JUDO : Luka Lomidze, en lice pour les championnats de France de Judo

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Ce dimanche 3 novembre, Luka Lomidze, issu de l’ASC Judo, concourt pour les championnats de France de Judo première division, organisés par la Ligue des Hauts-de-France de Judo.

A la suite de sa belle performance au championnat du Monde Junior, qui lui a valu la cinquième place, Luka Lomidze combattra désormais comme Senior ce dimanche. Il se confie aujourd’hui sur son parcours, son quotidien et sur le défi qui l’attend ce week-end.

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Bonjour Luka, pour commencer pourrais-tu te présenter?
Bonjour, je m’appelle Luka Lomidze et je combats dans la catégorie des plus de 100 kg. Je fais partie du club Hauts-de-France d’Amiens Métropole Judo, qui existe depuis deux ans et qui recrute tous les meilleurs judokas de la région, ainsi que de l’INSEP en groupe national. Et avant tout ça, j’ai commencé à l’ASC Judo.



Dernièrement, tu as terminé cinquième aux championnats du Monde Junior. Quel âge as-tu ? Et dans quelle catégorie combattras-tu dimanche ?
J’ai 20 ans et nous pouvons être Juniors jusqu’à 20 ans. C’était donc ma dernière compétition dans cette catégorie. Ma saison Junior est terminée, tout comme la saison internationale, donc dimanche je combattrai comme Senior.



C’est donc une nouvelle étape qui t’attend, est-ce que cela est plus motivant, d’autant plus que c’est à la maison ?
Effectivement, ça fait plaisir que ça soit à Amiens. Ça fait longtemps que je suis licencié au club alors c’est un réel plaisir. Si je fais un résultat, ça serait encore mieux pour donner une bonne image du club et d’Amiens. Ça serait une bonne occasion de représenter les athlètes Amiénois et la ville.



Quel est a été ton parcours ?
Je suis né en Géorgie et je suis arrivé Amiens à l’âge de cinq ans, donc je me présente comme un Amiénois. Je suis resté douze ans à l’ASC Judo et maintenant, je suis toutes les semaines à l’INSEP, sauf quand je dois revenir sur Amiens pour passer mon BPG.



Comment s’est passée cette transition entre le cadre d’une ville que tu connais bien, dans laquelle tu as grandi, et se retrouver à l’INSEP depuis maintenant un an et demi ?
Au début c’était un peu compliqué le temps de prendre ses repères. Paris est une grande ville donc il faut beaucoup se déplacer et beaucoup se renseigner, mais lorsque j’ai commencé à prendre mes habitudes, c’est devenu une routine. Même si parfois Amiens me manque, je fais des allers-retours pour revenir tous les jours. Tout est différent avec Amiens qui est une petite ville à côté de Paris. On doit s’adapter et faire avec.

Je passe mes journées dans les transports et aux entraînements avant de rentrer chez moi



Globalement, quels sont tes horaires ?
Je me lève à 6h du matin, j’arrive sur Paris pour être à mon entraînement à 10h45. Je prends à nouveau un train pour revenir sur Amiens vers 17h30. Je passe mes journées dans les transports et aux entraînements avant de rentrer chez moi.



A Paris tu dois donc être confronté à une forte concurrence. Est-ce que cela est une bonne source d’échanges avec tous les judokas et judokates ?
Effectivement, l’INSEP c’est le meilleur niveau en France, du coup on rencontre les meilleurs judokas du pays. Je suis même amené à combattre Teddy Riner lorsqu’il est présent sur le tatami. C’est ici que tous les judokas qui souhaitent réussir dans le sport veulent aller.



Quel était ton sentiment lors du premier randori face à Teddy Riner?
Il y a beaucoup de fierté, ça fait quelque chose de le voir en vrai car on a pour habitude de le voir à la télé, mais devant lui on se dit qu’on a tout à gagner. On ne pense plus à rien en montant sur le tapis, on combat et on essaye d’apprendre le plus possible. Apprendre, pour nous aussi écrire notre histoire et faire partie des meilleurs.

Luka Lomidze 3
Luka Lomidze


Quelles sont tes attentes pour dimanche? Certains te voient comme prétendant au podium, est-ce que c’est une pression supplémentaire ?
C’est évidemment une pression, je sais que je suis attendu, je suis chez moi et il y aura beaucoup de supporters. Ça fait partie du sport, ça fait partie du jeu, mais avec l’expérience j’y ai pris goût . Je tenterai de me concentrer le plus possible sur la compétition et pas sur autre chose. Je ferai tout ce qui est en mon possible pour monter sur le podium ou même gagner, si possible, pour rendre fiers mes coachs et la ville.



Parmi les personnes qui te voient dans un bon classement dimanche, il y a Nico Kanning. Qu’as-tu comme relation avec lui ?
J’ai rencontré Nico cette année, je fais beaucoup de combats avec lui. Il m’apporte beaucoup de choses. A chaque fois qu’il vient, il me donne des conseils et des petites astuces. Et comme c’est quelqu’un de la région, et qu’il sait que je le suis aussi, il m’a donné un petit coup de main. C’est cool, je l’apprécie beaucoup. Il a des années d’expérience derrière lui, donc j’apprends beaucoup.



Les favoris ne seront pas présents ce week-end puisqu’ils seront en Australie, est-ce que cela ouvre des portes ?
Oui, mais dans chaque catégorie en France le niveau est complexe car il y a beaucoup de monde. Personne ne laissera la place à un autre, donc on s’entraîne tous pour réussir. Outre le fait que les favoris seront en stage, il reste quand même du beau monde et ça reste compliqué.



Est-ce qu’il y a une préparation différente avant une compétition comme celle-ci ?
Oui, habituellement on fait beaucoup de musculation, on s’entraîne sur le tapis bien sûr, mais la semaine avant la compétition on réduit les entraînements sur tapis, on revoit nos gammes, on réduit la musculation et on se perfectionne sur certains points. On travaille aussi la vitesse et l’explosivité.

Personnellement quand je travaille avec quelqu’un de ma catégorie, j’essaye de ne pas montrer mes techniques


A l’INSEP, tu côtoies des gens de ta catégorie, que tu vas combattre dimanche. Est-ce-que tu prépares des surprises, ou alors avec l’habitude de travailler vos gammes ensemble, vous vous connaissez trop pour ça ?
On se connaît tous dans la catégorie, c’est ça qui est compliqué. Comme on s’entraîne ensemble, les combats en compétition s’éternisent. Personnellement quand je travaille avec quelqu’un de ma catégorie, j’essaye de ne pas montrer mes techniques, je travaille différemment par exemple sur le Kumikata. C’est ce que je préfère faire pour pouvoir surprendre en compétition. Il faut s’entraîner intelligemment et différemment.



Est-ce que tu as des rituels avant un combat ?
Oui bien sûr, je suis quelqu’un de très croyant. Je rentre sur le tatamis avec la foi. Je n’ai pas de rituel particulier, je mets mes écouteurs avec ma musique et je ne pense plus à rien. J’écoute beaucoup de musique géorgienne pour me motiver ainsi que du rap français. Je suis très croyant, donc c’est important pour moi de faire le signe de la croix avant de monter sur le tapis. Ça me donne de la force.



Est-ce que cette double culture est une force pour toi ?
Oui, elle l’est. C’est grâce à cette culture que mon père m’a amené au judo. Le judo est l’un des sports le plus développé en Géorgie et les gens ont ça dans le sang là-bas. Arrivé à Amiens, j’ai tout de suite était dans un club de judo et tout a commencé par ça. Mon père est presque plus impliqué que moi sur les compétitions et la préparation. Il sera d’ailleurs présent dimanche.



La marseillaise a-t-elle un sens pour toi ?
Oui elle a un sens, quand je combats j’ai le coq sur mon kimono, alors je ferai tout mon possible sur la scène internationale pour faire lever le drapeau français.



As-tu déjà rencontré des Géorgiens sur le tapis ?
Oui, j’en ai déjà combattu. Puis pour ce qui est du résultat, que ça soit un brésilien ou un géorgien qui me bat j’aurai la même frustration. Quand on monte sur le tapis on ne cherche pas à savoir de quel pays l’adversaire est originaire. A chaque combat, je veux gagner sans chercher à connaître les origines.




Propos recueillis par Leandre Leber avec Kevin Devigne et Angélique Guénot

Crédits photos : DR