VTT : Rencontre avec Geoffrey Leturcq

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Pratiquant le VTT depuis cinq saisons, Geoffrey Leturcq, 19 ans, s’est montré très performant en 2019. Entretien avec un jeune vététiste talentueux, dont les perspectives d’avenir semblent prometteuses…

Pour commencer, peux-tu te présenter ?

Je m’appelle Geoffrey Leturcq, je suis étudiant en STAPS, je rentre en 3ème année sur Amiens. J’ai commencé le VTT il y a cinq ans, ça fait trois ans que j’en fait en compétition et à haut niveau depuis un an. Je suis licencié à l’US Domont cyclisme, un club qui se situe dans le Val d’Oise.

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Pourquoi être parti là-bas ? 

On va dire qu’il y a une structure VTT beaucoup plus adaptée que sur Amiens, et qui nous permet ensuite de nous déplacer sur des manches de coupe de France et des manches internationales. C’est une petite structure qui est en train de se développer, mais c’est très bien adapté.

Avant tes débuts en VTT il a y 5 ans, tu ne faisais pas de vélo ?

Si, je faisais du BMX race au Tréport, mais ça devenait trop cher de faire tous les mercredis et samedis 180 kilomètres pour aller s’entraîner. C’est mon père qui m’a mis dans le VTT, donc j’ai commencé avec lui dans un petit club, après j’ai été à l’AC Amiénoise et ça fait 2 ans que je suis à Domont.

Quelles sont les compétitions auxquelles tu participes ? 

Il y a des coupes régionales, notamment en Ile de France, ensuite nous avons des championnats régionaux, quatre manches de coupe de France durant la saison et les championnats de France qui ont généralement lieu mi-juillet. Je participe également à des courses UCI un peu partout en Europe (ndlr : en Espoirs). Ces courses UCI permettent d’aller chercher des points, qui permettent ensuite d’être classé mondialement et d’arriver dans la catégorie élite.

As-tu des objectifs de « résultats » sur ces courses ?

C’est très compliqué. Ça fonctionne par catégorie, donc il y a les classes 1 où les 15 premiers marquent des points, en classe 2 les 10 premiers, et en classe 3 les 5 premiers. Aux Pays-Bas c’était une classe 2 et je me suis classé 16ème. Avec forcément un très gros niveau devant, donc il était difficile d’aller chercher des points. Mais c’est de l’expérience pour ma montée en élite l’an prochain. 

Qu’est-ce que cela va changer ? 

C’est une autre catégorie, déjà on roule avec des coureurs professionnels et le niveau est beaucoup plus élevé. Même si je suis en espoir, je cours avec les seniors et deux classements en découlent : celui de notre catégorie et un classement commun Senior/Espoir. En France, il y a un très gros niveau dans la catégorie élite. Donc ça va être quelque chose de très intéressant.

Pratiques-tu également le cyclo-cross ou le cyclisme sur route ? 

Moi je suis exclusivement VTT. Je fais un peu de route en hiver en entrainement, pour couper la routine du VTT, pour la récupération et même pour travailler spécifiquement des intensités, mais je n’en fais pas en compétition.

Comment ça se passe avec ton entraîneur ? 

Mon entraîneur est basé au sud de Paris, ça fait un an que je suis avec lui. On a fait des stages de ski de fond cet hiver, j’ai été passé des tests à Fontainbleau, j’ai passé des tests d’effort avec lui à l’INSEP. J’ai été pas mal avec lui cet hiver et là on est plus sur une relation « à distance », mais nous sommes en contact tous les jours.

Comment se déroule ton programme d’entraînement ?

Il peut changer tous les jours, on s’adapte en fonction de différentes choses. Par exemple, pour les championnats de France j’ai eu mon programme 3 semaines à l’avance et on réajustait au fil du temps en fonction de mes sensations. 

Parlons maintenant de tes bons résultats sur la coupe de France. Tu as fais 2 podiums et tu finis 4ème au général. As-tu des regrets ? 

Je voulais remonter sur la boite et c’est ce que j’ai réussi à faire à Ploeuc

Au classement général oui et non, car si on m’avait dit en début de saison que je ferais 4ème du général j’aurais signé directement. Mais au fil de la saison j’ai eu quelques regrets, notamment à Jeumont où je fais 3ème espoir et 5ème au scratch. J’étais un peu déçu car je crève deux fois, dans le premier et le troisième tour et à la fin j’étais frustré… même si c’était mon premier podium en coupe de France, ce n’est pas rien quand même ! Après cela, je voulais absolument montrer que ce n’était pas un coup de chance, je voulais remonter sur la boite et c’est ce que j’ai réussi à faire à Ploeuc.

Tu as eu un « déblocage » cette année ?

Oui j’ai passé un cap cette saison. J’ai changé ma méthode d’entraînement avec mon nouvel entraîneur. Celui que j’ai désormais est vraiment concentré sur moi, son temps est pour moi, c’est un vrai accompagnement.

Réussis-tu à concilier les études et le sport ? 

Oui, je fais les deux, j’ai la chance d’avoir un emploi du temps aménagé avec les cours. Après j’ai tendance à me dire que si je réussis dans les études je peux aussi réussir dans le vélo et vice versa, même si je donne la priorité aux études.

À quelle fréquence pratiques-tu le VTT?

Je m’entraîne six jours sur sept, et durant la journée de « repos » je fais quand même du renforcement musculaire. C’est beaucoup d’investissement et de sacrifices, moi j’ai la chance d’avoir mes parents derrière moi, mais c’est beaucoup de temps et d’argent. 

Combien de temps durent tes sorties ? 

En moyenne 1h30, je fais un bon échauffement et des intensités par la suite. Mon entraîneur essaie de me faire travailler sur un circuit de 2km avec pas mal de bosses, un peu de technique, je tourne dessus et je fais des intensités. Les intensités c’est comme du fractionné, on fait monter le cœur, on accélère le rythme.

J’aimerais beaucoup me qualifier pour quelques manches de coupe du monde !

Quels sont tes objectifs dans le VTT ? 

D’aller le plus loin possible… Cette année mon objectif était de monter Elite afin de rouler avec les meilleurs français. Après par la suite j’aimerais beaucoup me qualifier pour quelques manches de coupe du monde !

Arrives-tu à gagner ta vie avec le VTT? 

Pas du tout. J’ai fait quelques démarches pour essayer de trouver des sponsors mais ça ne me permet pas du tout d’en vivre, heureusement que mes parents sont là.

C’est difficile d’en vivre, en France je dirais moins d’une dizaine qui en font leur métier et mondialement environ une cinquantaine.

Quels sont tes axes de progression ?

Je suis plutôt sec et fin donc je dois prendre un peu de masse. Je suis encore jeune et mon coach m’a dit que ce n’était que le début, que je pouvais encore progresser afin d’être plus puissant et plus explosif par la suite.

As-tu un modèle ?

Nino Shurter, numéro mondial, champion du monde et olympique en titre. Il se battait beaucoup avec Absalon. Sinon sur route j’ai beaucoup aimé ce que Julian a fait, il a montré un autre côté du vélo, quand il a eu son maillot jaune c’était vraiment beau. Il n’a pas fait que le défendre, il était décomplexé, il était offensif et ça donne vraiment envie de regarder le tour. C’est lui qui me fais le plus rêver.

Propos recueillis par Quentin Ducrocq

Crédits photos Virginie Photo DR

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