HANDISPORT : Joseph Mbongo : « Le club offre cette possibilité de créer du lien social »

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Ⓒ Boccia – Open Handisport 2019
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Une nouvelle saison débute pour le club Handisport Amiens Métropole. L’occasion de partir à la rencontre du président du club, et entraîneur de l’équipe de basket fauteuil, Joseph Mbongo.

Le temps est venu pour Joseph Mbongo de voir ses joueurs se donner au maximum pour le Championnat. Samedi dernier, 12 octobre, l’équipe de basket fauteuil du club Handisport Amiens Métropole a attaqué son deuxième match de Championnat face à Auxerre. Le premier s’était conclu sur une défaite des joueurs Amiénois face à Aulnoye-Aymeries (54-21), avec un effectif réduit.

Outre ce travail de préparation des basketteurs, Joseph Mbongo se trouve être notamment à la présidence du club. Un double statut qui fait de lui une personne particulièrement investie et engagée pour faire vivre l’handisport sur Amiens, tout comme c’est le cas notamment de chacun des bénévoles qui l’entoure. Il s’exprime aujourd’hui à propos du club et de ses vertus, de son équipe de basket fauteuil et de ses espérances quant à l’avenir du club.

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Quel a été votre parcours avant de devenir président du club ?
J’ai commencé le basket fauteuil en 1991, cinq ans après que j’ai perdu mes pieds. C’était en 1986, une paraplégie flasque. Je jouais déjà au basket-ball en étant valide, et j’ai retrouvé ce sport en handisport depuis 1991. J’ai été deux ans vice-président du club et je suis entré dans le Conseil d’administration en 2008. Monsieur Manier a démissionné en 2010. Je me suis alors porté candidat, avec le soutien de mon épouse. C’est de cette manière que je suis arrivé au poste de président.


D’où vient l’origine du club ?
Sur Amiens, il n’y avait pas de club handisport. Dans la genèse même de notre famille sportive, on avait des jeunes qui allaient à Creil pour la pratique. Avec Christophe Ledoux, actuel trésorier du club, quand ils ont obtenu un effectif conséquent, donc environs 5 sportifs, ils ont décidé de ne plus se déplacer jusqu’à Creil et de créer une section à Amiens. Tout a commencé comme cela. A l’heure actuelle, le club est omnisports. Plusieurs activités sont venues se greffer au basket fauteuil, qui était la première activité du club. Le premier président était Jean-François Lefebvre, suivi de William Manier. Il est le deuxième de notre famille sportive, mais le premier de l’association en tant que loi 1901, donc depuis 2001, et je suis le deuxième président depuis 2010.

Basket fauteuil – Amiens vs Valenciennes (2018)


A quoi est dû cette volonté de diversifier votre offre d’activités ?
J’avais l’envie que les personnes se retrouvant en situation d’handicap trouvent une activité physique qui leur correspond, et qui est en adéquation avec leur nouvelle situation. En multipliant les disciplines, j’essaie de toucher le plus grand nombre. Il faut savoir que le basket fauteuil ne peut pas être pratiqué par tous les profils. Par exemple, pour les personnes malvoyantes ou aveugles, on va pouvoir leur proposer du tandem, du handbike ou du tir à l’arc.


Combien de licenciés accueillent votre club ?
On a finit la saison dernière avec 81 licenciés. On a connu des années où l’on était 149. Il faut savoir que la saison sportive commence le 1er septembre de l’année N jusqu’au 31 août de l’année N+1. Alors, à ce jour, le club en est à 58 licenciés.
S’agissant de l’équipe de basket fauteuil, j’ai perdu deux pivots, et l’un des joueurs de l’équipe est blessé. Il a l’espoir de revenir, mais à l’heure actuelle, nous sommes alors un noyau de 7 compétiteurs licenciés.


Le club accueille des personnes en situation d’handicap, des bénévoles mais notamment des étudiants ?
Le club accueille aussi les étudiants en faculté de Sciences, des futurs professionnels en Activités Physiques Adaptés (APA) pour leur stage académique. En tant que responsable, je les accompagne, je les guide dans la poursuite de leur stage et dans la rédaction de leur rapport de stage. On essaie d’apporter notre pierre à l’édifice pour la formation de futurs professionnels en APA.
Depuis que j’ai pris le relais en 2010, j’ai toujours eu des étudiants sur chaque saison. Parmi tout ceux qui sont passés par chez nous, beaucoup se sont positionnés dans des missions d’APA (Activités Physiques Adaptés) en tant que professionnels. Dans notre structure, les étudiants parviennent à s’habituer vraiment avec le handicap grâce aux adhérents qui en parlent facilement. Ça leur donne ainsi l’occasion de l’apprivoiser plus facilement pour pouvoir ensuite prendre en charge plus efficacement.


Votre club est partenaire lors d’événements comme celui organisé par Cars and Share. Pouvez-vous nous en dire plus ?
En terme d’organisation, que ce soit pour Cars and Share ou d’autres associations, nous sommes juste un club partenaire. Cars and Share est une association indépendante qui a pour président Fabrice Colomba. Lors de sa première édition, il a été en partenariat avec Car entr’aide, qui est une autre association de voitures de prestiges et d’anciennes voitures. L’expérience avec Car entr’aide était sur une seule édition, et ça a bien fonctionné. Il a alors trouvé des personnes, autour de lui, pour créer sa propre association : Cars and Share, et pendant il nous a accompagné pendant deux ans.

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Tandem (pédalier-maindalier) – Open Handisport 2019


Une médaille de bronze de la jeunesse et des sports et de la vie associative a récemment été décernée à votre épouse. Auparavant, vous l’aviez également reçu. Que récompense t-elle ?
Elle récompense l’engagement associatif et l’investissement des personnes dans le sport. La médaille de bronze est proposée aux adhérents. Les présidents de club peuvent proposer leurs bénévoles ayant 6 ans minimum d’engagement, de manière consécutive, à cette distinction. J’ai reçu la médaille de bronze en 2011, mon épouse l’a eu au bout de 9 ans et Christophe Ledoux l’a reçu depuis quasiment la création de l’association.


Quel sentiment cela procure de recevoir une médaille aussi significative ?
Je vais citer mon épouse qui dit que « Ça booste ». C’est une marque de reconnaissance. Elle a la reconnaissance de l’Etat pour son engagement autour de l’handisport, en plus à titre bénévole. A l’heure actuelle, le bénévolat est chronophage. Pourtant, sans le bénévolat, les associations ne peuvent pas vivre. Elle, elle est boostée, et moi en tant que président du club, je suis fier d’être entouré de personnes qui s’engagent sans compter pour que vive le handisport sur Amiens.


La saison dernière, comment le championnat s’est-il terminé pour votre équipe ?
C’était très bien. L’effectif que l’on avait nous a permis de finir deuxième de notre poule. Il n’y avait qu’une seule équipe qui montait, donc celle d’Orléans est montée. Nous on finit deuxième, mais comme nous n’avions pas la montée en vue, notre objectif était atteint. On visait le haut du tableau.


La semaine dernière, votre premier match de la saison s’est clôt sur une défaite. Quels sont vos ressentis vis-à-vis de ce match ?
C’était assez compliqué. Aulnoy était au complet, on n’avait pas de banc, pas de roulements et, il faut le dire, ils étaient plus forts. Aussi, il y a certains joueurs qui ont joué pendant 40 min, alors que cela faisait 3 ou 4 saisons qu’ils ne jouaient pas les 40 min. Et en face, c’était assez physique et ils étaient adroits.


Quels sont les objectifs du club ?
L’un des principaux objectifs du club est de permettre la pratique sportive aux personnes en situation d’handicap. Ensuite, pour les compétiteurs, le but va être d’essayer de faire des podiums. Il y a des compétitions pour le basket fauteuil, la boccia et la sarbacane. Par exemple, au boccia, Guillaume Jumeau est vice-champion de France en catégorie BC2 et il rêve d’améliorer cette performance.
Ensuite, il faut savoir que nous tournons avec 9 membres dans le Conseil d’Administration, renouvelé au tiers tous les deux ans. On essaie alors, avec nos modestes moyens, d’être présents au niveau de la métropole, à travers les différentes organisations. Le club est partenaire avec le collège Saint-Riquier et le lycée Edouard Gand et nos bénévoles y vont pour présenter l’handicap, dans l’objectif de changer le regard des contemporains.

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Boccia – Open Handisport 2019


Quels sont les bienfaits du club sur les adhérents ?
Le club permet aux adhérents de créer du lien social. Nos amis du Foyer d’Accueil Médicalisé (FAM) viennent et c’est, pour certains, leur unique sortie de la semaine. Alors, ils l’attendent de pieds fermes. Le club offre cette possibilité de créer du lien social et permet de faire sortir les résidents de leur structure pour venir passer du bon temps, des moments conviviaux.


Qu’espérez-vous pour l’avenir du club ?
Surtout de nouveaux bénévoles. On n’en a jamais trop, on n’en a jamais assez. Au boccia ou à la sarbacane, compte tenu du handicap, chacun des joueurs aurait besoin d’être avec une personne, mais à l’heure actuelle nous ne sommes pas assez pour y parvenir. On a la possibilité de former des bénévoles à l’encadrement de ces activités. Au basket, je tiens le coaching, mais pourquoi pas avoir quelqu’un qui me seconde. Nous avons un cuisant besoin de bénévoles.


Angélique Guénot

Crédits photos : Coralie Sombret

Publié par La Rédaction

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