Passé par les équipes jeunes de l’ASC et de Camon, Nicolas Detaille a découvert le triathlon après ses 20 ans. Une découverte rapidement devenue passion qui l’a vu, en compagnie de sa conjointe, créer le club de Poix Triathlon il y a trois ans. Rencontre.
Bonjour Nicolas, peux-tu nous parler de ton parcours jusqu’à la création d’un club de triathlon à Poix de Picardie ?
Tout d’abord, j’ai passé des diplômes dans le milieu aquatique. Il y a huit ans j’ai passé des brevets fédéraux, le 1 et le 2, que j’ai validés en natation. Ensuite j’ai passé mon BP JEPS à Amiens (AAN : activité aquatique de la natation). Puis je suis allé au club de natation de Poix de Picardie où j’ai commencé à entraîner, et aujourd’hui ça fait 8 ans que j’entraîne.
Il y a trois ans avec ma conjointe on a voulu ouvrir un club de triathlon. Aujourd’hui j’entraîne au club et elle en est la présidente ; on se débrouille pas trop mal et on a une cinquantaine de licenciés.
Revenons un peu en arrière, personnellement, tu viens du foot…
Oui j’ai commencé le foot à 5 ans à Conty puis j’ai joué aux Evoissons, à Croixrault, à l’Amiens SC, à Camon et enfin à Poix. À Poix je me suis fait une distension du ligament externe et j’ai arrêté le foot.
Et comment en es-tu venu au tri’ ?
Honnêtement je ne m’y intéressais pas du tout dans ma jeunesse, le seul truc que j’aimais bien faire c’était d’aller courir. À 20 ans j’ai même fait mon premier marathon. Pour le triathlon c’est venu d’un truc tout bête. Un jour ma copine est partie faire le triathlon de Beauvais et elle m’a dit : « Nico’ il faut que tu essayes ». J’ai essayé, j’ai fait un triathlon et j’ai tout de suite adhéré à fond. Ensuite Adrien Hochedé est venu me solliciter pour l’entraîner en natation. Comme j’ai réussi avec lui, plein de gens m’ont sollicité et au final on s’est dit : « Pourquoi ne pas créer un club ? »
J’ai essayé, j’ai fait un triathlon et j’ai tout de suite adhéré à fond.
Avant de lancer le club, tu avais donc déjà de la demande ?
Exactement, lors de notre première année on devait déjà être une vingtaine. Certains adultes que j’avais en natation étaient intéressés par la discipline mais il n’y avait pas de club de triathlon, donc quand on a créé la structure ils sont venus directement. Après de fil en aiguille les gens sont venus de plus en plus. Aujourd’hui en natation certains me demandent des plans d’entraînement. Mais même s’ils ne sont pas licenciés au club je ne fais pas payer ; je ne fonctionne pas comme ça, je n’aime pas ça. Moi ça fait 8 ans que je fais du bénévolat et je n’ai jamais réclamé un sou. Je passe 15 à 20h avec mon club, ça me prend mes soirées, mes week-end, mais c’est du bénévolat.
Actuellement comment se compose la structure ?
On a aujourd’hui 50 licenciés, qui vont de 10 ans à une cinquantaine d’années. On a mis à partir de 10 ans, comme ça ils savent au moins faire deux nages et un aller-retour en natation. Et après, chez les adultes le plus âgé à une cinquantaine d’années.
On a aujourd’hui une petite dizaine de femmes au club et des licenciés de tous horizons professionnels. Nous, tout ce que l’on veut c’est une ambiance familiale. On veut un équilibre entre compétition et loisir. Le but c’est de prendre du plaisir dans une atmosphère conviviale et familiale.
D’un point de vue financier nous n’avons pas de rentrées d’argent à proprement parler, mais nous avons pas mal de sponsors : Kubota, Loxagri, Culture Vélo à Camon, Multitrav de Loeuilly, La Ferme du Val de Poix, la mairie de Poix, Running 3, et Bioracer qui s’occupe des mes équipements vélo et natation.
On veut un équilibre entre compétition et loisir. Le but c’est prendre du plaisir dans une atmosphère conviviale et familiale.
Vous avez quelques très bons jeunes au sein du club…
Oui, nous avons des jeunes avec un très gros potentiel. Il y a eu Luc Desmarest notamment qui était aussi à l’AUC. En effet, mes jeunes courent à l’AUC, comme ça ils ont un bon spécifique de course à pied avec un entraîneur avec qui je suis en lien : Manu Da Silva. L’AUC s’occupe d’eux en course à pied et moi je m’occupe de la natation et du vélo. Pour en revenir à Luc, il est parti cette année à Montpellier Triathlon. Un club où il y a Cassandre Beaugrand, Pierre Le Corre, où il côtoie des professionnels qui font de la WTS (ndlr : World Triathlon Series). Donc je suis content de sa formation, et aujourd’hui quand Luc revient dans la Somme, il vient s’entraîner avec le club.
Maintenant j’ai aussi la chance d’avoir son petit frère avec nous, Noé qui a 14 ans et qui a déjà fait 17’30 au 10km. Il y a aussi Hippolyte Marchal, 17’30 au 5km et Marie Desmaret qui a le record de France du 5km dans sa catégorie d’âge. Il y a aussi Romain Brumand, il est en terminal et il vaut aussi 17’30. Ce sont tous des gros cyclistes, de bons coureurs à pied, par contre ils pèchent tous un peu en natation. Cette année on avait de beaux objectifs avec les jeunes : aller au championnat de France de tri’, au championnat de France d’aquathlon et au championnat de France de duathlon.
Il y a de cela 5 ans j’ai aussi eu la chance d’avoir Adrien Hochedé en natation. Au départ il ne nageait pas très bien mais on a travaillé fort durant deux ans et il a fait les championnats du monde à Hawai.
Avez-vous de la concurrence de la part d’autres structures ?
Non et justement c’était même le problème avant. Ceux qui voulaient faire du triathlon devaient aller à Beauvais ou Amiens. Mais depuis que l’on existe nous n’avons aucune concurrence. On travaille avec le club d’Amiens par exemple. On est en bonne relation avec eux et on a même fait un stage jeunes ensemble en février à Doullens.
Au club ce sont surtout des gens qui viennent des alentours de Poix.
Vous parvenez à avoir un équilibre entre compétiteurs et pratiquants « loisir » ?
Oui, et selon moi ça doit être comme ça dans tous les clubs : trouver un équilibre entre des gens focalisés sur la performance et d’autres qui sont là pour le loisir avant tout. Il faut un juste milieu, sans être dans l’excès d’un coté ou de l’autre. Pas trop « à la cool » sinon le club se dégrade et ce n’est plus cadré, mais pas trop non plus dans l’intensité et le haut niveau, sinon tu laisses beaucoup de gens sur le côté. Et depuis trois ans on a réussi à trouver cet équilibre.
Pour un club « jeune », vous avez déjà une base solide de licenciés ; comment expliques-tu l’engouement pour cette discipline ?
Beaucoup viennent de la course à pied car ils en ont marre de courir. C’est la lassitude d’un sport. J’ai des nageurs aussi qui en avaient marre de faire des longueurs. Alors certes quand tu prépares un événement ça demande de l’investissement et du temps. Mais au moins quand tu satures avec un sport tu peux basculer.
Le triathlon c’est bien, car quand tu en as marre de faire un sport tu peux tout de suite changer.
Et d’une manière générale, comment s’entraîne-t-on en triathlon ?
Alors déjà ce n’est pas forcément pareil pour les jeunes et pour les adultes. Mais au club, pour les adultes c’est : lundi course à pied chacun de son côté, petit footing. Par exemple moi je vais à l’Amiens UC pour m’entraîner. Le mardi c’est une séance club de natation 2h. Le mercredi c’est une séance course à pied du club, puis le jeudi repos en général. Le vendredi soir une séance de natation de 2h. Le samedi en général la plupart vont courir ou faire du vélo avant une autre séance de deux heures de natation. Et le dimanche matin c’est une séance de vélo. Donc on a mis trois séances de natation, une séance de vélo en groupe et une séance de course à pied en groupe.
C’est un sport où il est important de s’entraîner à enchaîner deux disciplines ?
Oui bien sûr, c’est essentiel. On ne le fait pas l’hiver mais on le fait beaucoup à partir d’avril-mai. Car à partir de ce moment-là on peut s’entraîner une fois par semaine en eau libre au plan d’eau de Lœuilly. Quand c’est comme ça on fait pas mal d’enchaînements. Par exemple natation puis vélo, ou parfois le dimanche on fait vélo puis course à pied.
Parfois je leurs fais aussi un parcours dans l’eau ; ils doivent nager puis enchaîner avec de la course autour du bassin. Car la transition de l’horizontale à la verticale est essentielle. Si tu ne le fais pas en entraînement c’est risqué car tu as vite la tête qui tourne et le jour J ça peut te faire rater une course.
C’est très important de faire ce travail si tu veux que ton corps assimile les transitions, car c’est ce qu’il y a de plus compliqué.
Souhaites-tu rajouter quelque chose ?
On peut rajouter que le club est ouvert à tous. Chez les jeunes ma porte est grand ouverte à tout le monde. S’ils ont envie de découvrir le triathlon, ce sera pour moi un plaisir de les encourager et les amener à ça. Donc au plaisir de faire découvrir le triathlon au maximum de personnes !
Propos recueillis par Quentin Ducrocq
Crédit photo DR