Contrainte à lever le pied depuis plusieurs mois, la représentante du Longueau Amiens Métropole VB pourrait faire son retour dimanche. Une joie teintée d’appréhension cependant…
Éloignée de la compétition, suite à la « rupture des ligaments croisés en mars dernier, à Villers-Cotterêts (02) lors d’une confrontation à couteaux tirés entre formations menacées par la relégation », Chloé Bray s’était alors résignée à prendre son mal en patience. Animée par une volonté à toute épreuve, la demoiselle de 23 ans pourrait être (enfin) récompensée de sa ténacité. Pressentie sur le banc d’un Longueau Amiens Métropole VB qui accueille dimanche Le Havre Estuaire VB. Un match des extrêmes qui (re)placerait peut-être l’intéressée aux premières loges.
Mes parents ont pratiqué cette discipline sportive un long moment. Il devenait donc délicat de ne pas être sensibilisé
Chloé Bray
« J’ai assisté à pratiquement toutes les rencontres, à proximité du staff technique ou bien en tribunes » confesse celle dont le volley-ball se définit dans ses gênes. Incontestablement. « Mes parents ont pratiqué cette discipline sportive un long moment. Ils continuent à y découvrir de belles poussées d’adrénaline, en tant que spectateurs dorénavant. Nombreux proches ont également évolué devant le filet. Il devenait donc délicat de ne pas être sensibilisé » explique Chloé Bray. Comme si elle souhaitait (presque) se justifier d’avoir foulé, en tant que joueuse, son premier parquet dès l’âge de 5 ans. « A Noyelles-sous-Lens », une structure qu’elle fréquentera d’ailleurs pendant trois saisons avant qu’elle ne pousse les portes du VC Harnes.
J’ai eu le privilège de pouvoir batailler en Elite
Une décennie durant, la jeune arrageoise jonglera entre satisfactions, « désillusions également », avant qu’elle ne suscite l’attention du feu Amiens Longueau Métropole VB.
« J’ai eu le privilège de pouvoir batailler en Elite » précise celle qui s’efforçait à tirer son épingle du jeu dans un registre de passeuse. Statut qu’elle conservait l’exercice suivant à Valenciennes « alors en Pro A » avant de retrouver le parfum du plus haut niveau tricolore, sous les couleurs de Marcq-en-Baroeul.
Une agréable aventure selon Chloé Bray qui « pour raisons personnelles » (re)déposait son baluchon en terre amiénoise. « Quelques semaines avant que le club ne se résigne à jeter l’éponge et ne dépose le bilan » soupire cette passionnée. Qui veillait à se (re)lancer en cité valenciennoise, au sein d’un effectif déterminé à s’extirper de l’anonymat de la Prénationale. Environnement qui continuait d’ailleurs à être le sien, dans la foulée, pour celle qui paraissait être rattrapé par ses souvenirs.
« L’atmosphère amiénoise ne m’avait pas laissé indifférente » murmure Chloé Bray. Dont la rencontre avec Clément Bévilacqua se révélait déterminante… « L’association repartait de zéro. Le challenge était tentant » confie celle dont les études d’infirmière commençaient à réduire son temps libre. « Cette situation a favorisé mon retour »
Confrontée à des soucis de santé – « je souffre de polyarthrite » -, la sportive envisageait ainsi un (joli) compromis : « Je me détachais sensiblement de cette rigueur du haut niveau. Il m’était aussi proposé d’harmoniser les séances d’entraînements si besoin. Et surtout le coach me définissait dans un rôle à vocation plus offensive. Un statut qui me convenait mieux »
Attention toute particulière pour celle dont la solide expérience – malgré son jeune âge – suscitait parfois quelques légers grincements de dents. « Le groupe venait d’accéder à l’anti-chambre du Nationale, en survolant son championnat. Les premières échéances démontraient rapidement que le groupe allait rencontrer semblable euphorie. Sans leur faire offense, je percevais alors un aspect loisir. Il suffisait juste de mieux se connaître en fait »
Sans leur faire offense, je percevais alors un aspect loisir. Il suffisait juste de mieux se connaître en fait
Un sourire qui semblerait, d’un simple revers de main, balayer ces « petites querelles ». D’autant que le parcours du combattant consenti sitôt l’accession en N3 incitait les unes et les autres à se serrer les coudes.
« Les forces en présence nécessitaient une constante remise en question. La vérité d’aujourd’hui n’était plus celle du lendemain. La hiérarchie peinait à se définir, notamment en bas de tableau, et il a fallu se retrousser les manches. Sérieusement » analyse Chloé Bray. Contrainte cependant d’abandonner ses coéquipières – bien malgré elle – lors d’une insoutenable course au maintien.
Un scénario qui se révèle être divergeant depuis les trois coups de septembre. Insolente efficacité que l’intéressée suit donc du regard, sans en être trop étonnée : « L’apport de nouveaux éléments durant l’intersaison n’est pas étranger, à mon sens, à cette belle réussite. L’effectif s’est également étoffé. Et puis surtout, une concurrence saine s’est instaurée avec cette volonté à (vouloir) doubler les postes »
Regarder de façon légitime vers le haut n’était pas programmé. Toutefois, à la lecture des résultats, il est inconcevable de ne pas rêver. Certes, certains déplacements seront compliqués mais…
Bel ouvrage où cependant elle espère se voir offrir l’occasion de participer à l’écriture de cette belle épopée. « Car s’en est une ! » exprime-t-elle avant d’ajouter : « Regarder de façon légitime vers le haut n’était pas programmé. Toutefois, à la lecture des résultats, il est inconcevable de ne pas rêver. Certes, certains déplacements seront compliqués mais… » Optimiste, celle qui veille (aussi) à la destinée des réservistes en Prénationale s’accorde le bénéfice du doute : « Et puis, si cette accession devait nous échapper, nous aurions alors des regrets mitigés ». Une allusion qui ne paraît pas la convaincre elle-même.
Et ce retour au sein de l’effectif alors ? « J’appréhende je l’avoue. Je redoute surtout d’avoir consenti autant d’efforts pour rien ! Je me suis préparée psychologiquement. Je ne doute aucunement de l’accueil des filles, ni de la confiance du staff technique. J’ai d’ailleurs participé à quelques entraînements dans des conditions parfois rocambolesques (rire). Je suis cependant d’un tempérament impatient et cette privation de compétition me pèse »
De retour à la compétition face au Havre Estuaire VB ?
A la croisée des chemins, Chloé Bray jouerait-elle gros ? « Je pense enfin je souhaiter chausser les baskets dimanche. Peut-être ne serais-je sollicitée. Mais être de la partie constituera une première victoire » Sur elle-même inévitablement.
N’en demeure qu’animée par cette force de caractère qui la caractérise, cette nouvelle épreuve ne paraît être insurmontable. « Espérons le… » lâche-t-elle d’un ton dubitatif. Simple apparence pour celle qui désire plus que tout être de ce groupe qui détient l’opportunité d’entrer dans l’histoire du LAMVB.
- Duel des extrêmes…
Pour sa première rencontre de l’année 2020, le LAMVB déroulera le « tapis rouge » au Havre Estuaire VB. Un adversaire qui, à l’heure du coup d’envoi, détiendra une lanterne de la même couleur ! « Il serait très imprudent, irrespectueux également de se focaliser sur le classement. Certes, il s’agit d’un duel des extrêmes j’en conviens mais appliquons nous à faire l’ouvrage »
Clair, net et précis – comme souvent d’ailleurs – Clément Bévilacqua appelle à la vigilance. L’entraîneur du LAMVB s’appuiera sur un « effectif pratiquement au grand complet ». Une troupe qui découvre l’opportunité de faire fructifier son capital points. Un peu plus encore, « à condition d’être sérieux et impliqué ».
Nationale 3
Gymnase Pellerin, 14 heures à Longueau : Longueau Amiens Métropole VB (1e) accueille Le Havre Estuaire VB (11e)
Fabrice Biniek
Crédit photos : Gazettesports (Archives)