Récemment annoncé à Strasbourg, Julien Lomboto vit une ascension fulgurante et qu’il espère bien ne pas voir s’arrêter, comme lui et son représentant, Jean-Marc Bertille, nous l’expliquent.
Si Julien Lomboto va faire ses débuts à Strasbourg en début de saison prochaine, c’était pourtant loin d’être écrit il y a à peine 2 ans. A l’époque, le jeune homme quitte le circuit de la formation professionnelle, l’Amiens SC décidant de ne pas le conserver. C’est à ce moment qu’il arrive donc à Camon. Mais si les choses semblaient prendre un mauvais tour pour lui, il avait toutefois sauté aux yeux de certains. Jean-Marc Bertille fort de son expertise acquise dans des clubs formateurs tel qu’Auxerre, voit chez lui « du potentiel », notamment parce que « physiquement, il est au-dessus de la moyenne. Je me suis dit qu’il avait quelque chose et qu’il fallait voir pourquoi il n’avait pas été conservé. Je me suis renseigné. Je l’ai rencontré, j’ai discuté et j’ai vu que c’était un gamin à l’écoute. »
De là part un travail pour faire rattraper le temps perdu au jeune milieu de terrain. Jean-Marc Bertille prend contact avec l’Amiens SC pour comprendre pourquoi le joueur n’avait pas été conservé, discute avec son formateur en U17 avec l’US Camon et « fait un diagnostic sur le garçon. » Un diagnostic qui révèle « des manques. On avait remarqué des lacunes techniques, il fallait qu’il bosse. La technique, ça se travaille. » Dans un période difficile, après son départ forcé de l’ASC et une saison compliquée en U17 nationaux, finalement conclue par une descente, Lomboto est également « en manque de confiance. »
De son côté, ce dernier se remet également en question et voit, avec du recul, cette expérience négative comme un mal pour un bien : « C’est tout un processus, il fallait peut-être que je passe par là pour avoir ce déclic et que je me dise que je me reposais trop sur mes lauriers et qu’il fallait que je bosse deux fois plus, que je n’étais pas le meilleur et qu’il fallait encore plus travailler. » Puis, vient l’heure de la rencontre avec Jean-Marc Bertille et d’un travail spécifique passant notamment par « l’individualisation de l’entraînement. On lui a dit de bosser différentes choses, sur sa nutrition, sur le plan mental, sur le plan technique. On a mis un programme en place. Quand les autres ne s’entraînaient pas, il devait s’entraîner. »
Des sacrifices rapidement récompensés
C’est alors une période intense qui commence pour le jeune homme. Une période qui lui « a demandé beaucoup de sacrifices. Je suis un élève de terminale qui tient à bien travailler mais parfois, au lieu de réviser, on va au terrain le matin, on fait de longues journées, on se lève à 6h, on va à la salle, on fait un peu de ballon. Ce sont des journées répétitives. » Mais le travail paie. Pendant ce temps, Jean-Marc Bertille l’observe et se tient informé auprès de Titi Buengo de son évolution. Puis, après avoir « attendu qu’il soit à un certain niveau » mais tout de même assez rapidement, dès septembre-octobre, il décide « d’enclencher les contacts avec les clubs professionnels pour qu’ils viennent, dans un premier temps, le voir jouer lors des matchs. »
Là, le rythme s’accélère encore puisque Valenciennes le convoque très rapidement, dès le début de l’année scolaire, écueil qui l’oblige à repousser cette convocation. Finalement, dès les vacances de la Toussaint, le milieu passe deux premiers tests. Pendant ce temps, Julien Lomboto continue de progresser, « concentrés sur [s]es objectifs pour les atteindre. » Et si ses prestations ne sont pas toutes de haut niveau, Jean-Marc Bertille soulignant qu’« il y a eu des matchs où il est passé à côté », sa « capacité à se remettre en question » lui permet également de réussir des prestations de belle facture qui lui permettent de « gagner confiance en lui. »
Au total, il fera finalement quatre essais, tous concluants. Avant, donc de finalement signer, la semaine dernière, au RC Strasbourg. Si Titi Buengo loue un joueur avec « des capacités hors norme » et « déterminé », qui « savait quelle était la route à suivre », il reconnaît également qu’il « pensait que ça allait prendre un peu plus de temps. Je ne pensais pas que ça allait aller aussi vite. »
Les professionnels, un objectif à moyen terme
Désormais, son avenir s’écrit donc en Alsace. Mais si Titi Buengo se dit « content » pour Julien Lomboto et si Jean-Marc Bertille admet avoir « atteint un objectif qui était de le faire progresser pour réintégrer un club professionnel », tout le monde s’accorde pour dire qu’il ne s’agit que d’une étape de passée et qu’il reste encore du travail pour satisfaire les ambitions d’un joueur qui vise « le très haut niveau. »
C’est justement l’un des aspects qui a joué dans la décision du joueur, estimant que « si [il] veut atteindre un grand club dans le futur, il faut passer par un club de L1. » Et Jean-Marc Bertille de préciser : « Pour choisir, on regarde où le club est situé. là il s’agit d’un club qui est en Europe, c’est un club qui redore son blason, qui a gagné la Coupe de la Ligue et qui est stable, maintenant. » Mais surtout, ce qui a joué dans la décision de Julien Lomboto de rejoindre le RCSA, c’est aussi les perspectives qui lui étaient offertes. Ainsi, rejoindre Strasbourg, c’est rejoindre un club qui fait confiance à ses jeunes joueurs et qui est particulièrement porté sur l’idée « de faire des coups, comme ils l’ont fait avec Fofana, nous explique Jean-Marc Bertille, ils vont chercher ce joueur qui va apporter de la valeur ajoutée à leur effectif réserve et qui va vite aller chez les pros pour être revendu. » Un club, aussi « où il y a une connexion entre la réserve et les pros. J’ai aussi appris que le coach Thierry Laurey assistait à tous les matchs de la réserve, détaille Julien Lomboto. Quand on sait que le coach a un œil sur les jeunes, cela joue beaucoup et cela donne envie de tout donner sur le terrain pour qu’il nous voit et nous appelle. »
Quand on sait que le coach a un œil sur les jeunes, cela joue beaucoup
Julien Lomboto
Et c’est désormais cette éventualité qui va constituer son objectif « à court et moyen terme. » Car avec un contrat de stagiaire professionnel de deux ans à la clef et une intégration au groupe réserve dans un premier temps, c’est bien le projet qui lui a été présenté. Une preuve de confiance qui correspond à l’importance accordée à ce critère à l’heure de son choix : « On m’a proposé des choses et on m’a montré de la confiance du côté des dirigeants. J’ai tout de suite accroché. C’est vraiment une question de feeling, la relation avec la personne qui te parle. Les coachs qui ont voulu me recruter ont été rapides, ont montré une confiance en moi. »
Il faudra maintenant, pour atteindre la prochaine marche, « s’imposer très rapidement, montrer son potentiel et confirmer pour se donner la chance d’aller faire des entraînements avec les pros à court terme et, peut-être, être sur un banc pro en début d’année 2021 » affirme Jean-Marc Bertille. C’est tout ce que l’on peut lui souhaiter.
Morgan Chaumier
Crédit photo : DR / Audrey Louette – Gazettesports