JUDO : Guillaume Cauvain : « J’ai appliqué les valeurs du sport à la musique »

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Auparavant, Guillaume Cauvain était un judoka faisant partie du Pôle Espoirs d’Amiens. Aujourd’hui, il participe à l’émission musicale canadienne « La Voix ». Nous sommes partis à sa rencontre et avons pris connaissance de son parcours, de sa reconversion vers la musique.

Amateur de sport depuis toujours, il s’est testé, dès son plus jeune âge, à la pratique de la gymnastique, de l’équitation et du judo au club de Mouy. Cette dernière discipline a finalement primé sur les autres pour diverses raisons qu’il détaille : « L’équitation, j’adorais le rapport au cheval et à la nature, mais mon père étant judoka, il m’a poussé à faire des compétitions. Le judo est aussi beaucoup plus structuré en terme éducatif, et même l’ambiance du judo, et ses valeurs, m’ont toujours plu. Ce sont d’ailleurs ces valeurs qui font ce que je suis aujourd’hui ». Notamment, il convient d’ajouter qu’alors qu’il n’était âgé que de 12 ans, les bons résultats de Guillaume commençaient d’ores et déjà à être exposés. Ses nombreuses victoires l’encourageaient alors également à poursuivre dans cette voie.

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Quand est venu le temps de passer des tests de détection, Guillaume a été recruté par Cathy Fleury, la première femme championne olympique de judo, lors des Jeux Olympiques de Barcelone en 1992. Une femme talentueuse qui a su laisser son empreinte dans la vie personnelle du judoka : « Au Pôle Espoirs d’Amiens, beaucoup de judokas sont passés entre ses mains et sont devenus de très grands champions. C’est quelqu’un qui a eu un impact énorme sur la vie de beaucoup d’athlètes picards ». Suite à cela, ce jeune homme débordant d’ambitions a pris la décision de quitter son petit village, ainsi que sa famille, pour s’installer à Amiens et intégrer une section sport-étude.


Le sport-étude, entre intensité et enrichissement

Guillaume Cauvain décrit cette période de sport-étude comme « intense ». Aux trois heures d’entraînement, cinq fois par semaine, du lundi au vendredi, s’ajoutaient les séances de musculation ainsi que les compétitions le week-end. Et notamment, « le judo étant un sport de catégorie de poids, il fallait également courir pour perdre du poids ». Dans les premiers moments, Guillaume admet que c’était difficile « parce qu’on s’engage dans une vie où le dimanche soir, ou le lundi matin, on part très tôt à la gare de Creil, pour prendre le train pour Amiens. C’était ça, toute la semaine à l’internat, et puis les week-ends en compétition, partout en France ». Un rythme qui s’avérait intense, certes, mais cette période lui a permis de vivre une expérience particulièrement « enrichissante », notamment au cours des stages internationaux auxquels il participait et durant lesquels il avait l’occasion de rencontrer des athlètes du monde entier. Également, il est à noter que Guillaume évoluait avec des athlètes en tout genre : cyclistes, footballeurs, patineuses-sur-glace, haltérophiles, hockeyeurs. Il confie d’ailleurs : « Il y avait Mathieu Pingeot, qui fait partie des préparateurs physique des Gothiques, avec qui j’ai fait la fac. »

On a eu de la chance d’avoir Cathy Fleury et Patrice Rognon pour nous dire : « Vous allez bien travailler à l’école parce que c’est ça qui va vous faire manger ».

Guillaume Cauvain


Il y a, dans le sport-étude, une réelle prise de conscience quant à l’importance des études. Les coachs Cathy Fleury et Patrice Rognon mettaient tout en œuvre pour assurer aux athlètes le meilleur avenir qu’il soit en leur imposant une condition primaire : être bon à l’école. Si la moyenne d’un athlète chutait, celui-ci était alors contraint de cesser la pratique de sa discipline. Un système efficace qui témoigne de la bienveillance de ces deux entraîneurs, soucieux de l’avenir de ces jeunes. Que ce soit par les coachs ou par ses parents, Guillaume Cauvain a, très tôt, été alerté sur l’importance de se doter d’un bagage scolaire : « A notre époque, c’était quand même déjà rare de penser comme cela, mais on a eu de la chance d’avoir Cathy Fleury et Patrice Rognon pour nous dire : Vous allez bien travailler à l’école parce que c’est ça qui va vous faire manger ». Effectivement, dans le sport, tout peut basculer d’un moment à un autre, ne serait-ce, par exemple, que par une blessure empêchant la pratique d’une discipline, ou bien encore par le fait que tous les sports ne permettent pas forcément d’en vivre pleinement, « Parce que, honnêtement, même si tu es champion du monde de judo, tu as besoin d’avoir un travail à côté. Les athlètes ont besoin d’un plan B pour ce genre de sport. Si tu remets toute ta vie en jeu dans l’espoir de vivre de ton sport et de faire carrière, c’est risqué. Quand tu es jeune ce n’est pas évident. Les espoirs, tu en as plein les yeux ».

A la découverte de nouvelles pratiques

C’est d’ailleurs une blessure récurrente, aux côtes notamment, qui a coûté la carrière sportive de Guillaume Cauvain. Dur au mal, le judoka amiénois pensait d’abord poursuivre son aventure dans le judo. Cependant, suite à son arrêt, il a fini par privilégier les études et partir à la découverte de nouvelles choses telles que la musique, le plaisir de faire un jogging sans avoir à perdre du poids, les sorties entre amis, la plongée sous-marine, la danse, etc. Il explique : « Ce sont ces deux facteurs qui ont fait que je ne suis pas revenu au niveau où je voulais. Je me suis blessé donc j’ai dû m’arrêter. Et quand je me suis blessé, j’ai eu du temps et j’ai découvert d’autres choses ». Après plus de 10 ans à ne pratiquer quasiment que du judo, Guillaume s’ouvrait désormais à d’autres champs et souhaitait également passer ses brevets d’État.

Après avoir terminé une partie de son cursus à Amiens, Guillaume enseignait le judo, et parallèlement, il enseignait notamment dans des écoles telle que la Providence. « Je faisais l’IUFM pour devenir professeur d’EPS. Et même si j’aimais l’enseignement, je n’ai pas aimé le cadre restrictif et la vision de l’Éducation Nationale. Il y a beaucoup de choses que je ne partageais pas. J’adore éduquer, former, je me retrouve dans le judo où il y a aussi un cadre d’apprentissage qui est super intéressant, et il y a aussi beaucoup plus de liberté sur le tatamis. Bien sûr, on suit le cadre du corps pédagogique, mais l’approche est un petit peu plus didactique, plus spécifique et plus libre. Et ça, je trouve que ça donne l’impression d’apporter quelque chose de notre personnalité, de notre vision, que l’on peut transmettre. C’est pour cela qu’après l’IUFM, je suis parti. Je me suis éloigné de cela pour aller vraiment vers un peu plus de concret ». Du jour au lendemain, Guillaume prend alors la décision de quitter Amiens pour rejoindre le campus universitaire de Marseille où il passe son Master Marketing et Management du sport, et c’est à partir de ce moment que « la flamme de la musique s’est allumée ».

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Le grand plongeon dans le monde de la musique

Se retrouvant avec des musiciens issus de divers pays, qui chantaient et jouaient de la guitare, Guillaume confie qu’il bouillait d’envie de jammer avec eux : « J’étais frustré de ne pas pouvoir jouer de la guitare. Ma sœur m’avait offert une guitare quelques années plus tôt, mais je ne savais pas vraiment y jouer. Et je m’étais acheté un piano quand même, pour progresser. Je l’avais emmené. Mais ce n’est pas pratique un piano pour jammer dans les calanques de Marseille, ou dans les bois ». C’est pourquoi il s’est finalement mis à la guitare et a appris à en jouer avec ces musiciens. « C’était cool, j’ai appris plein de styles différents ». Il retrouvait alors dans la musique l’épanouissement et l’adrénaline que pouvait le procurait le pratique du judo.

Rapidement, le souhait d’intégrer un premier groupe de musique surgit et il réalise la plus grande illusion au moment d’une audition : « Je ne connaissais pas les notes, je ne connaissais rien. On m’a dit : « On fait une audition tel jour, on jouera ça ». J’ai dû travailler comme un acharné pour me mettre au niveau. J’ai pris ça comme une compétition. J’ai travaillé comme un dingue et je suis arrivé le jour J. J’ai joué, ça a super bien accroché, et en fait ça m’a fait énormément progresser. Ils pensaient que je savais jouer, mais en fait, j’ai travaillé. Comme pour le sport, tu travailles, tu répètes les choses ». De plus en plus, il s’améliore à la guitare et au piano, puis intègre un nouveau groupe avec des Calédoniens et des Polynésiens. L’opportunité de se mettre au chant s’offre à lui et il la saisit : « Je me suis mis à chanter du De Palmas, du Souchon, Téléphone, des groupes de chansons connues ».

Le sport m’a permis aussi d’avoir cette intégration internationale. C’est un langage international.

Guillaume Cauvain

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A la suite de cela, il part, backpack, au Japon, en Calédonie, ou encore en Inde avec cette envie de rattraper le temps perdu. « Ça m’a permis de faire naître en moi l’artiste », explique t-il. C’est à ce moment-là que Guillaume est passé de sportif à artiste, mais tout en ne se détachant pas du sport. En effet, au cours de ses voyages, quand bien même il ne parlait pas les langues locales, il était capable de donner des cours de sport, de coacher des personnes, de jouer au football en Inde. « Le sport m’a permis aussi d’avoir cette intégration internationale. C’est un langage international ». Et finalement, en arrivant aux États-Unis, il est passé à Montréal et a été particulièrement étonné vis-à-vis de la scène musicale et de la place de la francophonie. Il s’y est alors installé.

Une similarité entre le sport et la musique ?

Guillaume assimile le sport à une manière de vivre et additionne toutes les valeurs que lui a apporté ce domaine à la musique. Des valeurs telles que l’honneur, la modestie, et le courage. Effectivement, il lui a notamment fallut du courage et de l’intégrité pour aller se confronter seul à une compétition de performance vocale, alors qu’il n’estime pas être un performer, pour présenter ce qu’il est, et ne pas essayer de présenter ce que veulent écouter les juges. Mais cette pratique du sport lui a également été bénéfique dans la gestion de l’adrénaline, du stress et dans son état d’esprit au quotidien. Perdre n’est, pour lui, pas un échec. C’est une manière de progresser. « Quand je faisais des stages internationaux, même si j’étais cadet ou junior, j’allais chercher le champion olympique ou le champion du monde. Et même si je perdais, j’avais progressé. Parce que je m’étais frotté à meilleur que moi. Et là, me mettre aux auditions à l’aveugle, je me confronte moi-même, donc je suis déjà vainqueur. J’y suis allé, je ne me suis pas dégonflé ».

Il ajoute : « Finalement, ce parallèle entre sport et musique a toujours été un facteur de développement pour moi, encore plus aujourd’hui, et il y a toujours cette balance. La manière dont j’ai appris le sport, j’ai compris que quand tu t’entraînes, tu progresses, et j’ai fait la même chose avec la musique. J’ai appliqué les valeurs du sport à la musique. Et je vois presque la musique comme un sport finalement. Au niveau des exercices vocaux, de la préparation mentale, de l’hygiène de vie. C’est de l’énergie. Faire un concert devant des milliers de personnes, c’est de l’énergie. Les backstages, le stress, le moment du show, l’après-show, les répétitions … Ça demande une condition physique quand même importante. La grosse différence avec le sport, c’est qu’il faut plaire aux personnes ».

Au cours de l’audition à l’aveugle, la prestation de Guillaume Cauvain a su faire sensation auprès de trois des quatre célébrités présentes à l’émission de La Voix, qui se sont alors retournés : Garou, Cœur de Pirate et Pierre Lapointe. Son choix s’est porté sur ce dernier : « J’ai beaucoup hésité avec Garou. Mais Pierre était un des premiers artistes que j’ai découvert en arrivant au Québec. C’était un de mes grands coups de cœur que j’ai découvert. J’aime bien ce qu’il fait. C’est un artiste hyper complet, capable d’être très versatile et je me sentais assez proche de cela. J’avais aussi envie d’avoir quelqu’un qui me sorte de ma zone de confort, et qui aille explorer l’artiste en moi ». L’aventure se poursuit alors pour Guillaume Cauvain.





N’hésitez pas à consulter sa page Facebook et YouTube pour suivre son aventure et découvrir cet artiste.





Angélique Guénot

Crédits photos : P. Boucher / OSA images

Publié par La Rédaction

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