Nous le savions malade et il vient de nous quitter en plein coronavirus. Michel Hidalgo qui a marqué à tout jamais de son empreinte le football français, vient en effet de décédé à 87 ans.
Michel Hidalgo avait en effet donné ou du moins redonné une très bonne image du football français.
Avant lui, il y avait eu 1958 et cette troisième place de l’équipe de France à la coupe du Monde en Suède. Il y avait alors un certain Raymond Kopa et on répète souvent qu’une belle équipe comprend systématiquement un très grand joueur. Ce qui était le cas en 1958 dans cette formation dont le sélectionneur était un ancien joueur de l’Amiens AC, Paul Nicolas.
Durant un quart de siècle, le foot français a plutôt mal vécu avec des éliminations sans gloire que ce soit à la coupe du Monde ou au championnat d’Europe.
A la fin des années 60 et au début des années 70, la FFF devait faire appel à un entraîneur roumain, Stefan Kovacs, qui allait reconstruire puis laisser la maison en 1976 à Michel Hidalgo. Durant huit ans, Michel Hidalgo allait remettre la France sur de bons rails, bien se comporter en coupe du Monde, notamment en 1982, mais surtout en 1984 quand, dans notre pays, le onze tricolore allait remporter le Championnat d’Europe.
Le héros de 1984
Michel Hidalgo fut le héros de tout un peuple et il comptait aussi un remarquable joueur, Michel Platini. Les deux hommes s’entendaient à merveille et nul ne fut surpris quand en 1984, Platini succéda à Hidalgo.
Cette finale du 27 juin 1984 reste un grand moment dans l’histoire du foot français.
C’est que Michel Hidalgo est, à l’époque, le premier entraîneur français qui remporte un titre majeur. Cette finale nous l’avons à l’époque vécue dans la grande salle du Crédit Agricole à Amiens car, déjà, la banque était partenaire de l’équipe de France. Quelques jours plus tard, Michel Hidalgo venait à Amiens. Une visite de courtoisie avant tout. A l’époque, la capitale picarde était le lieu de rendez-vous des cadors des équipes de France de football mais aussi de rugby.
Pourquoi ? Parce que le sponsor de l’Amiens SC était alors LEE COOPER partenaire également de la France.
« La qualité et le résultat »
Michel Hidalgo était donc venu à Amiens au lendemain de ce succès face à l’Espagne.
A Michel Garrou chef des sports du Courrier Picard, il devait accorder un entretien, exclusif. Il faut se souvenir qu’à cette époque, pour un journaliste, tout était différent par rapport à ce qui se passe aujourd’hui. Point besoin d’aller solliciter un attaché de presse. Cela n’existait pas. On abordait directement le sportif qui en général acceptait fut-ce en province.
Michel Hidalgo a alors expliqué son mode de fonctionnement. Il était très simple et tout était résumé dans le titre de l’article : « la qualité et le résultat. »
Et de poursuivre : « il faut faire coïncider la qualité et le résultat et quand il y a la qualité, il y a le résultat. »
« Oui, Platini était là. C’est un joueur d’exception tel qu’on n’en rencontre qu’un tous les 50 ans. Son rayonnement peut faire basculer le destin d’un match. Mais Platini, cet athlète sans muscle, inspire l’équipe de France. »
Michel Hidalgo attachait beaucoup d’importance à l’aspect affectif et il estimait qu’une équipe dans laquelle les joueurs s’entendent bien, a fait « 50% du chemin vers la victoire. »
Enfin, Michel Hidalgo insistait beaucoup sur la notion de « jouer à la française car ces dernières années, le foot français avait trop copié l’étranger. »
Une fin de carrière sans la consécration d’un ministère
En cette fin de juin 1984, Michel Hidalgo confirmait qu’il « rendait son tablier« après huit saisons d’exercice.
Son successeur fut Henri Michel qui, à ce moment, dirigeait l’équipe de France. Celle-ci allait devenir championne olympique à Los Angeles.
Michel Hidalgo est souvent revenu à Amiens chez Lee Cooper et à chaque fois, il repartait rhabillé à neuf comme le journaliste du reste. Un jour, il m’a fait une déclaration : « Je viens de renouveler mon contrat à la tête de l’équipe de France. » Il n’y avait pas d’autre journaliste et le lendemain je pus écrire dans l’Equipe dont j’étais le correspondant que Michel Hidalgo restait en place.
Michel Hidalgo n’abandonnait pas le football et on le revit par exemple à Marseille.
Mais il reste un poste qu’il aurait mérité d’occuper : celui de Ministre des Sports. Il savait ce dont il parlait comme par exemple l‘absence de soutien des pouvoirs publics envers le sport et il prônait la légalisation des concours de pronostics.
Il concluait ainsi : « Il est bien triste de constater que le rôle du dirigeant bénévole soit de sortir son portefeuille. » Pour Michel Hidalgo, c’était anormal.
Mais en 2020, croyez vous que les choses ont vraiment changé?
Lionel Herbet
Crédit photo : photo libre de droit