BASKET-BALL : Serge Tristram : “Notre saison est malheureusement terminée”

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Alors que la crise du Cornonavirus paralyse le monde du sport, le Basket-Ball n’est pas épargné. Serge Tristram, président de l’ESCLAMS, s’est exprimé sur la situation et sur les enjeux et conséquences pour son club. 

Comment en tant que président de club on gère cette situation totalement inédite ? 

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La première chose a été d’appliquer les principes de précaution maximum car notre responsabilité est engagée. La responsabilité morale par rapport aux personnes que l’on accueille et on ne veut en aucun cas mettre en danger la santé des joueurs. Je ne pourrais pas accepter qu’une personne soit malade ou pire, vienne à décéder car elle a fréquenté nos installations et qu’il y ait eu une contamination quelconque. On a donc tout de suite annulé tous les entraînements des jeunes. Pour les seniors, considérant qu’ils sont majeurs on leur a laissé la possibilité de s’entraîner en mettant en avant la position du club qui est de dire : on arrête tout. 

Aujourd’hui le sportif passe après tout ça, mais il y a malgré tout des enjeux ? 

Malheureusement le sportif c’est fini pour nous, quelle que soit la décision prise dans les prochaines semaines. La saison est terminée car Aziz vient de quitter le club suite à la décision de sa famille de le faire revenir au Etats-Unis. Autant dire que l’on ne peut plus espérer quoi que ce soit même si la saison reprend, surtout que Songolo pourrait lui aussi retourner là bas. 

Il y a aussi de gros enjeux financiers ? 

Le premier problème est la durée de la saison, car on a plusieurs joueurs qui ont des titres de séjour qui prennent fin au mois de mai. Ensuite si le championnat est reporté, il faudra bien évidemment continuer de défrayer les joueurs. A l’inverse qu’est-ce que l’on fait en ce moment ? On n’est pas une équipe professionnelle, mais on est engagés sur des accords de défraiement des joueurs. Donc que faire dans cette situation, c’est une grande interrogation. On est dans l’inconnu et on sait déjà que financièrement ça va être très compliqué. Il n’y a plus d’entrée match, plus de buvette, on ne peut plus accueillir nos partenaires, plus faire de soirées. On a d’ailleurs dû annuler une soirée avec 250 personnes ce week-end. Les rentrées d’argent ne sont plus présentes, alors que les charges fixes comme la redevance FFBB sont toujours présentes. 

« A situation exceptionnelle, décision exceptionnelle. »

Savez-vous si les clubs vont bénéficier d’aides de l’état comme les entreprises ? 

On a un salarié à temps plein avec Liam, que l’on va sûrement mettre au chômage si la situation continue, car on sait que l’on peut le faire. Pour le reste et les engagements financiers avec les joueurs on ne sait pas du tout. Après si tout le championnat est annulé, je considérerais que pour les joueurs c’est suspensive. 

Aujourd’hui c’est compliqué de se projeter sur l’avenir ? 

Oui, on ne sait pas dans quelle division on va évoluer donc c’est déjà une grosse interrogation. On réagit au jour le jour, en espérant que la situation évolue dans le bon sens. On essaye de ne pas tomber dans la panique mais on est abasourdis par la situation. On était sur une belle dynamique, avec encore une carte à jouer et aujourd’hui notre saison est terminée. 

Vous pensez que figer les championnats, avec aucune descente et montée est la bonne solution ? 

J’ai eu certains agents sportifs au téléphone, c’est une situation qui s’est déjà produite. En Lituanie il viennent d’ailleurs de prendre cette décision en annonçant un champion et pas de montée ni de descente. Je pense que c’est de la sagesse de faire cela. A situation exceptionnelle, décision exceptionnelle. Le monde est entre parenthèse et il faut être sérieux et objectifs, la situation sportive est totalement faussée. 

Descendre dans ces conditions serait un coup dur ? 

Oui, on a vécu une saison dernière compliquée à tous les points de vue que ce soit financiers, humains ou sportifs. Cette saison, on est repartis sur un projet avec de nouvelles valeurs, moins onéreux et plus compétitif, on avait ramené le public dans la salle. Ce serait frustrant et une grosse déception de finir comme ça et de retourner en NM3 de cette façon. 

Les championnats jeunes sont eux aussi impactés par la situation…

Oui, mais pour le moment on n’a aucune information. Les instances ont réagi au jour le jour avec des changements plusieurs fois par jour. Cette semaine nous somme passés de jouer à huis-clos, à jouer avec du public, puis ne pas jouer. Je pense qu’il faut se poser et trouver des solutions en se projetant sur le futur. Il faut que les instances soient capables de dire au club ce qu’il peut se passer en septembre selon l’évolution de la situation. 

Après le plus important pour moi est de faire en sorte que le club survive économiquement malgré la situation. S’il faut prendre de grosses décisions on les prendra dans l’intérêt du club. Je n’en veux pas à Aziz d’être parti car je peux comprendre sa décision. Il faut mettre en sécurité économique le club c’est la priorité, après le sportif dans cette situation passe en second plan. Je souhaite que l’ensemble des gens puissent traverser du mieux possible cette crise mais je me dois de penser à l’avenir du club.



Aurélien Finet

Crédit Photo : Léandre Leber et Kévin Devigne – Gazettesports