En porte-parole, l’actuelle arrière latérale de l’Amiens SC se livre, se dévoile également. Portrait d’une passionnée…
Le contraste est (parfois) saisissant. Derrière l’aspect « jovial » qu’elle dévoile au quotidien, Jennifer Meunier dissimulerait-elle une autre personnalité ? Trait de personnalité dont elle laisserait tomber le masque lors de chacune de ses apparitions sur le rectangle vert. Où elle se révélerait ainsi une farouche compétitrice dans l’âme. Une facette que l’actuelle ambassadrice de l’Amiens SC ne cherche d’ailleurs à nier.
« J’admets être un peu différente de la vie de tous les jours une fois avoir chaussé les crampons » acquiesce l’intéressée, avec un petit sourire. Aveu d’une jeune nordiste qui découvre un « malin plaisir à jongler de la sorte depuis maintenant deux décennies. » Depuis cette rencontre « pourtant très imprévisible » avec le ballon rond.
Déjà peut-être étais-je un « garçon manqué » ? Toujours est-il que j’ai ressenti l’envie de pratiquer ce sport.
« Cela m’a soudainement traversé l’esprit. Étonnement je l’avoue. Aucun proche, aucune amie ne semblait sensibilisé par le football, de près ou de loin. Excepté peut-être mon père qui, parfois, se glissait dans la panoplie d’arbitre. Déjà peut-être étais-je un « garçon manqué » ? Toujours est-il que j’ai ressenti l’envie de pratiquer ce sport. Dans un premier temps, tranquillement chez moi, en compagnie de mon cousin Allan Mulquin. »
Passion grandissante toutefois pour une petite sportive qui, du haut de ses sept ans, se laissait séduire par l’idée de se confronter à d’autres. Sous le maillot de l’US Fourmies (Nord), structure située à deux pas de la résidence familiale que Jennifer Meunier allait ainsi côtoyer durant deux saisons. Avant de rejoindre Wignehies-Trelon, autre club qu’elle fréquentera pendant un laps de temps identique.
« L’association encourageait une version au féminin mais, la majeure partie du temps, nous rivalisions avec la gente masculine » soupire celle dont le regard se tournait ensuite en direction de Hénin-Beaumont. Haut lieu footballistique des Hauts de France qu’une amie lui avait chuchoté à l’oreille. Suffisamment pour l’inciter à intégrer le collège de Billy-Montigny, au cœur même du bassin minier, et d’entrevoir un cursus scolaire au doux parfum de sport étude. À deux pas de chez sa mamie de surcroît… De plain pied, l’adolescente venait donc d’entrer un peu plus encore dans ce monde du ballon rond.
Il s’est avéré particulièrement compliqué, impossible parfois, de concilier cette activité à l’accent loisir si j’ose dire à celle professionnelle
Courtisée par le Arras FCF, Jennifer Meunier changeait alors d’horizon durant deux saisons. Durée d’implication qui semblerait aussi (vouloir) la caractériser. Pour preuve, ce « retour » dans la foulée à Hénin-Beaumont où elle se distinguait en catégorie U19. Évidentes aptitudes qui lui offraient l’opportunité de figurer sur les « petits papiers » des instances régionales et de participer à un rassemblement « à l’initiative, à l’époque de Jacques Hénot ». Aîné bienveillant dont elle croisera un peu plus tard à nouveau le regard…
Entre temps, c’est à Lillers que cette joueuse à vocation offensive s’appliquait à taper dans l’œil. À marquer les esprits tout autant que l’histoire de ce club nordiste auquel elle contribuera à l’accession en Division 2. « Moments indélébiles » à la veille d’une belle aventure dans l’antichambre de l’Elite qui s’étalonnera durant deux saisons. Évidemment… « Cette période demeure riche en émotions, en satisfactions », en photos soigneusement répertoriées dans l’album aux souvenirs que Jennifer Meunier feuillette régulièrement, avec ce petit brin de nostalgie. Se remémore-t-elle alors cette campagne aux côtés d’une structure arrageoise lui ayant (re)fait les yeux doux…
Nouveau mariage où la raison n’allait toutefois pas l’emporter : « Il s’est avéré particulièrement compliqué, impossible parfois, de concilier cette activité à l’accent loisir si j’ose dire, à celle professionnelle » soupire celle qui collabore (toujours) au sein d’une enseigne de sports à Arras. « De façon légitime, je me suis retrouvée à devoir « cirer le banc » ou à intégrer la réserve. »
Période compliquée avant que Jennifer Meunier ne saisisse l’occasion de rebondir à Amiens. « Ma collègue Sarah Naïm évoluait à l’ASC, pensionnaire de Régionale 1 visiblement ambitieux. Elle m’avait proposé de l’accompagner. » Tandis que dans le même temps, le regretté Jacques Henot murmurait son nom à Hicham Andasmas, le responsable technique local.
L’Amiens SC ? Que vous dire ? Qu’il s’agit d’une grande famille, un groupe où je me sens bien, où l’on s’y sent bien !
« Un entretien a été élaboré, nous avons bien échangé et le projet défini m’a séduite. Convaincue surtout. » Au point que la distance séparant les deux cités se révélait anecdotique. « Aujourd’hui encore, j’effectue l’aller-retour trois fois par semaine, pour les séances d’entraînements puis la rencontre du week-end » confesse celle dont l’accueil qui lui a été réservé l’a « profondément » touchée.
« L’Amiens SC ? Que vous dire ? Qu’il s’agit d’une grande famille, un groupe où je me sens bien, où l’on s’y sent bien ! L’attention affichée spontanément par le staff technique ainsi que les dirigeants m’a permis de me fondre plus rapidement, plus aisément, dans l’effectif. Incontestablement… » résume-t-elle, évoquant un effectif dont elle est devenue l’une des portes-paroles. Un statut de capitanat dont elle ne cache pas sa fierté. Une marque de confiance dont elle s’efforce d’être digne.
« Déjà exigeante envers moi-même, je pense l’être un peu plus encore avec ce brassard autour du bras ! » Une responsabilité que l’Amiénoise, reconvertie « arrière latérale droit », affecte au service du collectif. Comme cette expérience, cette maturité qu’elle a su conquérir au fil des exercices. Et telle une « grande sœur », elle se réjouit à l’idée de pouvoir proposer parfois cette épaule, ce réconfort dans les situations difficiles, de doute.
« Notre destin demeure toujours au bout de nos pieds. Cependant, l’union sacrée reste aussi, à mon sens, comme l’une des clefs de la réussite. J’avoue que la réorganisation du calendrier nous plonge dans l’incertitude. Cependant, l’équipe affichait un réel regain de forme. Comme si elle était parvenue à se stabiliser au lendemain d’une phase aller où l’impact physique l’a déstabilisée. Le groupe est perfectible, ne figure pas au rang qui devrait être le sien… Il s’aguerrit en apprenant de ses erreurs. Notre salut ? Plusieurs confrontations directes avec nos compagnons d’infortunes, l’OGC Nice, le Arras FCF, Grenoble notamment, sont des motifs d’espérer… »
Etre à nouveau de la partie à ce niveau la saison prochaine, Jacques (Henot) l’escomptait. À nous de faire de ce rêve une réalité. Nous lui devons bien cela.
Mots d’encouragements à l’égard d’une troupe qu’elle entend conduire jusqu’à ce but clairement défini, « le maintien. » Sous peine de reconsidérer son avenir ? « La question pour l’heure ne doit pas se poser ! » lance-t-elle, comme pour botter en touche. Préférant se concentrer sur la vérité du terrain. Avec cette hargne, ce désir permanent de « toujours mieux faire », cette volonté à se surpasser où elle puise son énergie.
Une détermination qui témoigne aussi d’un but clairement défini : « Etre à nouveau de la partie à ce niveau la saison prochaine, Jacques (Henot) l’escomptait. À nous de faire de ce rêve une réalité. Nous lui devons bien cela » précise Jennifer. Convaincue qu’il conserve « encore et toujours ce regard bienveillant à l’égard de ce groupe, joueuses et membres du staff, qu’il aimait tant… »
Fabrice Biniek
Crédit photos : Reynald Valleron Gazettesports.fr