Discrète, la recrue estivale de l’ASC se flatte déjà d’un joli palmarès. Une expérience qu’elle est heureuse de partager en Somme.
Soucieuse à ne faire « grand bruit », l’actuelle ambassadrice de l’Amiens SC ne semble cependant jamais délaisser l’opportunité de marquer les esprits ! Un souhait qui lui a d’ailleurs permis d’étoffer, au fur et à mesure, une carte de visite qui aujourd’hui a déjà fière allure. Petite fiche de bristol sur laquelle Anaïs Pugnetti a pris soin, plaisir même, de mentionner entre autre, une « participation à l’Euro 2016, catégorie U19, en Israël » ainsi que plusieurs campagnes parmi l’Elite.
« J’ai eu la chance et le privilège d’être à chaque fois de la partie » murmure la native d’Armentières (Nord). Presque embarrassée à l’idée de feuilleter cet album aux souvenirs. Celui qui réunit ces clichés où elle apparaît notamment sous le maillot tricolore donc, du FCF Arras et de La Roche-sur-Yon. Structures où elle évoluera dans la cour des grandes. Un rêve de gosse devenu donc réalité pour cette demoiselle de 22 ans qui ne doit cependant rien à personne.
À l’époque, le football version féminin n’en était qu’à ses balbutiements. En conséquence, je m’efforçais à trouver ma place au sein de l’effectif masculin U7.
« Excepté peut-être à toutes celles qui ont eu à me supporter ! » lance-t-elle en souriant. Adressant spontanément au passage un petit clin d’œil « très amical » vers les dirigeants du CS Erquinghem Lys (Nord). « Association particulièrement conviviale et chaleureuse », toute proche de la demeure familiale, où Anaïs Pugnetti découvrait ses premières sensations, balle au pied. « À l’époque, le football version féminin n’en était qu’à ses balbutiements. En conséquence, je m’efforçais à trouver ma place au sein de l’effectif masculin U7. »
Farouche et évidente volonté de bien faire qu’elle réitérait ensuite à Armentières (Nord) où elle évoluera durant quatre saisons (2008-2012). Avant que ne lui prenne l’envie de glisser trousse et cahiers dans son baluchon dans l’espoir d’intégrer le pôle du même nom de Liévin (Nord). Cursus scolaire qui l’amenait aussi à se familiariser avec les vestiaires du FCF Arras, de 2012 à 2015. Studieuse, Anaïs Pugnetti l’était également sur le pré vert. « À vocation plutôt offensive » en U19F nationale, elle se retrouvait (parfois) également d’attaque au sein d’une formation fanion déterminée à tirer son épingle du jeu au plus haut niveau. Des prestations qui lui permettaient de susciter l’attention de certains « messagers » de la FFF.
« J’ai eu l’agréable surprise d’être retenue dans le Groupe France. À la veille d’un Euro 2015 où celui-ci ne masquait pas ses prétentions » se souvient celle qui prenait part (activement) à la préparation de cette échéance. Sous l’œil du sélectionneur Gilles Eyquem qui se décidait à la lancer dans le « grand bain », au printemps 2016 face à l’Angleterre lors d’une double confrontation amicale. Une opportunité qu’elle s’empressait de saisir.
Reconduite, elle apportait sa contribution au large succès face à la République Tchèque (0-6). Puis contre les Iles Féroé où elle réalisait d’ailleurs un doublé (7-0), validant ainsi son « billet » pour Israël. « L’aventure Euro restera à jamais gravée dans ma mémoire. J’ai vécu, de façon intense, une période extraordinaire. Nous étions choyées, comme placées dans du coton par le staff » se remémore Anaïs Pugnetti. Regrettant cependant que cette épopée ne se soit stoppée au stade des demi-finales, « par un revers contre l’Espagne (2-1). »
L’aventure Euro restera à jamais gravée dans ma mémoire. J’ai vécu, de façon intense, une période extraordinaire.
Remise de ses belles émotions, l’intéressée (re)trouvait son quotidien, avec néanmoins une légère variante puisqu’elle répondait favorablement aux sollicitations du ESOFV La Roche-sur-Yon. « Choix mûrement réfléchi » souligne-t-elle qui traduisait aussi d’une volonté à se faire un nom en Division 1 : « Il m’apparaissait délicat de refuser. Ma grande sœur a toutefois joué les médiatrices auprès de mes parents. Malheureusement la saison s’est révélée difficile puisque nous n’avons pu éviter la relégation » confesse l’étudiante de l’époque. Amenée à jongler entre les cours déclinés à la faculté de Nantes (Loire-Atlantique) et les séances d’entraînements. Exercice de style qui se prolongeait d’ailleurs, Anaïs Pugnetti veillant à maintenir, dans la foulée, sa confiance à la structure vendéenne.
Antichambre de l’Elite qu’elle continuait d’ailleurs à côtoyer, en Champagne cette fois et sous le (mythique) maillot du Stade de Reims, son baccalauréat également en poche. Douze mois en « Rouge et blanc » avant qu’elle ne privilégie – brusquement – l’anonymat d’un championnat de District. « Le projet élaboré par Bousbecque (Nord) a retenu mon attention, jusqu’à me convaincre » raconte cette enseignante d’éducation physique et sportive en devenir et en résidence à Lille afin de suivre ses études. Intéressant « compromis » d’une confrontation face à l’Amiens SC remettait, soudainement, en question. Quelques échanges également : « L’éventualité de rejoindre l’effectif à la trêve hivernale a notamment été évoquée. » Une hypothèse à laquelle elle n’avait donné suite « par respect. »
Retrouver un niveau qui fut le mien, apporter humblement mon expérience à ce promu bien structuré, évoluer en toute sérénité, ont également influencé cette prise de décision.
Et ce n’est donc que l’été dernier qu’Anaïs Pugnetti empruntait le chemin qui mène à la Licorne. « Je l’admets, l’accession a favorisé mon arrivée mais n’est pas la seule et unique raison » s’empresse de clamer, haut et fort, celle dont la perspective de croiser à nouveau le regard d’anciennes coéquipières, « adversaires aussi, » n’était pas pour lui déplaire. Le challenge proposé par l’Amiens SC et l’implication du regretté Jacques Hénot non plus…
« Retrouver un niveau qui fut le mien, apporter humblement mon expérience à ce promu bien structuré, évoluer en toute sérénité, ont également influencé cette prise de décision » confie celle qui n’émet aucun regret : « Certains pourraient évoquer une saison galère mais ce n’est pas le cas. Du moins, je ne le ressens pas de la sorte… Les contre-performances sont, pour la plupart, le fruit d’une inexpérience. Ce groupe manque de maturité, c’est indéniable. Nous sommes toutes d’une génération identique » analyse cette gauchère, reconvertie en milieu de terrain « à vocation plutôt défensive. »
Devenue l’un des maillons forts d’une troupe « perfectible, à la lutte dans championnat à deux vitesses et qui, à mon sens, paraissait capable de prétendre aux barrages. Malheureusement la pandémie liée au Covid 19 n’a pas autorisé la reprise des confrontations. »
Le sort de l’Amiens SC dorénavant dans les statuts du règlement, cette incertitude conditionnerait-elle l’avenir de la demoiselle : « Si je serais Amiénoise à la rentrée ? L’interrogation me semble prématurée… Toutefois, je me sens bien ici et peu importe la division. Auriez-vous un semblant de réponse ? » précise, derrière un petit sourire, Anaïs Pugnetti. Avant de rappeler qu’elle figurera « au minimum encore un an » sur le listing de l’académie de l’éducation nationale Hauts de France.
Préoccupée pour l’heure à conserver la ligne – « ce qui n’est pas chose aisée en cette période de confinement » -, l’Amiénoise (de cœur) aurait-elle déjà tracé les contours d’un avenir à court terme ? « À voir » rétorque-t-elle sur un ton d’espièglerie.
Fabrice Biniek
Crédit photos : Gazettesports (Archives)