accorder le même temps de jeu à chacune pour avoir un groupe homogène, et ça s’est ressenti. Dans la plupart de nos défaites on faisait face à des joueuses d’expérience, qui venaient souvent du rugby à 15, donc on a encore du chemin à faire.
L.J-M : Les coachs ont beaucoup travaillé avec nous et il était par exemple hors de question de faire jouer la performance individuelle dans le groupe . On voulait récompenser l’assiduité et l’envie, en voulant toujours donner du temps de jeu à toutes, et ça a payé. Le groupe s’est construit un peu plus à chaque entraînement, et on s’est soudé pour atteindre ces résultats.
Serez-vous toujours dans l’équipe la saison prochaine ? Auquel cas quelle préparation envisagez-vous ?
C.B. : Je serai encore là oui, capitaine ou non d’ailleurs, ce qui compte pour moi c’est d’être dans l’équipe. Au mois de juin j’espère qu’on pourra reprendre les entraînements. Retrouver une bonne condition physique et le cardio. La préparation est importante pour aborder une saison. J’espère ensuite reprendre les rencontres fin août, même si j’en doute. D’un point de vue sanitaire ça sera encore compliqué pour la préparation entre nous mais au plus tôt on pourra reprendre en toute sécurité mieux ce sera pour la saison. On a aussi l’envie de faire venir des joueuses pour essayer le rugby avec nous, j’espère qu’on pourra. Notamment proposer des entraînements ludiques, peut-être aussi animés par les joueuses, proposer du jeu et montrer l’équipe et l’ambiance qu’on a.
J.L-M : Bien sûr je reste au RCA pour soutenir l’équipe sur le terrain. Pour la préparation personnelle on fait toutes un peu de musculation chez nous pour ne pas trop perdre en confinement. Je ne redoute pas une perte d’intensité, car tout le monde sera un cran en-dessous. Après on fait des visio-apéros, on se partage nos entraînements physiques, on essaye de garder la cohésion qui nous a tant aidé sur la saison. On a l’envie de se retrouver donc je sais que quand on retournera sur le terrain on y mettra du cœur.
La cohésion, c’est ce qui nous fait avancer
Catherine Bourbon
Au final, que retenir des Licornes sur cette saison ?
C.B. : La cohésion c’est ce qui nous a fait avancer. On a fait un journée rafting mi-septembre toutes ensemble, ça a lancé notre saison. C’est un vrai moteur dans un groupe et surtout dans un sport comme le rugby.
L.J-M : Déjà, qu’on est un groupe de « bonnes meufs ». On se retrouve plus dans ce terme, qui veut dire beaucoup de choses pour nous, que dans celui de « Licornes ». On a trouvé une solidarité d’équipe qu’on a réussi à insuffler à toutes les joueuses, tout le monde a réussi à se mettre dans un état d’esprit commun. Mais l’objectif est seulement partiellement atteint. On veut créer une bonne équipe à 15 et rester performantes. Ça sera difficile et ça prendra du temps mais à moyen terme pourquoi pas !
Propos recueillis par Benjamin Poupart
Crédit photo : Coralie Sombret – GazetteSports